Les classiques c'est fantastique·Lire l'ailleurs.

Les Pâturages du Ciel – John Steinbeck

La vallée des Pâturages du Ciel a tout d’un jardin d’Éden au cœur de l’Amérique. Terres fertiles, possibilités infinies de s’y installer et de laisser ses affaires prospérer… Chaque chapitre met ainsi en lumière une famille, un·e habitant·e, une nouvelle arrivée dans cet Eldorado moderne : Maltby, l’homme qui vivait pieds nus et qui lisait des livres, les joyeuses sœurs Lopez et leurs enchiladas, Pat Humbert et ses parents détestables, Richard l’entêté… Mais si l’on connait un peu Steinbeck, l’on comprendra que si la terre est pleine de promesses, les Hommes ne savent pas toujours faire fructifier ce « don du ciel ». Sans sombrer dans la superstition et sans pour autant penser que plane l’air vicié de l’échec, force est de constater que rien ne va dans le meilleur des mondes.

On l’eût dite affamée de tragédie, et la vie lui en avait fourni en abondance. 

Rêves ternis, espoirs déçus, projets avortés, les grands possibles sont à portée de main sans jamais se solder par un épanouissement solide, sans jamais avoir le véritable goût de la réussite. Dans un roman qui ressemble plus à une succession de chapitres-nouvelles qui se feraient écho, c’est tout un monde rural qui se déploie avec son lot de grandes joies et de terribles déconvenues. Avec une empathie certaine, nous voyons les personnages subir ces coups du sort comme de petits pantins en proie à une fatalité de l’impossible bonheur.

Il apportait les seules choses qu’il eût à offrir, mais contre la mort, elles étaient sans puissance. Il savait d’avance qu’elles seraient sans puissance, et cela lui était plus que plus terrible.

Malédiction ? Monde qui se prend de plein fouet les transformations d’une société en plein essor vers la modernité? Amours et amitiés fragiles ? Qu’importe la raison, face à l’adversité, les personnages de Steinbeck devront s’armer de patience et de force pour accepter que tout ne soit pas conforme à leurs rêves de grandeur et de prospérité. Un texte savoureux qui étouffe la lumière et pose un regard d’une acuité folle sur la dureté sociale de la ruralité. Une lecture belle et âpre bien que ma préférence aille à ses œuvres plus denses qui mettent plus généreusement l’accent sur la puissance de l’intrigue romanesque.

Il ne savait que faire maintenant qu’il n’avait plus personne qui exigeât rien de lui.

Ma première chronique Jamais sans mon Steinbeck ! pour ce rendez-vous Les classiques c’est fantastique ! de janvier coorganisé avec mon amie Fanny.

Les chroniques de : Fanny / Lolo / Lili / Natiora / Madame Lit / Paolina / Lilly / Patrice / Mag / Katell / Pati / Marilyne / Alice / Céline / Un livre un thé

Les classiques c’est fantastique [Saison 3]

John Steinbeck au milieu des livres :

Les Pâturages du Ciel – John Steinbeck
Éditions Gallimard – Collection Folio
 9,20 € /  341 pages / 1932
Lire l’ailleurs / Littérature américaine. / Les classiques c’est fantastique [Saison 3]
 
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20 réflexions au sujet de « Les Pâturages du Ciel – John Steinbeck »

  1. Lu il y a très longtemps et à peu près aucun souvenir hormis ces fermes désolées battues par le vent d’une plaine aride. Je ne suis très féru du format nouvelles chez Steinbeck.

    Aimé par 1 personne

  2. Je l’ai acheté pour le challenge, comme Tortilla Flat, mais finalement je me suis dit qu’au lieu d’enchaîner les Steinbeck j’allais m’en garder pour plus tard. Ses romans sont des friandises que je n’ai pas envie de déguster trop vite ^^

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