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Le Voyage d’Ignacio – Anne Cortey et Vincent Bourgeau

Ignacio le renard vit dans une jolie clairière verdoyante au cœur de la forêt. S’il vit seul, il s’occupe toujours de sa petite maison, vit de thé et de gâteaux faits-maison et reçoit régulièrement la visite d’Ernest l’écureuil et Ferdinand le cerf, ses amis les plus chers.

On a de la chance d’avoir un ami comme toi Ignacio.

Un après-midi, les deux amis arrivent heureux et ravis mais vont repartir l’estomac noué suite à cette pause goûter. Leur petite routine harmonieuse va être bouleversée à cause d’un petit bout de papier: Ignacio va partir quelques semaines rejoindre son cousin au pelage blanc sur les grandes terres du Nord. Il se réjouit de retrouver sa famille bien qu’il faille s’éloigner quelque temps de ses précieux amis. La nouvelle attriste profondément les deux compères. Les sourires sont en berne et le joyeux goûter cède sa place à la tristesse.

Le silence emplit la maison. Seul le tictac de l’horloge résonne dans la pièce comme s’il voulait leur tenir compagnie, en attendant qu’ils reprennent la parole.

Conscient d’avoir blessé ses amis, le petit Ignacio renonce finalement à se projet fou de rejoindre le grand nord enneigé. Le quotidien reprend ses droits, arrosé de thé, de noisettes, de gâteaux fondants et de bons moments entre gens qui s’aiment. Mais Ignacio, ami toujours serviable et dévoué, découvre à son tour ce petit nœud qui lui sert l’estomac et l’éteint lentement. Son entrain légendaire et sa joie de vivre ont pris un coup dans l’aile. Serait-ce ainsi que se manifestent les regrets?

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Ignacio boit son thé du matin devant la fenêtre qui donne sur la forêt. C’est le meilleur endroit pour penser et Ignacio a besoin de réfléchir.

La question du choix est un éternel problème et ce n’est pas le « choisir c’est renoncer » de Gide qui viendra nous contredire. Confronté à un dilemme de taille, le héros de cette histoire se voit tiraillé entre l’idée d’offrir à sa vie un soupçon d’évasion et celle de ne pas blesser ses amis qui souffriront de son absence. Voilà un album qui confronte ses personnages à des questions concernant la force de l’amitié et de ses relations si intenses qu’elles peuvent parfois engendrer des réactions très égoïstes et regrettables lorsque la vie vient contrarier les petites habitudes bien rodées.

Comme les personnages dessinés par Vincent Burgeau ont une trogne bien sympathique! L’ambiance graphique qu’il crée – cosy à souhait – donne envie de s’attabler avec nos héros à l’heure du goûter. Le choix des couleurs – des plus harmonieux – a la douceur automnale et le mariage délicat du roux, du mauve, des bleus et des verts renforce cette délicate atmosphère. En ce qui me concerne, il semble difficile de résister à ce renard buveur de thé vêtu d’un gros pull tricoté, épris de voyage et d’ailleurs!

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Son envie de ne froisser personne et sa difficulté à faire le bon choix nous renvoient à nos petits dilemmes quotidiens et même les adultes qui liront cette histoire sauront assurément se retrouver dans les jolis mots d’Anne Cortey. L’album qu’elle signe ici offre un texte de qualité relativement long, ponctué d‘épisodes épistolaires et permettra aux jeunes lecteurs de se frotter à un temps de lecture un peu plus conséquent que certains albums jeunesse. Une histoire qui plongera les lecteurs au cœur d’une forêt où la vie a quelque chose de la nôtre et qui conduira à poser les jalons d’une belle réflexion sur la force des grandes amitiés qui nourrissent nos vies.

Le Voyage d’Ignacio – Anne Cortey et Vincent Bourgeau

(Réalisé à dos d’oies sauvages…)

Grasset jeunesse

56 p / 15€

Octobre 2016

Rentrée littéraire 2016

EAN: 9782246860358

Rentrée littéraire 2016 3% Touche à tout 14/18
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3% Touche à tout 14/18
16e/20 Hérisson
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11 réflexions au sujet de « Le Voyage d’Ignacio – Anne Cortey et Vincent Bourgeau »

  1. Oh il me semble bien beau cet album! J’aime beaucoup l’écriture d’Anne Cortey et la sensibilité de ses personnages. Je me souviens avec tendresse d’Amos, Kimi, Shiro, Andreï l’escargot(une histoire que j’ai lue des dizaines de fois à ma fille…).

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