BD de la semaine

Alice Guy – Catel & Bocquet

Mais avant les images, il y a toujours les mots.

Dès son plus jeune âge, Alice Guy montre un goût certain pour le théâtre et les arts du spectacle. Mais lorsque l’on est fille de bonne famille, l’idée même de faire de cette passion une profession ne doit évidemment pas vous effleurer l’esprit. Plutôt destinée au bras d’un époux, Alice brave sans hésiter les conventions sociales et revendique haut et fort son envie de travailler plutôt que de se soumettre à l’autorité d’un homme. Elle trouve alors, grâce aux relations de ses parents, une place comme apprentie sténodactylographe. Employée rigoureuse et exemplaire, elle fait de son tempérament et de son professionnalisme une carte à jouer qui ne laisse pas son entourage indifférent.

C’est le début pour elle d’une ascension sociale puissante et exemplaire. Curieuse et vive d’esprit, elle s’impose dans un milieu où les femmes sont rares et peu considérées. En se rendant indispensable, elle acquiert l’attention des hommes puissants et obtient que sa voix compte. Ses idées pullulent et son foisonnement créatif audacieux la conduisent tout droit dans le monde du cinéma alors en pleine éclosion.

De cet album surgissent de grands noms du 7e Art balbutiant. Les frères Lumières et Pathé, Gaumont. Plus tardivement, il sera aussi question de Buster Keaton ou Charlie Chaplin qu’elle côtoiera. Mais durant ces pages qui retracent la vie de cette femme illustre, c’est assurément son nom qui résonne et devrait faire oublier tous les autres. D’abord discrète et en retrait dans la case, Alice Guy occupe de plus en plus de place sur les planches à mesure qu’elle s’impose comme la première femme réalisatrice

Cette biographie signée Catel & Bocquet est le fruit d’une entreprise biographique très documentée qui permet découvrir cette femme sous bien des angles. Entre scènes relevant de l’intimité familiale et temps marquants témoins de son émancipation, lecteurs et lectrices voient se dessiner au fil des planches un parcours de vie qui n’aurait jamais dû tomber dans l’oubli. Le trait de Catel – qui a déjà fait naître les merveilleuses Olympe de Gouges et Kiki de Montparnasse – nous offre ainsi une immersion captivante au cœur des rouages techniques et stratégiques d’un monde qui va s’imposer comme un grand art durant le siècle. Le scandaleux paradoxe? Que l’une de ses figures emblématiques des grands débuts ait connu à ce point l’effacement… Une bien triste reconnaissance pour une des cinéaste pionnières de cette fabuleuse révolution-là.

Prolongements et échos:

  • Le documentaire Arte Cinéma sur Alice Guy.
  • La – bientôt – trilogie de David François & Laurent Seksik consacrée à Charlie Chaplin chez Rue de Sèvre.
  • Les Culottées de Pénélope Bagieu (Encore et toujours)
  • L’essai – qu’on ne présente plus – de Titiou Lecoq sur les grandes oubliées de l’Histoire.
Alice Guy – Catel & Bocquet
Éditions Casterman – Collection Les clandestines de l’Histoire
24,95€ / 395 pages / 2021
BD de la semaine9e ArtSacrées femmes

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Les chroniques des amoureuses des bulles se trouvent

Au milieu des livres

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Enna                   Antigone                  Mylène           Eimelle  

  Nath                Blandine                 Karine               Bidib  

Caro              Maël              Stephie              Pati

 

24 réflexions au sujet de « Alice Guy – Catel & Bocquet »

  1. Pendant mes vacances à Paris au musée des arts et métiers j’ai vu un extrait de film où on voyait Alice Guy tourner un film et je me suis dit qu’il fallait vraiment que je lise cette BD! Merci du rappel, je vais la réserver à la médiathèque !

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  2. Je ne t’ai lue qu’en diagonale car elle sera ma BD de la semaine prochaine! Découverte avec un roman jeunesse de Sandrine Beau, je suis avec autant de curiosité que d’avidité tout ce qui a trait à cette femme et à son parcours. Mieux vaut tard que jamais pour sa reconnaissance!

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  3. J’ai attendu de rédiger ma chronique avant de venir te lire. Mais l’issue était évidente, nous sommes d’accord, quel dommage (et bêtise) qu’Alice Guy soit tombée dans l’oubli. Je suis très contente que son destin incroyable revive grâce à cet album et les différents documentaires qui lui sont consacrés.

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  4. J’étais très contente d’être à jour dans mes lectures de « BD de la semaine ». Et qu’est-ce que je m’aperçois-je ??? Que j’ai totalement zappé la semaine du 16… Il faut dire que j’en ai vu plein sur Instagram aussi !

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