Manushe est une « vierge jurée ». En échange du respect des hommes et d’une égalité de droits illusoire, elle a fait le vœu de chasteté et a choisi de nier le délicieux pouvoir de l’attraction des corps. Aucun homme ne partagera sa vie, ne frôlera sa peau, n’effleurera sa bouche. Le prix d’une curieuse liberté qui lui confère une place de choix dans la vie de ce village perdu au cœur des Balkans.
D’une voix forte, elle profère les paroles rituelles, jure par la pierre et par la croix de rester vierge, de ne jamais contracter d’union ni fonder de famille. Elle regarde vers le bas, évitant les yeux ourlés de mauve de celui qu’elle fuit par le pouvoir des mots prononcés.
Un jour, le jeune et mystérieux Adrian franchit l’entrée du village et bouleverse ses habitudes. Il ébranle insidieusement ses choix et fait vaciller ses certitudes. Les lois de l’hospitalité l’obligent à lui réserver le meilleur des accueils dans cette société profondément patriarcale, mais comment faire quand un corps éteint depuis trop longtemps se réveille avec une violence qui déchire vos entrailles et se joue des grands serments?
Alors, je vous l’accorde, avec un tel résumé, nous imaginons sans peine quels seront les grands enjeux de ce roman, devinant aisément ses tenants et ses aboutissants… Rien de bien surprenant, rien de vraiment inattendu… Et pourtant, en voulant éviter de sombrer dans l’attendu et le prévisible, Emmanuel Favier se fourvoie dans un autre écueil: celui de la surenchère dramatique (et narrative…) Rebondissements à répétition qui manquent de panache, digressions qui éloignent le lecteur de cette héroïne qui avait tout pour être captivante, détours faciles ou/et redondances inutiles: autant d’éléments qui ont allégrement cultivé ma déception…
Derrière la fluidité d’un récit qui se lit – et s’oubliera – vite, j’ai vraiment déploré l’abandon de l’héroïne pour des récits secondaires d’un ennui certain… Si l’évocation – longue et laborieuse – du passé torturé d’Adrian vient éclairer le « pourquoi de son arrivée au village », la lassitude s’est rapidement invitée dans ma lecture… (Et que dire de mon agacement croissant face à une troisième intrigue – clairement, celle de trop – qui n’apporte rien si ce n’est de mener vers une fin aussi prévisible qu’improbable…)
Nuançons toutefois cette vraie déception de rentrée littéraire en admettant que ce premier roman a le mérite de mettre en lumière une jolie plume. Poésie et lyrisme sensuel s’invitent dans ce récit en se mêlant plutôt habilement à des propos plus crus, ancrés dans un monde rustre et traditionnel… C’est un bon début, certes, mais c’est hélas, à mon sens loin d’être suffisant à mes yeux.
Une lecture commune de rentrée que je partage avec ma Noukette qui – contrairement à moi – a beaucoup aimé.
Un roman sélectionné pour l’opération 68 premières fois.
Les chroniques divisées de : LeaTouchBook – Saxaoul – Jostein – Entre les lignes – Au pouvoir des mots.
Le Courage qu’il faut aux rivières – Emmanuelle Favier
Littérature française – Premier roman
24 août 2017 – Rentrée littéraire septembre
224 pages – 17€
ISBN: 9782226400192
Merci d’avoir relayé ma chronique !
Quand je l’ai écrite, j’ai longtemps cherché ce qui clochait dans ce livre, ce qui m’a empêché de me passionner. Tu as bien mis le doigt dessus: le manque de panache…
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J’aime lire les chroniques déçues…
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Voilà qui réduit mes ambitions de lire ce livre à la baisse… J’ai lu aussi l’avis de Noukette, je verrai à la médiathèque.
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Il en faut bien parfois… des déceptions…
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Oh que oui très cher Goran…
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Mais pas trop souvent…
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J’ai adoré ce premier roman. Je suis très sensible à ce genre d’ambiance, un peu ancestrale.
J’avoue que j’aurais aussi aimé que Manushe prenne davantage d’espace.
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C’est vraiment ce que je regrette car comme toi, cette atmosphère me plaît d’habitude…
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On ne peut pas dire que tu donnes vraiment envie (et ma PAL te remercie), mais je vais de ce pas lire l’avis de Noukette ..
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Elle changera peut-être la donne… ^^
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Dommage pour ce personnage féminin que je trouve très intéressant. J’ai souvent entendu des récits d’institutrices françaises surtout à la campagne au début du vingtième siècle qui avaient en quelque sorte ce statut de vierge volontaires, sans que cette notion soit évoquée.
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Un roman qui me tente bien… 🙂
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Nier le délicieux pouvoir de l’attraction des corps, quelle idée !!!!! Et quel intérêt surtout.
L’attraction des corps, c’est une des seules raisons qui me poussent à me lever chaque matin (Avec l’impérieuse nécessité de changer l’eau des patates parce que bon, passé un certain âge, ta vessie aime se rappeler à ton bon souvenir dès le réveil…).
Bref, je cesse de m’égarer pour te dire que la Noukette a intérêt à être drôlement convaincante parce que ton billet c’est un peu la douche très, très froide.
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Vilain ! :-p
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Des avis vraiment très différents sur cette lecture qui, décidément, ne me tente pas.
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Grosse grosse déception pour moi aussi. Pourtant, je trouve le sujet intéressant.
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Je trouve ça bien des avis divergents sur un roman, même si c’est vrai qu’on est généralement sur la même longueur d’ondes… Hâte de partager d’autres lectures avec toi 😉
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Oh ! quel dommage ! Ce titre m’intriguait beaucoup ! Je verrai…
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Oui, le mieux est de te faire ton propre avis…
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Je n’étais déjà pas tentée, je le suis encore moins.
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Nous sommes d’accord !
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Je viens de le terminer et je suis d’accord pour dire que c’est prometteur mais insuffisant. Le roman s’embourbe aussi comme tu le dis dans des histoires transversales qui concernent Manushe mais sans nous fasciner.
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Exactement ! Et dire qu’il y avait de quoi faire avec un tel sujet ! C’est dommage !
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