Les Fontaines. Je vous parle d’un endroit qui est mort mille fois avant mon arrivée, qui mourra mille fois encore après mon départ, d’un lieu humide et brumeux, couvert de terre, de pierre, d’eau et d’herbe. Je vous parle d’un endroit qui a vu des hommes suffoquer, des enfants naître, d’un lieu qui leur survivra, jusqu’à la fin, s’il y en a une.
Les Fontaines, terre sauvage nichée au cœur des montagnes bien loin de l’agitation de la ville qui grouille, trop vite, trop fort. André se rend dans ce village à l’ombre des Trois Gueules, falaises qui surplombent cette contrée et tombe amoureux d’une maison comme d’autres tombent amoureux d’une femme. Il choisit alors de s’y installer suite à un drame qui pousse les propriétaires à quitter cette demeure. Les années passent. Notre médecin soigne les corps des ouvriers-fourmis qui s’affaiblissent face aux piliers de pierre dans l’usine du village. Il trouve dans cette bourgade une place de choix, se fait une renommée et construit sa vie au rythme des falaises qu’on creuse. L’histoire de trois générations s’écrit alors dans la mémoire des roches. Mais au cœur de cette nature que l’homme façonne, bien des drames se nouent dans le silence des pierres. Reste à attendre qu’ils surgissent avec pertes et fracas, brisant l’équilibre illusoire des hommes.
Les hommes, pourtant, estiment pouvoir dominer la nature, discipliner ses turbulences, ils pensent la connaître. Ils s’y engouffrent pour la combler de leur présence, en oubliant, dans un terrible accès d’orgueil, qu’elle était là avant eux, qu’elle ne leur appartient pas, mais qu’ils lui appartiennent. Elle peut les broyer à la seule force de sa respiration, elle n’a qu’à frémir pour qu’ils disparaissent.
Trois saisons d’orage, trois drames comme trois glas qui n’ont que l’écho de leur hurlement à offrir aux flancs des falaises. De la grandeur à la chute, les hommes paient leurs fautes au prix fort, sanctionnés par une nature indomptable et intraitable.
Ce roman de Cécile Coulon m’a profondément marquée, fort de son aura littéraire. Elle y dépeint une fresque familiale qui rappelle les romans du XIXe que j’aime tant et plonge le lecteur dans ce village qu’on peine à quitter tant il nous happe. Le souffle de la plume renouvelle et dépoussière l’art si délicat de la description en donnant corps à des personnages que l’on voit grandir dans ce lieu qui protège autant qu’il dévore.
Comme frappée par les malédictions qui rappellent les drames antiques, la famille d’André traverse les années en surmontant les coups du sort et en défiant le féroce Destin qui les fragilise insolemment. Comment ne pas songer, évidemment à l’immense Phèdre et à ces pièces raciniennes qui ont donné à ce roman le sens haletant du drame et la puissance écrasante de la mécanique tragique qui s’abat sur ses protagonistes? Au-delà de son art de conteuse, Cécile Coulon impose un style d’une ardeur saisissante qu’il est si bon de lire dans l’actuel paysage littéraire. Quelque chose de brillant, d’humble, de mordant soutenu par phrasé assez remarquable qui provoque une envie prégnante de la lire inlassablement. Coup de foudre assuré !
Un jour, quelqu’un découvrirait la vérité, et ce quelqu’un parlerait. Quand les gens parlaient aux Fontaines, ils parlaient beaucoup, longtemps, et très fort.
Les billets de Noukette, Joëlle, Eva, Jostein, Leiloona et Aifelle.
Cécile Coulon au milieu des livres: Le Cœur du Pélican / Le Roi n’a pas sommeil.
Trois saisons d’orage – Cécile Coulon
272 pages / 19€
ISBN:9782878583373
Rentrée littéraire Janvier 2017
Prix des libraires 2017
C’est un roman que vous êtes nombreux à décrire positivement , il me fait envie je le lirai sans doute.
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C’est un univers dans lequel j’ai réellement aimé me plonger…
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Un livre qui m’intrigue depuis quelques temps… 😉
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Lance-toi. Il en vaut la peine !
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Moi j’ai toujours du mal avec les romans contemporains qui ressemblent à des romans du 19e, fussent-ils réussis (je pense à l’avant dernier roman de Gaëlle Nohant) mais là, elle a su allier classicisme et modernité.
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Je n’ai jamais lu de Nohant mais je sors conquise et sous le charme de ce titre qui aura clairement marqué mon été. Et je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin…
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Ca m’étonnerait que tu sois insensible au dernier roman de Nohant. Mais c’est un autre sujet.
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il est toujours dans ma PAL, il faut que je me décide!
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Oui Eimelle! Lance-toi vite si tu l’as à portée de main !
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J’ai vu l’émission de la grande librairie où Cécile Coulon était présente, je ne connaissais pas du tout cette autrice avant hier soir et de lire une chronique sur l’un de ses livres me donne encore plus envie de me rapprocher et de voir de plus près. Surtout que les passages que tu as mis sont d’une justesse incroyable.
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Ce livre n’est fait que de belles phrases, de temps forts, de descriptions finement ciselées qui nourrissent un récit prenant.
J’aime terriblement ce qu’elle écrit et suis ravie d’avoir découvert une si belle plume du côté de la littérature française. Cela promet d’autres très belles pages. Vraiment.
(Et je viens de visionner le replay de son passage à LGL justement…)
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Il y a un souffle épique chez elle oui. Je la compare à un dramaturge antique …
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Tu connais mieux le domaine antique que moi d’où mon parallèle avec Racine que j’aime d’amour… Mais dans les deux cas, nous nous accordons parfaitement pour dire combien nous avons aimé ce livre…
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Malgré quelques réserves sur l’histoire, j’ai globalement aimé ce roman. L’auteure a incontestablement une plume et je la relirai.
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Je veux désormais – saine addiction – découvrir tous ses romans !
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Quelle merveille ce roman…! Coulon a du génie et j’aime sa plume d’amour ! ❤
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D’elle je n’ai que « Le roi n’a pas sommeil » que j’avais beaucoup aimé. Mais à te lire je sais que celui-ci emportera à coup sûr ma totale adhésion !
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J’ai aussi beaucoup apprécié cette lecture, comme une parenthèse hors du temps.
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Je ne connais pas cette écrivaine! Je note son nom… merci pour la découverte car les citations donnent l’ envie de découvrir cette plume…
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Je me laisserai bien tenter, histoire de donner une seconde chance à l’auteure.
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Bonsoir Moka, je n’en ai pas entendu parler, je note Je ne connais pas l’écrivain. Bonne soirée.
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c’est dingue, l’engouement que suscite ce roman! Comme j’ai hâte de le lire !
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J’aime beaucoup Cécile Coulon.
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merci pour ce billet !
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Il y a comme une atmosphère pesante dans ce roman, si bien écrit. Moi aussi, je l’ai beaucoup aimé et il fait partie de mes préférés de la dernière rentrée littéraire.
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Un livre que j’ai adoré (mais hélas, je n’ai pas trouvé le temps de le chroniquer…). J’ai lu tous les romans de cette écrivaine et je trouve que ses romans sont de plus en plus « forts ». Pour celui-ci, un vrai coup de cœur !
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Cette auteur m’intrigue, sa jeunesse me fascine. Et pourtant, je pense ne pas aimer sa personnalité… Il n’empêche, je compte bien découvrir sa plume. Je ne doute pas de son talent.
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