Elle s’appelle Lili et décide de quitter sa terre natale pour d’autres contrées. Dépaysement, grands espaces, mer à perte de vue. Sans trop réfléchir, la voilà qui prend le large comme on quitte un amant dont on s’est lassé trop vite. Il est temps pour elle d’explorer un ailleurs qui l’appelle. C’est à Kodiak, en Alaska qu’elle se retrouve face à la mer qui la happe et lui murmure d’entrer dans la danse de l’eau mouvante et changeante.
Vous êtes venus chercher quelque chose qui est impossible à trouver. Une sécurité ? Enfin non puisque c’est la mort que vous avez l’air de chercher, ou en tout cas vouloir rencontrer. Vous cherchez… Une certitude peut-être… Quelque chose qui serait assez fort pour combattre vos peurs, vos douleurs, votre passé – qui sauverait tout, vous en premier.
Le Rebel sera son toit, la rudesse des hommes son compagnon de voyage, les vagues son seul horizon, le café sa source d’énergie et l’alcool et la cigarette ses vices réconfortants. La voilà plongée dans un monde qui n’est plus le sien mais qu’elle va apprendre à s’approprier avec la ferveur et le courage d’une grande femme. S’affirmer, apprendre, exister, négocier, observer, combattre, dire non… Les journées et les nuits sont longues, rudes et répétitives. D’autres petites routines se créent, de nouveaux liens se tissent avec méfiance ou les yeux fermés. Se remettant sans cesse en question, Lili se fait lentement une place dans ce milieu grouillant d’hommes et de poissons.
Je voudrais qu’un bateau m’adopte, je murmurais il y avait deux mois – une éternité – le tout début de l’aventure. […] Je lui avais donné mes forces. Je lui aurais donné ma vie. Je dormais dans la chaleur du sommeil des hommes. J’étais à eux. Mon cœur était tout à eux.
Les journées de repos lui permettent de fouler la terre ferme et de découvrir l’envers du décor. Rompre la solitude du grand large en se frottant à l’étroitesse des tabourets des bars. Après la houle et l’eau salée qui glacent les corps, les gorges se réchauffent avec ces liqueurs qui brûlent et font se sentir encore vivant. Dans ce monde où les femmes sont celles qui attendent le retour des hommes, Lili se forge une posture d’héroïne atypique, aussi perdue que prête à tout pour se trouver en se dépassant pour être à la hauteur de ce périple au cœur de la mer. De loin, Le grand marin l’observe et cette force viscérale qui porte Lili et confère au dépassement de soi réveille en lui un sentiment noyé dans le sel et le whisky depuis bien longtemps.
Je ne suis pas une fille qui court après les hommes, c’est ça que je veux dire, les hommes, je m’en fous, mais il faut me laisser libre autrement je m’en vais… De toute façon, je m’en vais toujours. Je peux pas m’en empêcher. Ça me rend folle quand on m’oblige à rester dans un lit, une maison, ça me rend mauvaise. Je suis pas vivable. Etre une petite femelle c’est pas pour moi. Je veux qu’on me laisse courir.
Un roman qui marquera assurément mon parcours des 68 premières fois. Comment ne pas songer à ces figures d’aventuriers nées sous la plume de London, Krakauer? Le Grand marin est un texte qui se lit non sans certaines difficultés. Comme l’héroïne se heurte aux remous d’une mer dangereuse, le lecteur pourra se trouver en difficulté face à certaines longueurs, portées par un style des plus épurés fait de propos parfois redondants, au service d’une intrigue qui ne le noie pas nécessairement sous de multiples rebondissements.
Il faut, je pense, en lisant ces pages, accepter de partir vers ces grands espaces où le temps est plus long, plus étiré, plus dense, où l’atmosphère peut être étouffante, les situations d’une animalité à vous décrocher quelques nausées. C’est un livre qui se ressent, un voyage qui se vit et parfois se subit. C’est aussi se laisser porter par une rencontre entre un homme que rien ne semble plus pouvoir atteindre et une femme qui n’a plus rien à perdre. Une lecture comme une longue traversée qui se solderait par l’impression d’avoir lu un beau roman, des plus dépaysants.
Risquer de perdre la vie mais au moins la trouver avant.
Les chroniques de…
Je l’ai lu vite, sans reprendre mon souffle. Je n’ai pas tout aimé, les paumés me font peur. Mais c’est une expérience, ce récit. Mior
Une histoire magnifique, une aventure hors normes, c’est tout cela et beaucoup, beaucoup plus que nous offre Catherine Poulain. Martine
Le premier roman de Catherine Poulain est écrit dans un style très fluide avec de belles images et c’est pour moi ce qui fait sa qualité. Plume nacrée
Magnifique portrait d’une femme qui veut juste être debout, vivante et se battre pour sa vie. Hélène
Le Grand marin – Catherine Poulain
384 pages – 19€
EAN: 9782823608632
Février 2016
Je le lirai certainement, c’est un premier roman qui a eu un succès assez incroyable avec des tas de prix (notamment en Bretagne).
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J’ai vu qu’il avait effectivement reçu pas mal de prix ! En tout cas, je suis ravie d’avoir croisé sa route. ^^
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Dépaysant, il doit l’être assurément. Mais j’ai d’autres chats à fouetter en ce moment, je vais sagement attendre sa sortie en poche.
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Tu peux. Il t’attendra sans aucun doute. Et pour un des « autres chats », j’avance tranquillement…
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La femme Lili ne m’a pas séduite, aussi masochiste que courageuse…l’héroïne Lili peut fasciner, bien sûr , dans ses aventures de baroudeuse prête à tout… Beaucoup d’eau, de poisson … et d’ennui parfois toutefois (pour moi 😉
Merci pour le lien
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Difficile, je pense, d’échapper à l’ennui quand on vit/lit une telle aventure. Ces attentes, ces vies « suspendues » aux aléas des saisons de pêche. Cela fait partie du « jeu ». Et puis, j’ai aimé retrouver les traits qui me plaisent tant chez ceux que tu appelles si justement « les paumés ».
Et pour le lien, je t’en prie.
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J’adore la couverture et je pense que nous sommes dépaysé à la lecture =)
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il m’est réservé à la bibliothèque depuis des mois! J’ai hâte!
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L’Alaska et ses paysages font rêver… Une histoire qui peut certainement divertir et nous emporter ailleurs…
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Une vraie invitation au dépaysement…
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On en parle trop depuis sa sortie, ça me coupe l’appétit ! J’y reviendrai peut-être plus tard.
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C’est marrant ce que tu dis, je n’avais absolument pas entendu parler de ce titre avant de le retrouver dans ma BAL grâce aux 68.
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Les nombreuses chroniques positives placent ce roman dans ma liste d’envies.
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J’ai aussi vlu pas mal de déceptions à son sujet… Voyons ce que tu en penseras…
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Un beau succès pour ce premier roman touchant !
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C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
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Ce livre est sur ma pile et ta chronique conforte mon envie. A l’occasion, j’aime ce genre d’ambiance, et les longueurs, pour ce type de romans, et si elles sont bien amenées, ne me dérangent pas. Dans cet esprit là, le dernier Sandrine Collette est très bien, avec une plongée en pleine cambrousse de Patagonie.
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Je suis tout à fait d’accord avec toi.
Et pour l’escapade en Patagonie, la parenthèse doit être des plus agréables…
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Le sujet ne me tente pas : je crains le mal de mer….
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C’est une possibilité à envisager.
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Je viens de le recevoir, je le lirai pendant mes vacances. J’attends beaucoup de ce roman.
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Oui, il vient de chez moi il me semble. Je te souhaite une belle lecture Lydie.
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Ah ! Je ne savais pas qui tu étais… Maintenant je sais 🙂
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Voilà ^^
Les 68 permettent ça aussi… Découvrir d’autres blogs.
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Joli succès pour ce premier roman dont le thème ne m’emballe pourtant pas du tout… A voir peut-être en poche…
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Bonjour ! Très belle chronique sur un livre qui m’a été conseillé. Je ne l’ai pas encore lu, je ne l’ai d’ailleurs pas encore, mais je suis sûre de le lire, tôt ou tard 🙂
Merci !
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Dépaysement, mer et grands espaces, c’est fait pour moi ! J’ai très envie de le lire depuis sa sortie mais j’ai un peu peur du « qui se lit non sans certaines difficultés. »…, peur d’être déçue finalement.
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Il faut savoir prendre des risques matelot ! 🙂
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Je l’ai lu cet été et comme toi je n’ai pas tout aimé. La seconde partie et l’histoire d’amour m’ont semblé longues… Et pourquoi à tout prix une histoire d’amour? L’héroïne suffit à elle seule pour faire un grand roman.
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