
Confiez donc à Régis Lejonc, conteur devant l’Éternel, le soin de scénariser une histoire du grand Thierry Murat. Ajoutez à cela la talentueuse palette de Riff Reb’s et chargez les audacieuses Éditions de la Gouttière d’offrir un bel écrin pour cristalliser le talent de ces trois hommes-là. La magie peut opérer…
« La nuit, certains rêvent d’amour en dansant sous la lune pendant que d’autres rêvent d’impossible. »
La Carotte aux étoiles s’inscrit dans la tradition de l’apologue et l’esprit de La Fontaine plane au-dessus de cette petite fable animalière portée par un lapin ingénieur avide de découvertes et friand d’inventions toujours plus folles.
Du petit atelier au jardin potager, les va et vient de ce féru de travail ne se comptent plus. Après moultes recherches et tentatives infructueuses, surgit l’idée de génie : et si les rêves d’impossible pouvaient enfin s’accomplir ? Ainsi va naître la carotte aux étoiles. Au cœur de ce « légume hors-norme », la plus surprenante des magies. Quel plus beau projet pour un doux rêveur que celui d’offrir à la nuit une lumière inédite qui crépite et saupoudre sa grâce ?
Le succès de cette invention est immédiat. Adulé par la presse, réclamé par la télévision et la radio, voilà notre héros emporté dans le tourbillon d’une gloire qu’il peine à maîtriser. Le champagne pétille dans les flûtes et il y aurait de quoi s’enorgueillir d’une telle réussite.
« Et dans ce cas, lapin ou pas, on y croit. »
Le monde s’enthousiasme pour cette création singulière et commence alors l’inéluctable valse des puissants en costume. Becs crochus, gueules opportunistes, dents acérées et griffes saillantes. Cette cour d’hypocrites ne dit rien qui vaille… Et que dire quand le roi s’empare de l’affaire ? La soif de créativité de notre génie en herbe ne l’aveuglerait-elle pas ? Serions-nous, pauvres lecteurs, en bons témoins désarmés, les seuls à percevoir le sourire machiavélique du souverain diabolique ?
« Les rêves et le monde réel font-il bon ménage ? » La question n’est pas anodine et ce petit récit apporte sa pierre à l’édifice pour tenter d’y répondre. Conformément à l’art de la fable, de nombreuses lectures sont possibles et tous les âges, tous les vécus – des rêveurs utopistes aux âmes désenchantées – y trouveront leur compte. L’univers graphique quant à lui, épuré et minutieux, prend une dimension assez incroyable , porté par ces tons sombres presque anxiogènes. Heureusement contrebalancés par des percées lumineuses et solaires, ils se font vite oublier pour laisser place à une explosion visuelle étonnante.
J’avais lu cet album il y a quelques années et je m’en veux de l’avoir si mal et vite lu la première fois. Il ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable et sa relecture fut pour moi une réelle (re)découverte pleine de surprises. Comment ai-je pu passer à côté d’une si belle histoire ? Un récit qui, teinté d’une philosophie à la portée de tous, confrontera le lecteur à ses propres désillusions. Si la candeur a un prix, il faut croire que réaliser ses rêves aussi.
La chronique d’Hervé sur Temps de livres et celle de Mo.

La Carotte aux étoiles
Dessinateur : Riff Reb’s
Scénariste : Régis LEJONC
D’après une histoire de Thierry MURAT
Éditeur : Éditions de La Gouttière
ISBN : 978-2-9524075-4-0


Pour la première lecture, tu étais peut-être trop jeune.
Je note une fois encore.
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Riff Reb’s et Lejonc, ça existe un duo plus talentueux ? Je n’en suis pas certain…
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Un des rares albums des éditions de la Gouttière que je n’ai pas encore lu ! Erreur à réparer très vite !
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et bien si tout ceci ne donne pas envie!! t’es pénible! 🙂
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Noté. Tu en parles si bien…
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ça m’intrigue même si les dessins ne m’attirent pas plus que ça…
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Tu fais envie avec ce petit livre !
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