
Chloé et Soan. Soan et Chloé. Quand l’une souffre du silence d’un père absent, l’autre pose aussitôt sur elle une main apaisante qui fait un bien fou. Quand l’un se recroqueville dans le noir pour pleurer, les bras aimants de l’autre promettent des jours meilleurs. Issus d’une famille recomposée, les deux adolescents avaient tout pour se détester et se jouer les pires tours pour le plaisir de provoquer l’autre. Et pourtant, c’est un vrai coup de foudre fraternel qui a rapproché ce garçon sage et discret et cette demoiselle exubérante et pétillante. Fusionnels à souhait, nos héros vont cependant vite perdre cette étincelle de complicité qui les unit; Toutefois, il semblerait que Chloé en pâtisse plus que Soan, à l’origine de cet éloignement qu’elle ne comprend pas.
La parole adolescente trouvant parfois difficilement une oreille attentive, Chloé dessine, inlassablement. Elle griffonne au coin des pages, illustre son journal intime qu’elle partage avec les lecteurs et confie, à sa manière, les émois qui rythment sa vie « en dents de scie ». De son côté, Soan semble vivre cette prise de distance comme une bouffée d’oxygène, comme une occasion d’exister à part entière. L’équilibre serein qu’ils avaient créé ensemble est perdu. Alors que Soan s’investit dans la troupe de théâtre dans laquelle la jolie Layla joue, Chloé est le témoin impuissant d’un malaise qui monte au collège: une jolie rousse qui nous est familière est chahutée suite à une sombre affaire de photo volée.

Autant le dire tout de suite, le troisième opus de cette saga collégienne était très attendu. J’ai eu un joli coup de cœur pour Rouge Tagada et Mots rumeurs mots cutter et il me tardait de découvrir la « suite ». Nous retrouvons ainsi les personnages des deux premiers livres dans leur petit monde d’ados ponctué de hauts et de bas plus ou moins difficiles à surmonter. Dans cet album, le mal-être est plus silencieux, intériorisé, couché sur le papier. En effet, là où les troubles qui agitaient les protagonistes étaient partagés avec les amis ou dévoilés aux confidents, ils se font ici plus discrets ou préfèrent même parfois être tus. C’est d’ailleurs un tome qui se resserre sur le personnage de Chloé et ses tourments intérieurs et Soan finit par s’estomper progressivement du récit… Il cède alors sa place, à de nombreuses reprises, au personnage de Léa tant malmené dans Mots rumeurs, mots cutter.
Si les deux premiers tomes pouvaient assez aisément se lire de façon indépendante, Bulle & blues fait très (trop?) souvent référence au tome précédent: le mal être de Chloé fait écho à celui de Léa et inversement. On sent évidemment que les personnages vont se rapprocher mais cela ne nous apprend finalement rien de plus que dans le tome 2. J’aurais, à mon sens, vraiment aimé que le rapport de l’héroïne au dessin soit plus longuement évoqué, notamment dans ce qu’elle pouvait faire de ce don artistique – si décrié dans les premières planches – et de cette capacité fine et juste à observer le monde qui l’entoure. Il n’en demeure pas moins que j’ai retrouvé les protagonistes avec tout autant de plaisir et que j’aime toujours autant le joli trait délicat et espiègle de Stéphanie Rubini. Les couleurs acidulées de Rouge Tagada et Mots rumeurs laissent place à des tons plus neutres et nuancés, la série gagne en maturité pour nous conduire avec talent vers le cycle lycéen.
Ce qu’on regrette finalement peut-être le plus, c’est qu’il y ait si peu de pages pour exprimer à sa juste valeur toute la complexité de l’adolescence, cette période souvent difficile à vivre pour ces jeunes qui avancent vers l’âge adulte malmenés par de nombreux questionnements identitaires. Les auteurs ici sèment quelques pistes intéressantes (notamment sur le rapport à l’adulte, sur l’affirmation des choix, l’engagement…) et parviennent à saisir des scènes de vie réalistes (des conflits parentaux aux sentiments d’abandon, de transparence…) qui sauront sans conteste parler aux adolescents. Assurément, même si nous sommes finalement assez loin des thèmes très forts et percutants des tomes précédents, c’est aussi cette quotidienneté-là qu’il est bon de raconter. `Laissons maintenant le soin aux adolescents de saisir au fil des pages, ces petites graines prêtes à germer dans leurs esprits, ces occasions de faire un pas de plus vers l’âge adulte.
Le blog de Charlotte Bousquet.
Une lecture commune que je partage avec Hervé et Yaneck.
Et pour la BD de la semaine, nous avons rendez-vous chez Jacques.
Bulles et blues Stéphanie Rubini et Charlotte Bousquet
(Et Léo Sapolsky pour les dessins de Chloé)
ISBN: 978 2 35488 240 2
72 pages / 15 €

Chez Jacques
16,5/20
Je l’ai lu la semaine dernière et je l’ai trouvé un cran en dessous des deux autres. Mais j’ai bien aimé cette documentaliste pleine d’empathie et de douceur 😉
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Ce personnage aurait vraiment gagné a être creusé…
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Je ne l’ai pas noté, mais oui, vous avez raison sur ce personnage là. On en voudrait plus…
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Il est très attendu par mes élèves (et par moi aussi !).
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Même combat ici ! 😉
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A découvrir malgré tes bémols. Tu m’intrigues en tout cas. Je n’ai toujours pas lu les opus précédents qui me tentent pourtant.
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L’ensemble forme quelque chose de très cohérent et plaisant.
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Hâte de la lire donc billet lu en diagonale, sorry 😉
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Bonne lecture !
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Sympa, votre lecture commune, avec chacun sa façon de voir les choses.
En plus, c’est un sujet que je ne connais …que trop bien
Je vais trouver « Rouge tagada » je pense
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J’aime aussi le principe et nos bémols ou enthousiasmes respectifs.
Il faut vraiment que tu ailles lire de plus près cette série. Bonne découverte Jacques.
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Lecture à venir, hâte tu pense bien !
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Évidemment…
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Bon, globalement, on est tout à fait d’accord tous les deux, en fait? Avec des nuances à la marge ^^
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Je pense oui. Même notation d’ailleurs…
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Je note, mais pas certain d’avoir ce blues en bulles !
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Tu avais lu Rouge Tagada ?
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Bon, je garde le titre dans un coin de ma tête.
Ce tome me semble un peu décevant par rapport aux deux premiers.
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Ce serait dur d’aller jusqu’à le trouver décevant…
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J’espère l’avoir bientôt entre mes mains !
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Je te le souhaite…
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Je note précieusement, le sujet m’intéresse et le dessin m’inspire.
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Je suis particulière fan du dessin. C’est pétillant et parfait pour nos ados.
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J’ai lu Rouge Tagada et Mots rumeur, Mots cutter est dans ma bibli…je me note donc de lire cette suite. J’adore la couv’
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Ah oui, il faut poursuivre sans hésiter cette super série!
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Je n’ai lu que mots rumeurs.. qui est vraiment bien; donc oui j’ai envie de voir ce que sont devenus les personnages. Et j’adore les dessins.
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Ma biblio n’a plus de sous pour acheter cette suite !
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Des 3, je n’ai lu que Mots rumeurs Mots cutter, que j’ai beaucoup aimé. Je pense lire les deux autres dès que je le pourrai !
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encore un volet très sympa de cette photo de classe en roman graphique! peut être qu’un tome sera consacré à la prof documentaliste un jour! 😉
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