Le jeune Martin habitué des voyages, des étendues maritimes et des grands espaces se retrouve un jour dans un salon mondain qui mettra la jeune Ruth sur son chemin. Sous le charme de cet aventurier un peu rustre, elle le guide sur la voie des mots et le chemin des livres. Pour lui plaire, il dévore la littérature et fait tout pour s’approprier une culture qui n’est pas la sienne. De fil en aiguille, le novice des lettres devient un homme curieux, épris d’histoires et de récits qui se surprend même à rêver de prendre la plume à son tour et d’être lu et admiré de tous. Toutefois, cette passion dévorante le pousse dans une spirale infernale. L’homme avide de connaissances dépérit à force de se consacrer à son art qui ne lui apporte guère le succès escompté et l’éloigne d’un milieu dans lequel il peine déjà à trouver sa place. Mais dans ce chaos fait d’écriture et de nuits blanches, une œuvre se construit, un artiste se forge…
Martin Eden est un éternel rêveur, un de ces personnages qui vous marque et qui vous fait furieusement aimer la littérature. Ce livre fait assurément partie de mes romans préférés, de ceux qu’on peine à quitter tant ils vous coupent du reste du monde pendant que vous le lisez. En tournant ces pages, j’ai, je crois, vécu une de mes plus belles expériences littéraires et j’attendais donc beaucoup de cet album.
Ainsi, il revenait enflammé par un désir d’amant, auréolé par le rêve lumineux de l’écriture.
Se lancer dans l’adaptation d’un roman tel que Martin Eden n’a rien d’aisé. Ce livre est d’une telle densité que je n’ose imaginer la difficulté des choix qu’a dû faire Denis Lapière pour s’approprier le récit de London. J’ai laissé passer du temps entre ma lecture du roman et celle de la BD craignant l’ennui de la redondance, voulant éviter les échos trop proches. Hélas, je crois que cela n’aurait rien changé à mon ressenti. Je n’ai pas retrouvé l’intensité romanesque qui m’a tant conquise et j’ai regretté certains raccourcis masqués par des dialogues qui cassent vite le rythme de l’histoire. Si les choix restent tout de même fidèles aux grands enjeux du roman, je n’ai pas retrouvé le souffle si puissant qui anime ce personnage si fragile et complexe, si naïf et grandiose, me réjouissant même de ne pas avoir lu la BD avant de tourner les merveilleuses pages de Jack London..
Toutefois, je ne peux nier la beauté du trait d’Aude Samama qui flirte allégrement avec l’art pictural et qui s’offre le luxe de faire de certaines cases de vrais tableaux qui savent même être troublants. Mais là encore je m’interroge et me demande finalement si ce pinceau talentueux – qui avouons-le étonne dans le paysage du 9e Art – sert véritablement une histoire comme celle-ci tant les personnages semblent figés dans le papier, engoncés dans un carcan de peinture trop lourde pour leur permettre le moindre mouvement, devenant des beautés froides, presque désincarnées. Certes, Martin Eden est un héros qui s’emprisonne dans l’écriture et ne jure que par l’envie furieuse voir son nom ancré sur les couvertures de cuir, mais ce héros de papier d’une rare beauté méritait à mes yeux peut-être un peu plus de consistance et de chair.
Je suis perpétuellement ivre. Ivre de lecture, ivre de passions et de désirs.
Martin Eden – Aude Samama et Denis Lapière.
D’après le roman de Jack London
Futuropolis
175 pages / 24€
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Petite nouveauté de la rentrée, j’accueille désormais, le premier mercredi du mois, la BD de la semaine. Pour célébrer cette première fois, une lecture commune avec ma Noukette adorée s’imposait, d’autant que ce titre est arrivé entre nos mains dans un joli paquet cadeau confectionné par le Chouchou de ces dames… ♥
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Les chroniques des amoureux des bulles:
N’ayant pas lu le livre, j’ai pu apprécier l’adaptation sans retenue pour ma part. La dimension politique que donne London, très bourdieusienne, m’a vraiment parlé. Ca fait partie de mes bonnes découvertes de 2016.
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Si cette dimension te parle, tu risques de te régaler avec le roman qui l’aborde bien plus justement.
Je crois que je m’attendais tellement à aimer que le soufflé est vite retombé. C’est dommage !
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Martin Eden me dit quelques chose, mais je ne sais plus quoi… 😉
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Ah ah ! Je vous sens taquin de bon matin cher Goran. 🙂
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hehe
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Je partage ton avis ma belle, le roman est si lumineux et profond que cette adaptation m’a parue bien fade… Ravie de cet échange en tous cas, et ravie que tu nous rejoignes chère hôtesse ! 😀
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Voilà, nos articles trouvent suffisamment d’échos pour que affirmer que nous étions sur la même longueur d’onde pour ce titre…
Quant au reste, je me sens bien dans ce rôle-là !
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pas lu ce roman de Jack, je sais, c’est toutafé naze, mais je promets, promis, juré, craché, d’y remédier !
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Ah oui ma belle ! Il y a intérêt. C’est un si grand et si beau roman !
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L’ai commandé chez mon libraire aujourd’hui qui m’a dit, ébahi « Mais mais vous arrivez à lire tout 9a ??? » Non, pas encore, mais je fais des réserves pour les affreux frimas d’hiver :-p
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Tu m’en vois ravie. Ce roman est un bijou !
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C’est un roman dont il est impossible de retranscrire la substantifique moelle en BD, on est d’accord. Mais pour moi à qui il ne restait que de vagues sensations (puisque je l’ai lu il y a plus de 20 ans), cette adaptation à sonné comme un joli rappel des délicieux souvenirs de lecture que j’avais gardés de l’oeuvre originale.
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20 ans? (Cela me paraît si loin. Je n’étais même pas née. ^^)
J’ai relu ton article et effectivement tu m’avais l’air touché.
Ceci dit, merci encore. ❤
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Et bien, pour cette première, je ne suis pas là…
Et , je passe mon tour pour cette BD n’ayant pas lu le roman avant 😉
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Oui c’est dommage ! Reviens-nous vite !
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Jack London m’est inconnu (mis à part son nom, je ne l’ai jamais lu). Matin Eden l’est encore plus ! Je passe mon tour pour celle-là.
J’ai participé hier à la BD de la semaine avec Amour austral de Jan Bauer : http://lecturesdemarguerite.blogspot.ca/2016/09/amour-austral-jan-bauer.html
Ça faisait longtemps ! 🙂
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Alors, quitte à passer, zappe l’étape BD. Mais je ne peux que te conseiller de dévorer le roman qui est magnifique.
Quant à ta participation, là voilà en ligne. Bon retour ici pour la BD de la semaine ! 😉
Je file lire ton billet.
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Votre avis et celui de Noukette ne m’ont pas franchement donné envie de lire la bd… Le roman par contre, oui ! J’ai failli l’emprunter à la bibli plusieurs fois, et puis, je ne sais pas pourquoi, il est toujours resté sur l’étagère… La prochaine fois, il atterrira dans mon sac !
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Ah si au moins cet article a le mérite de faire venir le roman jusqu’à vous tous, c’est déjà formidable ! Bonne lecture Nathalie !
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Je comprends tout ce que tu dis. J’ai tellement aimé le roman que je n’ai pas envie pour l’instant de découvrir la BD.
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Je crois qu’elle n’était pas faite pour moi…
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Je trouve les dessins vraiment magnifiques !
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Tu as le même ressenti que Noukette. Du coup, n’ayant pas lu le roman, je me demande si je fais un détour par cet album ou si je fonce directement sur le roman…
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Option 2. Sans hésiter.
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