BD de la semaine·Neuvième art

Hypericon – Manuele Fior

Je suis faite comme ça. Je sais ce que je veux.

L’improbable rencontre

La nouvelle est tombée: Teresa, jeune femme studieuse et étudiante émérite fera partie de l’équipe chargée de travailler sur l’exposition berlinoise consacrée au trésor de Toutankhamon. C’est une occasion rêvée pour concrétiser ses ambitieux projets professionnels et vivre loin de son Italie natale. Fidèle à ses principes, elle s’offre le chemin prestigieux de la réussite armée d’une volonté de fer. Sur sa route, un grain de sable nommé Ruben. Ce compatriote italien connaît Berlin comme sa poche et leur rencontre conduira Teresa à goûter aux joies des chemins de traverse… L’attirance est immédiate, magnétique et auprès de Ruben, elle apprendra aussi qu’une vie toute tracée et ficelée sans marge de manœuvre n’a peut-être rien à voir avec le bonheur parfait. De son côté, Ruben ouvrira les yeux sur la vie de bohème quelque peu artificielle qu’il mène et sur la fragile et illusoire liberté dont il jouit pleinement.

Beauté des planches et déconvenues narratives

Parallèlement à ce récit principal, une autre intrigue s’invite, tout droit sortie d’un livre que dévore Teresa lors de ses nuits sans sommeil: celle des explorateurs en passe de découvrir le plus grand trésor de l’Histoire égyptienne. Ainsi, les planches mettent en scène cette folle expédition qui justifie la présence de Teresa à Berlin. D’ailleurs, fidèle à la thématique du rapport au temps, Manuele Fior exploitera ce jeu des bouleversements chronologiques pour tisser et nourrir son scénario qui traverse bien des époques.

Le sommeil vous savez ce que c’est ? Une invention de l’homme pour qu’on ne remarque pas la durée de la nuit. Un couloir sécurisé qui préserve nos sens des effets du temps qui passe.

Je tombe à chaque fois dans les filets graphiques de Manuel Fior. Je trouve ses planches absolument sublimes et ses atmosphères incroyablement réussies. Ses ocres patinés, ses paysages brumeux, sa maîtrise du noir charbonneux, cette lumière floue et délicate qui enrobe ses personnages… Mais je me heurte hélas à cette faiblesse scénaristique qui fait que je referme toujours ses albums avec une pointe de déception. Le beauté ne suffirait-elle pas?

Parce que moi, les démons de la nuit, je dois les affronter toute seule.

Nous sommes pourtant loin ici d’un scénario obscur, peut-être même un des plus limpides qu’il m’ait été donné de lire depuis que je suis au rendez-vous pour chaque sortie de l’auteur. L’alternance des époques se fait de manière subtile, l’histoire d’amour qu’il croque avec une grande sensualité et un érotisme délicat a même beaucoup de charme tant elle semble offrir un souffle revigorant aux personnages. Mais définitivement, ses récits – et leurs fins – ne parviennent pas à me convaincre, venant s’encombrer d’éléments narratifs qui tombent souvent un peu à plat, pour mon plus grand regret.

Manuele Fior au milieu des livres :  Celestia

Hypericon Manuele Fior
Éditions Dargaud
23 € / 144 pages /
2022
BD de la semaine / 9e Art

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Ce mercredi, les amoureuses des bulles
sont Au milieu des livres.◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊

Fanny                   Sabine                    Blandine                       Eimelle

Gambadou                          Mylène                         Caro                        Amandine

Karine                                      Pati                               Mamabookine

14 réflexions au sujet de « Hypericon – Manuele Fior »

  1. Je suis entièrement d’accord avec toi ! La BD est superbe mais il y a à la fois trop (d’éléments, de sujets, de bouts d’histoire) et pas assez (d’unité, de colonne vertébrale). C’est dommage parce que c’est vraiment joli et quand même agréable à lire.

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