Où c’est-il qu’on va George? […] J’ai oublié, dit Lennie doucement. J’ai essayé d’pas oublier. Vrai de vrai, j’ai essayé, George.
Lennie Small et George Milton. Cul et chemise, doigts de la main, copains comme cochons. Prenez l’expression qui vous chante, tant qu’elle témoigne de leur complicité fraternelle. Le premier est aussi massif que l’autre est fin. Le second, après tout ce temps passé ensemble, arrive encore à être attendri par la candeur de cet encombrant compagnon simplet qui ne se méfie de rien. Des opposés qui forment le binôme parfait, vagabondant sur les terres dévorées par le soleil de ce petit coin d’Amérique, à la recherche d’un travail dans un ranch de la région. Il faudra pour George la jouer finement car Lennie ne passe pas inaperçu, parle trop et a la main baladeuse qu’on soit lapin, petite souris ou femme pulpeuse. Paratonnerre des colères infondées de ses pairs, bouc émissaire idéal, il cristallise les préjugés, il absorbe les coups et fait de ses nombreux ennuis un manteau.
T’as toujours envie de ce qu’on n’a pas.
Des Souris et des hommes est le récit d’une amitié qui s’est construite dans l’errance et la fuite, dans le silence de l’oubli et dans les promesses qui bercent les soirs de solitude profonde. Lennie et George sont un duo bancal et dégingandé qui a fini par trouver son équilibre. À l’horizon de leurs pérégrinations, une envie folle de poser leurs maigres bagages, de prendre racine dans un petit domaine qui dans leurs yeux serait le plus beau des royaumes. Mais le rêve américain a un prix qui dépasse de loin les quelques dollars qui sommeillent dans les poches sales de George. Leur seule richesse est de pouvoir se raconter inlassablement que tout ira mieux demain. Le reste du temps sera labeur, corps suant à la tâche, luttes de pouvoir entre ceux qui n’ont et ne sont rien.
Vous avez tous peur les uns des autres, c’est pas autre chose. Vous avez tous peur que les autres aient quelque chose à raconter sur votre compte.
Ce classique de la littérature américaine est un roman qui sent la paille, la boue et la poussière. Steinbeck nous invite au cœur de la ruralité profonde, diaboliquement masculine, où il est dangereux d’être différent. Cette société-là, contée avec une concision tranchante, agit sur les personnages comme un étau qui se resserre, comme une main incapable de douceur ou de caresse. Elle vous brise si vous n’entrez pas dans l’étroitesse de ses cases. Au diable les rêves de maison et de verdure, les lapins et les chiens qui gambadent dans le jardin. Dans ce pays, on oublie ses envies et ses projets et l’on se jette avec plus ou moins de dignité sur les miettes que l’on veut bien vous laisser en vous faisant miroiter des beaux jours qui ne viendront jamais.
En tout cas, ne t’approche pas d’elle. Parce que, comme piège à rat, on ne fait pas mieux.
Bande-annonce de l’adaptation cinématographique: Des Souris et des hommes
BO des pages tournées: I Would Rather – Selah Sue

- Hier, j’étais en Angleterre et je gambadais joyeusement dans les plaines vallonnées de Watership Down de Richard Adams
- Aujourd’hui, je traîne sous le soleil brûlant des routes californiennes dans les pas de Fanny avec Des Souris et des hommes de Steinbeck.
Elles n’ont pas pu choisir entre l’Angleterre et les USA,
quel titre ont-elles choisi de partager pour prolonger ce rendez-vous littéraire ?
Fanny / Natiora
Des Souris et des hommes de John Steinbeck Traduit de l’américain par Maurice Edgar Coindreau Éditions Gallimard, dans la collection Folio 6,90 € / 174 pages / 1937 Prix Nobel de littérature Les classiques c’est fantastique ! / Lire l’ailleurs |
Mais mais mais…! 😁😁😁
Je trouve que ne pas se dévoiler nos titres est une excellente idée, surtout quand on choisit les mêmes !
Comme d’habitude, ton billet retranscrit à merveille l’ambiance du livre. Tout y est ❤️
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Ohhh merciii <3.
Tu imagines mon sourire en voyant ta publication hier et en découvrant ton choix. Je trouve comme toi que ce petit effet de surprise a son charme, encore plus quand il s'agit de classiques. Je me rends compte avec les choix de Natiora ou d'Alice notamment que même dans ce domaine, des découvertes sont possibles !
Bref, ça me motive considérablement pour la suite !
Au rendez-vous jeudi? (J'ai encore deux chroniques sous le coude) mais ne pourrai pas publier cette fois pour la BD de la semaine.
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Mon billet sera plutôt mis en ligne vendredi et on repart en Amérique!
C’est une semaine super riche en découverte et on n’est que mardi… 😀
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Du grand Steinbeck …. Ce que je trouve incroyable c’est que dès le début on sait qu’il va y avoir un drame, c’est inévitable mais on reste accroché, impuissant tant les personnages sont attachants. Il a su sonder les humains, les analyse dans toute leurs complexités et toujours les plus faibles sacrifiés ….. 🙂
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Tu en parles si bien de ce grand classique que je n’ai jamais lu. J’aime bien le choix de tes mots
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Ton billet est magnifique ! Je l’ai lu dans de très mauvaises conditions, donc je pense le relire (d’autant plus qu’il est très court). J’ai lu récemment « Les Raisins de la colère », il est aussi sublime.
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Ce matin j’ai marqué un temps d’arrêt en consultant mes mails : « attends, je comprends pas, Des souris et des hommes c’était hier, ma messagerie a buggé ?? »
C’est amusant que Fanny et toi ayez choisi le même titre. Et comme je lui disais hier, je l’ai lu deux fois tant j’ai aimé. C’est une pépite, une de celles qu’on n’oublie pas. J’éprouve encore beaucoup de tendresse pour Lennie et George. Vous me donnez envie de le relire, tiens ^^
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Et moi j’ai ri en voyant le post de Fanny lundi. J’adore ce genre de coïncidences ou de hasards littéraires… Et je crois que nous avons le même regard sur ces deux personnages inoubliables. ( J’approuve totalement l’idée d’une relecture…)
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J’ai tellement aimé ce roman et aussi le film, que de bons souvenirs!
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C’est un texte qui marque. Et l’adaptation m’avait plu également !
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j’ai découvert Steinbeck avec ce roman, en lecture au collège, et j ne remercierai jamais assez ma prof de français de m’avoir fait découvrir cet auteur. l’année d’après je lisais Les raisins de la colère…deux merveilleux romans, puissants chacun à sa manière.
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Qu’est-ce que j’ai aimé lire ce livre, que je devrais relire d’ailleurs, tes mots me donnent envie de m’y replonger. J’ai un autre Steinbeck sous le coude aussi. Et j’avais beaucoup aimé la pièce aussi, vue dans un petit théâtre à Paris il y a des années…
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Un roman magnifique. Depuis, le prénom Lenny m’étonne toujours.
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Des souris et des hommes est un roman fantastique avec un Lenny hyper émouvant. J’ai adoré cette histoire. J’ai aussi beaucoup aimé À l’est d’Éden et Là perle du même auteur.
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Un classique qui m’est tombé des mains
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J’étais déjà tentée par la découverte mais après le billet de Fanny et le tien, un passage en librairie va devoir s’imposer!
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Ce roman là je l’aime d’amour tu sais… ❤
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Eh bien désormais oui je le sais! Mon prochain Steinbeck sera Les Raisins de la colère.
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Je retrouve dans ton avis tout ce que j’ai aimé dans ce livre. J’ai découvert l’auteur avec ce roman et j’ai été scotchée par l’atmosphère et le ton pris pour raconter l’histoire de cette amitié au milieu de cette ruralité qui ne mâche pas ses mots.
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C’est aussi avec ce titre que j’ai découvert Steinbeck, sans savoir pourquoi je n’ai pas donné suite à cette première lecture. Je vais vite remédier à cela.
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Bonjour Moka, roman triste mais tellement bien. J’avais aussi bien apprécié le film avec John Malkovich et Gary Sinise (qui d’ailleurs a complètement disparu des écrans). Bonne fin d’après-midi.
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Un incontournable ! 😊
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Un très bon souvenir de lecture de mon côté aussi, lu en seconde dans le cadre scolaire (j’ai fait plein de belles découvertes dans ce cadre-là, d’autres beaucoup moins bonnes aussi mais je sais que sans ça, je ne serais peut-être jamais allée vers certains auteurs et je serais passée à côté de magnifiques pépites !). J’avais adoré Lenny et George. J’ai Les Raisins de la colère dans ma Pal, tu me donnes envie de l’en sortir (et de relire Des Souris et des hommes aussi ^^)
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J’ai très envie de découvrir enfin Les Raisins de la colère… Trouverai-je le temps en août?
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