L’échappée journalistique.
C’est à titre exceptionnel que William Weston, journaliste au Times-Post a l’opportunité de séjourner à Écotopia. Cette région – d’une vingtaine d’année d’existence – est née à partir des états de l’Oregon, de Washington et de la Californie ayant fait sécession avec le reste des USA. Le projet est aussi ambitieux que novateur puisqu’il s’agit de retrouver un mode de vie loin de l’effervescence capitaliste qui prône la surconsommation et la surproduction. Cette démarche repose sur un véritable retour au respect de la nature à qui on laisse une place centrale et essentielle au cœur de la vie des écotopien·nes.
Et c’est reparti, mon cher calepin. Te voilà tout neuf, bourré de pages blanches qui attendent d’être remplies. Quel plaisir d’être enfin en route ! Les monts Alleghany sont déjà derrière nous, comme des vagues vert pâles sur un étang couvert d’algues.
En bon américain présomptueux, William Weston – carnet en main et cynisme à l’esprit – compte bien sur son séjour pour y rencontrer la présidente et pour analyser avec un regard méfiant et plein de préjugés ce fonctionnement sociétal dont il peine à entrevoir le bien fondé. Il se voit alors confronté à un monde bien éloigné du sien ce qui le conduit inévitablement à questionner ses propres valeurs. Nous vivons alors cette immersion à ses côtés et découvrons chacune de ses notes, fruits de longues heures d’observation et de réflexion, ainsi que ses chroniques qu’il envoie à sa rédaction. Au fil des pages, nous voyons bien comme son discours évolue et à quel point cette immersion vient bouleverser le regard qu’il porte sur ce territoire inconnu.
Un choc des cultures au cœur de la nature.
Écotopia est une utopie imaginée par Ernest Callenbach en 1975. Il faut d’abord admettre que le récit ne présente pas un grand intérêt littéraire (stylistiquement parlant) et que le regard que le narrateur pose sur les femmes n’est pas toujours des plus glorieux. (Obsédé par son sexe très désireux d’explorer la sexualité libérée de cette contrée, il fait parfois de ses rencontres féminines un sujet qui n’encourage pas spécialement à l’apprécier) Cette attitude dénote d’autant plus que la place accordée aux femmes dans ce roman se veut essentielle et loin des stéréotypes de l’époque. Puissantes et fortes, elles sont les égales des hommes.
Les Écotopiens sont imbattables pour transformer quasiment n’importe quelle situation en un moment de plaisir, d’amusement et souvent d’intimité.
On ne peut nier qu’il s’agit là d’un texte incroyablement visionnaire que nous propose l’auteur, si tant est que l’on soit prêt·e à lire des pages essentiellement descriptives et explicatives conformément à l’esprit du reportage. Vous l’aurez compris, je n’ai pas été totalement conquise car il manque à ce récit utopique une âme narrative qui se voit reléguée au second plan pour privilégier une approche digne d’un manuel sociologique. Les pages ne manquent pourtant pas d’intérêt tant elles embrassent les aspects des récits utopiques dans leur grande diversité (politiques, moraux, sociaux, éducatifs, économiques, écologiques…) décortiquant chaque facette de ce monde aux antipodes du modèle américain. J’y ai d’ailleurs trouvé certains échos – dans le contenu comme dans ma réception du texte – avec ma récente lecture d’Herland, une autre utopie américaine signée Charlotte Perkins Gilman.
J’y ai observé combien les Écotopiens vouent un véritable culte à leurs arbres. Ils ne sont nullement adeptes des coupes claires, leurs forêts abritent non seulement des arbres de tous âges, mais aussi de toutes espèces.
En somme, Écotopia est un texte qui saisit par l’intérêt de son propos éminemment révolutionnaire mais force est de constater qu’il sait aussi perdre un peu son lectorat à cause de son narrateur un tantinet antipathique et à cause de cette approche, froidement minutieuse qui laissait parfois poindre une certaine lassitude face à ma lecture.
Soleil, ici nous t’avons vu sombrer
Comme si c’était la dernière fois.
Merci pour l’aube.
Saison 5 / Épisode 1 : Les chroniques de Fanny(1) (2)/ Lolo / Mag / Natiora(1) (2) (3) / Lili / L’Ourse bibliophile/ Marion / Solenn / Ingannmic / Jérôme / Virginie / Madame Lit / Cristie / Margot / Violette / Ingannmic / Cristie / Sarah / Katell / Cléanthe / Pamolico / Un livre un thé
Échos et prolongements
- Ma deuxième chronique pour ce thème : L’Homme qui plantait des arbres – Giono
Utopies littéraires
- Herland – Charlotte Perkins Gilman
- Dix petites anarchistes – Daniel de Roulet
- Nous sommes l’étincelle – Vincent Villeminot
Écotopia– Ernest Callenbach |
ni le sujet ni ce que tu dis de ce roman ne me tentent .
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Je ne suis pas surprise.
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Je pensais qu’il s’agissait d’un titre récent, et non d’un classique de SF… ce qui m’aurait tentée, si tu n’avais pas exprimé ces bémols sur l’abondance des descriptions..
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je l’avais adoré, mais visiblement lu avec des yeux très différents des tiens, moins critiques, bien plus naïfs sans aucun doute.
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Merci pour ce rendez-vous qui m’a permis d’enfin dévouvrir Alice Munro avec un recueil rural donc je parle ici : https://pamolico.wordpress.com/2024/05/27/dance-of-the-happy-shades-alice-munro/ 😊
Quant à ce titre, je ne suis pas tentée…
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Mince, je suis à la fois très intriguée et dubitative face à tes bémols. Je tenterai peut-être quand même, à voir.
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Je n’avais jamais entendu parler de ce titre… pas sûre d’être tentée pour une fois.
Voici mon lie
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Je ne ferme pas la porte malgré tes bémols.
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Je ne connaissais absolument pas, ça m’intrigue (un peu), peut-être pas au point de chercher à le lire 🙂
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Je trouve génial d’avoir sorti un titre de SF, ça change ! Dommage pour tes bémols, le point de départ me tentait bien. Ce que tu en dis par la suite vient cependant nuancer mon enthousiasme de base. Je crois qu’il y a trop de livres qui me font envie et qui seront prioritaires…
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Je vois que je n’ai pas mis le lien de ma première lecture pour ce thème ! https://unlivreunthe.wordpress.com/2024/05/27/ecrits-sur-la-nature-george-sand/
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