Il y a toujours eu des fous pour se jeter à la mer sur d’inconcevables radeaux.
33 Révolutions est un livre d’ambiance. L’atmosphère se crée dans le frottement du diamant qui caresse le vinyle, les pages ont une odeur de rhum et sentent encore la cendre froide pour celui qui saura s’imprégner de ces parfums chargés de vices et de regrets.
Le narrateur nous balade de chapitre en chapitre sans réelle histoire à raconter. On erre, on divague, on se laisse porter par les rues chaudes et étouffantes d’un Cuba mouvant sous la lumière artificielle des réverbères. Parfois, une porte se pousse le temps de s’abandonner aux plaisirs coupables et notre héros se complaît à merveille dans l’entretien de sa perdition… Et pourtant, on sent que là, au creux des pages, un ailleurs appelle les gens de la rue, le peuple en colère. Une voie à suivre pour l’homme désenchanté?
De toute façon se dit-il, c’est le disque rayé des rencontres et des séparations fortuites, anonymes et désintéressées sur cette avenue où convergent la sensualité, l’égalité et l’élan solidaire. La seule chose qui fonctionne ici, se dit-il, c’est la fête, l’orgie, le phallocentrisme et l’épopée de la chatte (matérialisme érotique).
C’est une première fois entre la littérature cubaine et moi: une quatrième de couverture plutôt alléchante, un paumé qui s’arrose d’alcool pour noyer sa routine quotidienne, un type perdu qui s’égare. Oui, mais après? Que reste-t-il d’une lecture comme celle-ci? Assez peu de choses à mon sens. Peut-être quelques phrases ayant la beauté et la tristesse des illusions perdues tout au plus, mais subsiste l’impression plus forte d’avoir vite lu ce titre en n’en gardant que quelques vapeurs alcoolisées. Alors certes, le nom de l’auteur ne laisse pas indifférent et éveille les curiosités, on se demande quelle sera la plume du petit-fils du si célèbre Che Guevara. Rien de particulièrement singulier, rien d’étonnamment transcendant. Et pourtant, quand on sait que ce roman sera un éternel premier roman, on est tenté de s’interroger sur la fragilité de ce héros perdu qui laisse probablement transparaître, entre les lignes, celle de son auteur.
Une lecture de rentrée littéraire que je partage avec l’amoureux des paumés imbibés.
33 Révolutions – Canek Sanchez Guevara
Editions Métailié.
Août 2016
Rentrée littéraire 2016
80 pages / 9€
ISBN: 979 10 226 0455 0

Un livre qui me fait de l’oeil, et oui, tu as raison, certainement juste par curiosité héhé
mille bises demoiselle ❤
J’aimeJ’aime
Il interpelle hein, ce « petit-fils de ».
J’aimeJ’aime
Pas inoubliable mais pas anecdotique non plus, nos avis sont assez similaires finalement. Si tu veux poursuivre avec la littérature cubaine, je pourrais te souffler quelques noms au creux de l’oreille 😉
J’aimeJ’aime
Souffle mon très cher, souffle autant que tu veux. 🙂
J’aimeJ’aime
Un éternel premier roman ? Tu m’intrigues.
J’aimeJ’aime
L’auteur est décédé. Ce sera donc son unique et éternel premier roman. Bonne lecture !
J’aimeJ’aime
Pourquoi pas, je suis intriguée… et je file chez Jérôme !
J’aimeAimé par 1 personne
Affaire à suivre…
J’aimeJ’aime
Je ne suis pas étonnée de ce décalage dans vos deux avis 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Tu nous connais bien !
J’aimeJ’aime