Et mon coeur fait boum·Lire l'ailleurs.

La Route de Cormac McCarthy

Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer.

Un père. Son fils. Et devant eux, ce ruban d’asphalte et ces infinis paysages recouverts de cendres. La route, comme garde-fou, fil d’Ariane pour (sur)vivre au cœur d’un monde qui n’est que chaos et néant. Face à la désolation, tout ce qu’ils possèdent tient dans un caddie, face à l’autre, tout ce qu’ils ont à se dire s’est aussi considérablement appauvri et comme il semble lourd de briser le silence que leur terrible odyssée impose.

Qui a fait du monde un mensonge. Un mensonge de chaque mot.

Dans cet environnement hostile et vide de sens, la tentation du manichéisme pourrait diviser ce qu’il reste de l’humanité en deux clans: celui des êtres qui feront le choix de la bonté, celui des personnes qui laisseront exister les monstres enfouis au plus profond de leur être. La route, quant à elle, restera ce fil parfois tendu, parfois ondulant, ce fil frontière pour les funambules qui ne savent pas toujours de quel côté pencher. En attendant de choisir, il faudra marcher vers le sud, coûte que coûte, avec l’infime espoir qu’un ailleurs meilleur est possible. 

Il faut que tu portes le feu.

Un jour, quelqu’un m’a dit que découvrir Cormac McCarthy avec La Route n’était peut-être pas une bonne idée. Au diable les mises en garde littéraires, j’ai attendu déjà bien trop longtemps à mon goût avant de tourner ces pages-là et comme cette lecture fut puissante ! Dans ce roman de l’errance au style âpre et laconique, les seules respirations salvatrices sont permises le temps d’une nuit dans un refuge de fortune, le goût de vivre tient à la saveur sucrée de fruits trouvés dans une boîte de conserve et la légèreté se vit autour d’une partie de carte ou d’un bain audacieux dans l’eau salée. Le reste du temps, la devise est la même: marche ou crève. Et l’on est en droit de se demander si la deuxième solution ne semble pas la plus raisonnable…

Là où les hommes ne peuvent pas vivre, les dieux ne s’en tirent pas mieux.

Échos et prolongements :

La Route – Cormac McCarthy
Traduit de l’américain par François Hirsch
Édition collector
avec les illustrations de Manu Larcenet
Éditions Points
 12,90 € / 288 pages / Mars 202
4 (Pour la présente édition)
Lire l’ailleurs / Littérature américaine / Roman post-apocalyptique.

 

9 réflexions au sujet de « La Route de Cormac McCarthy »

  1. La Route est un de mes romans favoris de McCarthy qui fait lui-même partie de mes incontournables. J’ai d’ailleurs relu récemment De si jolis chevaux car je veux parcourir à nouveau sa bibliographie avant de me plonger dans son ultime diptyque.
    Larcenet étant un bédéiste que j’adore, je ne vais clairement pas mettre mille ans pour découvrir son adaptation.
    Bref, tout ça pour dire que suis ravie de lire que ta lecture fut aussi puissante.

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