BD de la semaine·Neuvième art

Celestia – Manuele Fior

Le monde entier l’a oubliée. Sans toi, je serais déjà parti Pierrot.

L’eau s’est engouffrée. Insidieusement. Elle a pris le pouvoir, accaparant l’espace. Elle a fait de Celestia une île hors du monde, isolée, théâtre et témoin de luttes et de querelles entre des êtres qui ne cessent d’être en marge du monde. Tels des acteurs déchus de leur rôle, privés de leur public, les hommes qui vivent sur l’île ne sont qu’errance, cherchent l’ombre et attendent la nuit, celle qui masque et cachent les instincts primaires, les comportements déviants et les pulsions criminelles.

Depuis l’explosion d’un pont la reliant au continent, Celestia est coupée du monde. Dans un immeuble qui semble échapper aux règles spatiales et temporelles, vivent des êtres ayant le don de télépathie. Forts de cette capacité hors norme, ils vivent ensemble et se méfient des autres. Deux d’entre eux, liés par une complicité qui semble aussi inexplicable qu’indéfectible, n’aspirent qu’à quitter ce cercle et cet entre-soi pour aller voir au-delà  de leur ville submergée. Que peut-bien leur offrir le monde loin des berges de l’impassible Celestia?

Continue de marcher, ne t’arrête pas. Malheur à toi si tu deviens sentimental.

Comme à chaque sortie d’un album de Manuele Fior, je suis impatiente et curieuse de découvrir ses nouvelles pages tant son univers graphique me plaît et tant j’aime profondément son travail de dessinateur: ses personnages légers et mouvants, presque insaisissables à l’instar de spectres, leurs contours flous et vaporeux et son traitement de la couleur toujours très juste ou singulier. Mais il faut bien admettre qu’à chaque lecture, c’est la perplexité qui prend le pas sur mon enthousiasme

– Les choses les plus belles ne durent qu’un instant. Tu m’aimes encore Pierrot?
– Je ne sais pas.

Son île mystérieuse et sa lagune sont certes, pleines d’un charme mystérieux qui parlera aux amoureux de Venise mais je crois que je ne saurais me contenter d’en souligner la beauté pour qualifier cet album d’œuvre magistrale comme j’ai pu le lire ici et là. Je reste systématiquement en dehors de l’histoire qu’il cherche à me raconter. Quel que soit le titre lu – et celui-ci n’échappe pas à la règle – je n’y trouve jamais le plaisir d’une lectrice face à un habile conteur et me sens incroyablement mise à l’écart d’une narration que je trouve souvent absconse, elliptique ou bancale. Et d’en venir à la même conclusion: tout ça pour ça? (Pardonnez la concision argumentative, mais la déception me rend parfois peu loquace.) Le déroutant n’a rien de rebutant. Je n’ai rien contre l’idée de troubler le lecteur, de lui faire perdre ses repères pour mieux le surprendre. Mais pas au risque de le perdre.
Une œuvre comme un soufflé retombé très vite sans qu’il ait même eu le temps d’atteindre des sommets…

Celestia de Manuel Fior
Traduit de l’italien par Christophe Gouveia Roberto
Éditions Atrabile
30€ /  pages / 2020
9e Art – BD de la semaine

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Ce mercredi…

La BD de la semaine est au milieu des livres!

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Nath          Karine        Eimelle          Azi Lis          Pati   

 Mylène        Cristie      Fanny      Blandine       Amandine 

Bidib         Caro       Noukette       Natiora         Jérôme  

Sabine                  Maël                    Alice                Stephie              Hilde

 

31 réflexions au sujet de « Celestia – Manuele Fior »

    1. Je ne suis donc pas la seule à ressentir cet ennui face à de tels albums… Ouf !
      (Je ne les vois pas, j’ai un truc pour les bloquer sur mon PC. Mais c’est sûrement lié au fait que je ne paie pas WP pour les supprimer…)

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  1. graphiquement ça l’air intéressant, mais l’histoire à l’air assez confuse. Je ne connais pas cet auteur, je vis voir si je trouve quelques chose à la bibliothèque, tu as piqué malgré tout ma curiosité

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    1. Je vis ça comme une vraie frustration avec cet auteur que je trouve si habile de ses pinceaux. Ce genre de flop m’agace parce qu’à chaque lecture, j’y crois… (Bordel à deux ou trois mots près on dirait que je parle des hommes et des relations amoureuses…Mouarf.)

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  2. Bon, vu le nombre de personnes qui n’accrochent pas… Je ne vais pas me précipiter sur cet auteur. Je jetterai un oeil à ce qu’il fait si je le croise à la bib.
    p.s : il me semblait bien que j’avais « sauté » une semaine… Je viens de la retrouver !

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