Pas dans le cul aujourd’hui j’ai mal. Et puis j’aimerais d’abord discuter un peu avec toi car j’ai de l’estime pour ton intellect. On peut supposer que ce soit suffisant pour baiser en direction de la stratosphère.
Jana Černá écrit à Egon Bondy, l’homme qu’elle aime de trop loin. Quand les corps sont aux abonnés distants, les mots comblent le vide béant de la frustration et se couchent sur le papier offrant des préliminaires fantasmés, tantôt sauvages, tantôt délicats, dans une étreinte épistolaire sans pudeur ni retenue.
Le raisonnable me ferait mourir en moins d’une semaine de la mort la plus triste qui soit, le raisonnable détruit en moi tout ce qui fait sens, il m’ôte toutes mes forces, qu’elles soient érotiques, intellectuelles ou autres.
La verve exaltée de Jana Černá mène avec ferveur une valse érotique qui se libère de tout carcan. Elle ouvre son cœur avec autant de fougue et de passion qu’elle le ferait en écartant les cuisses et envoie à l’homme qu’elle aime, une déclaration d’amour qui brise de manière vibrante et puissante, les frontières de l’intimité et de l’audace enrichie de volupté. Le souffle de cette femme indépendante et sans concession inonde un manifeste qui prône l’osmose entre le sexe libre et libérateur , le sentiment amoureux et la fascination intellectuelle. Un trio de choix ardemment défendu par cette plume d’une modernité absolue.
Pourquoi est-ce que je ne peux pas baiser avec toi en utilisant notre vocabulaire obscur et vulgaire, tous ces mots qui engorgent la bouche, et me laisser ensuite étreindre chastement et presque pudiquement […] Pourquoi est-ce que nous ne sommes pas là, côte à côte sur le flanc à nous sucer en nous concentrant sur notre propre orgasme et celui de l’autre, sans dire lequel nous exciterait le plus ? Et que je n’entends pas ton « attends » quand j’ai la bite dans la gueule […] Et encore te lécher, éreinté, presque impuissant, te sucer et t’exciter en te taillant une pipe d’une heure, interminable et épuisante, une pipe qui culminerait en un spasme plus douloureux qu’orgasmique, qui exacerberait tes sens jusqu’au désarroi où tantôt tu verrais le monde avec tant de clarté que ce serait comme si quelqu’un d’autre était étendu à ta place.
Éloge de l’amour à travers ce que chacun apporte de plus beau à l’autre, voilà une lettre transcendée par cette intensité sexuelle étourdissante et cette frénésie du désir. Une missive érotique qui clame et revendique l’amour de la liberté et qui en devient un discours de femme à la force intellectuelle indéniable. Jana Černá dit en quelques pages incisives et férocement belles, crues et spontanées l’intensité d’un amour qui « ne doit pas être traité à la légère. »
Je voudrais que tu sois absolument sûr de moi comprends-tu? Et là encore, pas de cette certitude conjugale imbécile, celle-là nous nous en fichons. […] Il faut savoir aimer et j’ai payé cher pour l’apprendre, je ne sais pas si j’ai réussi mais ce dont je suis certaine, c’est que ce temps et ce prix-là m’ont permis de comprendre ce qu’est d’aimer et que tu es le seul homme avec qui je puisse avoir une relation digne de ce mot profané et banal, mais pourtant clair et précis.
Après notre mercredi Canopé, nous voulions faire durer le plaisir. C’est donc l’heure des coquineries du mardi chez Stephie avec mon partenaire de lectures grivoises préféré: Jérôme, l’homme aux mille berges.
Pas dans le cul aujourd’hui – Jana Cerna
Traduit du tchèque par Barbora Faure.
Editions La Contre Allée
ISBN: 978 2 917 817 27 8
8.50 euros / 92 pages
rhoooooooooo ce billet 😉 en ai l’eau à la bouche ! merci merci ! j’aime quand vous faites durer le plaisir avec Jérôme 😉
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On est comme ça t’sais. Fidèles au plaisir d’offrir et à la joie de recevoir, en bons petits coquins que nous sommes. Des bises Sexy Framboise.
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pas fan des romans épistolaires, du coup je passe mon tour sur celui-ci même si ce que tu en dis fait que ça a l’air sympa 🙂
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C’est plus une longue lettre vite lue qu’un roman épistolaire à proprement parler. Et tu passes à côté d’un très beau portrait de femme.
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Je le note parce que le titre accroche mais ton avis m’intrigue encore plus.
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Ah ça, le titre interpelle indéniablement…
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Il me le faut, vraiment…! Je suis persuadée de tomber sous le charme de ce texte, surtout si c’est un beau portrait de femme !
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J’espère qu’il te parlera autant qu’à moi même si je ne peux pas garantir que tu seras convaincue… Tu me diras.
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Qu’il est beau ce texte ! Ravi de l’avoir partagé avec toi, ravi d’avoir fait durer le plaisir comme tu dis. Et si en plus on se revoit bientôt, c’est le paradis !
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Oui, j’ai eu la confirmation que le 9 se déroulera en ta compagnie… Et ça, autant dire que cela ravit ma journée.
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Waouh ! Avec une chronique pareille, ça ne peut pas que donner envie ! Et quand j’ai vu le titre, j’étais obligée de te lire…Parce que j’avoue que ça surprend !
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Oui, il attire l’oeil et les coquins curieux.
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Ce texte a l’air très beau…
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Il l’est. Clairement.
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Un titre choc, pourtant.
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Une lettre qui contient les mots des plus crus aux plus doux.
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un titre choc rempli de colère et de sève d’amour, je l’imagine !
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J’ai l’impression que c’est moins grivois que beau finalement, non?
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Le titre m’a intrigué comme la plupart des gens je pense. Mais surtout ton avis ! J’adore les romans épistolaires et celui-ci atterrit direct dans ma PAL !
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Rho la la l al la, c’est quand même là que je vois que je suis veille école, je vous jure, le titre m’arrête carrément, je n’y arrive pas, même si je trouve ça beau ce que Jérôme et toi vous en dîtes 😉
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Wow ! Magnifique ! Je tourne autour de ce livre depuis sa sortie… Les extraits que tu cites ont achevé de me convaincre !
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Merci beaucoup ! Lance-toi, vraiment, ce texte est d’une grande force…
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Je le ferai, promis !
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Belle chronique ! As-tu lu « Vie de Milena, de Prague à Vienne » ? Je pense bientôt me le procurer…
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Merci Goran. Pas encore mais pour tout te dire il suffit d’évoquer Prague et Vienne pour que je me précipite dessus !
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