BD de la semaine·Et mon coeur fait boum·Neuvième art·On s'poile.

Zaï Zaï Zaï Zaï – Fabcaro

– Fais pas le con, lâche ce poireau…
– Écoutez, je suis pas un bandit, je l’ai ma carte…
– Du calme, pose ce poireau et tout se passera bien…
– C’est juste qu’elle est dans mon autre pantalon…
– Mais oui, du calme, pose ce poireau… Ne m’oblige pas à faire une roulade arrière…

Il a commis l’irréparable. Son acte impardonnable ne peut passer inaperçu et l’opprobre s’abat sur lui. La 11e plaie d’Égype de l’Hérault. Face à cette erreur de taille, cet oubli qu’on peine à expliquer: un poireau brandi avec la charisme d’un faux bandit et une cavale infernale. Au cœur d’un supermarché très fréquenté, l’effroi et la stupéfaction ont remplacé la légèreté des êtres: la caissière suffoque, le vigile narcissique tente par tous les moyens de faire bonne impression et le personnel peine à se remettre d’un drame aussi spectaculaire, quasi blasphématoire dans le temple de la consommation: l’oubli insolent d’une carte de fidélité. Pas malin. Et très vilain.

Concrètement, à quel type d’individu a-t-on affaire ?
– Il semblerait que nous soyons ici en présence d’un représentant de la branche dite « humour »…
– « Humour » ? C’est à dire… ?

Le bon sens se passe aisément des convenances et quand notre héros découvre que rien ni personne ne saura tolérer – et encore moins comprendre – cet oubli inexcusable, le voilà qui devient le fugitif le plus recherché de France. Notre gangster infidèle tente par tous les moyens d’échapper aux regards inquisiteurs et aux journalistes à l’affût de la moindre non-information – BFMTV mon amour… Le suspense est à son comble: qu’adviendra-t-il de ce dangereux impie de supermarché?

20h32. Et être passablement à deux cases de mourir de rire un dimanche soir en lisant Zaï Zaï Zaï Zaï. J’avais encore quelques doutes à l’idée de partager l’enthousiasme quasi général pour ce titre tant j’ai de mal à trouver des pages capables de me faire rire avec si peu de retenue et autant de spontanéité. Après l’absurde BD-roman-photo Et si l’amour c’était d’aimer et les obsessions d’un jeune homme névrosé dans Le Discours, voilà que je succombe à mon tour comme une jeune première. Parodies, clichés tournés en dérision, raisonnements absurdes, art du décalage entre le propos et la situation, dialogue savoureux, caricature et exagération: toutes ces pirouettes roulades arrière langagières offrent une cadence folle à ce road movie qui rit – avec une ironie lumineuse – de ceux qui se prennent un peu trop au sérieux.

La vie est une chienne borgne sous un ciel d’octobre.

Fabcaro au milieu des livres : Et si l’amour c’était d’aimer / Le Discours

Pour vos oreilles: Siffler sur la colline Joe Dassin. (Et je veux tous vous entendre chanter. Oui, même toi au fond.)

Zaï Zaï Zaï Zaï – Fabrice Caro

Six pieds sous terre

ISBN: 978-2-35212-116-9

72 pages / 13€

Mai 2015

Chez Noukette

 

24 réflexions au sujet de « Zaï Zaï Zaï Zaï – Fabcaro »

  1. Encore une victime si consentante de ce diable de Fabcaro.! Je suis allée voir ce qu’une troupe de théâtre avait réussi à faire avec cette BD, c’était pas mal du tout. Mais j’ai moins ri qu’à ma lecture.

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  2. j’avais de gros doutes aussi de pouvoir rire aussi ouvertement sur une BD, et force est de constater qu’avec Fabcaro ça arrive très souvent ! XD Et je l’ai rencontré la semaine dernière en librairie, c’est un type tout simple et très sympa.

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