Elle vit au cœur de la forêt dans sa maison havre de paix. Mais dans son doux cocon, le petit renard tourne en rond. Il s’agite, se lamente. Sa vie est trop petite ici et le besoin de partir s’en fait ressentir. Bien que ce départ la dévaste, la mère prend cette décision qui lui coûte tant: elle lui laisse prendre la clé des champs et l’autorise à quitter leur tanière. Elle le comprend, bien sûr. Avant d’être cette femme à la chevelure flamboyante, elle aussi était une renarde. Elle sait les herbes folles, elle aime aussi les branches et les feuilles qui craquent sous les pa(tte)s. Avant de devenir cette adulte, elle aussi trouvait refuge dans sa grande forêt tant aimée.
Un jour, je le laissai s’enfuir.
Les premières heures sont longues, les journées interminables. Le duo qu’ils et elles formaient n’est plus. Mais elle veille. Protectrice et silencieuse non loin de là. Elle attend. Elle l’attend. Elle sait qu’il reviendra, bien que ce retour appellera évidemment un nouveau départ.
L’automne est là et avec cette saison les albums qui se fondent joliment dans ses teintes et ses paysages. L’Enfant renard dépeint ce lien étroit entre une mère et son fils. Entre anthropomorphisme et métaphore, Laure Van der Haeghen raconte tout le cheminement délicat de la séparation avec l’enfant quand celui-ci vient à grandir. Elle fait de la figure parentale un tremplin, un guide discret, prête à accompagner l’autre dans son émancipation au-delà de la douleur et des bouleversements que cela provoque en elle.
Je ne reste pas longtemps, je repars très vite.
Elle souligne, avec une tendre douceur – nimbée de teintes orangées – combien il faut savoir prendre son temps pour apprivoiser l’autre, et combien les choses savent être belles quand l’équilibre a été trouvé. Le dessin vous enrobe de cette lumière automnale et de cette nature foisonnante et bucolique qui fait toute la splendeur de cette saison, vous offrant une lecture qui donne furieusement envie d’échappées en forêt.
L’Enfant Renard – Laure Van der Haegen Éditions Hong Fei 16.50€ / 44 pages / 2021 Je lis aussi des albums / Que jeunesse se fasse. |
Un album bien joli mais je me demande à qui il s’adresse. Les enfants qui lisent des albums n’ont pas envie de quitter leurs parents et ceux qui ont envie de quitter le nid familial ne lisent plus d’albums.
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Le sempiternel refrain…
Tu sais, je crois que beaucoup d’enfants lecteurs et lectrices d’albums sont assurément plus ouvert·es et sensibles à toute cette superbe création littéraire jeunesse que beaucoup d’adultes aux préjugés tenaces face à cette même littérature qu’ils méconnaissent profondément. Un·e enfant qui lit ce genre d’albums y lira ce qu’il a envie d’y lire, s’interrogera, se questionnera. Discutera de tout ce qu’il ou elle éprouve avec celle ou celui qui l’accompagne dans cette lecture. Peut-être même qu’il ou elle s’attachera à d’autres détails qui font aussi toute la richesse d’un album. Il est tellement étroit de systématiquement réduire tout cela à un âge ou à un lectorat type.
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Je l’avais déjà repéré tant pour ses jolis dessins que par les messages délivrés.
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Je la découvre me concernant !
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