» Tout ce qui disparaît n’est jamais vraiment perdu ».
Ce soleil encore chaud, la lumière si singulière de ces débuts de soirée qu’on voudrait éternels. La campagne silencieuse pour une BD qui laissera se taire les bulles. Une petite maison en pierre au papier peint suranné, un plancher qui grince, peut-être. Un banc sur lequel mille histoires ont dû être contées, mille siestes savourées. Une enfant, au regard espiègle et plein d’amour pour celle qui est assise à ses côtés: cette femme aux cheveux trop blancs et aux joues un peu tombantes, marquées par le temps. Tout près, des ailes folles, un papillon léger, compagnon d’un voyage singulier qui n’a besoin que des souvenirs pour seul bagage.
Sur le chemin, quelques instants partagés : un moment de complicité malgré la pâleur d’un visage, une échappée belle en vélo qui ne sera pas sans une chute qui éclabousse, un instant cueillette au cœur des bois et des yeux qui picotent sans que le sommeil y soit pour quoi que ce soit, le plaisir de cuisiner et de partager cet instant-là avec sa grand-mère, la douce étreinte du petit chat gris qui aurait presque des allures de caméléon. Et ce temps suspendu sur un air de twist… C’est que ça swingue dans le salon, ça virevolte dans la maison. On entendrait presque ces deux êtres-là rire aux éclats. Un pas délicat à gauche, une pirouette endiablée à droite, des pieds qui sautillent et une musique entraînante: juste ce qu’il faut pour vivre un instant d’une impalpable magie… Jamais le terme de soirée « grisante » n’aura été si parlant…
Un soleil moins chaud, une lumière qui a perdu de sa clarté et qui raconte en silence cette soirée qui n’aura effectivement rien d’éternel. Un banc, une petite fille, un petit papillon aux couleurs éclatantes.
C’est aujourd’hui que le dernier né des éditions de la Gouttière pointe son nez en librairie et autant dire que l’émotion est au rendez-vous. Après Hugo et Cagoule, Anuki ou Myrmidon, les BD muettes de la Gouttière prennent un tournant un peu moins léger mais tout aussi captivant. Le scénario de Delphine Cuveele est d’une implacable efficacité et sa sensibilité est venue percuter la mienne de plein fouet. Comme un sablier qui laisse s’échapper le sable, grain après grain, un jeu de vases communicants s’instaure. Un décompte en couleur, en petits coups de crayon, pour laisser s’échapper les souvenirs ou les garder en soi juste un peu plus longtemps… Le dessin de Dawid quant à lui, viendra faire pétiller les yeux des plus petits tant son univers tendre et coloré saura les captiver. Toujours en mouvement, les corps « parlent » et il émane alors de leurs aventures une puissance comique et une tendresse indéniables. Dawid donne vie à des personnages dynamiques que le lecteur accompagne dans une course un peu folle et l’on s’attache incroyablement à ces héros ordinaires.
Un tour de passe-passe, pour ne pas dire tour de force, qui vous donnera des frissons, qui vous nouera la gorge aussi. Quoi de plus difficile que de dompter la douleur d’un manque qui ne saura jamais être comblé? Il faut vivre avec ses absents et quel plus grand drame que de ne plus avoir une idée précise du son de leur voix, de l’odeur de leur peau ? Et que dire lorsque leurs traits deviennent pour nous moins nets et que les souvenirs se troublent ?
Si les traits de cette grand-mère s’effacent, lentement, Delphine Cuveele et Dawid lui offrent un goût d’éternité et font de ce personnage tendre et évanescent le reflet de ces grands-mères aimantes qui ont accompagné nos vies d’enfants pour un jour disparaître de nos vies d’adultes… Une réussite incontestable qui n’est pas sans me rappeler le sublime album La Petite famille.
Amiénois, amiénoises et autres amateurs de BD, sachez d’ores et déjà que demain Dawid sera en dédicace chez mes libraires préférées : Rendez-vous chez Pages d’encre à partir de 17h (Normalement, j’y serai…) ou chez Bulle en stock le samedi de 10h à 13h.
Le Glob de Dawid : ici.
Les chroniques deLunch, Temps de livres ,Jérôme et Noukette.
Merci à Flavie et aux Éditions de la Gouttière.
Les éditions de la Gouttière et moi :
Anuki
Myrmidon
– Dans l’espace – (Bientôt)
Un tour de force, c’est exactement ça. Et quelle finesse, quelle sensibilité ! Un album somptueux.
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Complètement touchée par cet album. Incroyable…
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Tu écris fort bien 🙂
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Merci… J’ai ajouté le lien vers ta chronique d’ailleurs ! 😉
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Mais je n’écris pas aussi bien 🙂
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Rhhho…
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je viens de découvrir ce titre chez Jérôme, je la veux, c’est trop beau!
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C’est superbe ! Tu vas adorer !
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La page que tu présentes irradie à elle seule une telle sensibilité qu’il ne reste qu’à espérer que tout l’album en fasse autant 🙂 !
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Tiens tiens, l’occasion pour toi d’ouvrir une BD peut-être non ? 😉
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Justement, j’y pense :). La dernière que j’ai ouvert était « LE CHAT »…un tout autre genre !
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Ah oui, rien à voir… 😉
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J’aime beaucoup les illustrations et ce que tu dis de ce livre me donne très envie de le découvrir cette BD
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Un bien joli billet pour un bien joli album…! Touchée coulée… comme toi ! 😉
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Il faut dire que nous sommes très souvent sur la même longueur d’onde concernant nos ressentis lecture.
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Et bien, après Noukette et Jérôme, tu m’achèves !
J’aurais aimé être amiénoise demain 😉
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Tous ces avis positifs sont vraiment très tentants… 🙂
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Je veux la lire là, tout de suite, maintenant !
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Tout me plait, encore un indispensable.
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