68 premières fois·L'Art du Roman

Les grandes et les petites choses – Rachel Khan

Nina Gary porte en elle la fougue de ses aïeux d’Afrique et la force de cette famille qui a connu la Shoah. Son métissage est le vestige d’une Histoire tourmentée. Elle est le fruit d’un bel amour entre un professeur d’anglais originaire de Gambie et une jeune juive libraire. Un père musulman, une mère juive, une famille qui ne sait que trop ce qu’être immigré veut dire. Un parcours singulier qui a fait d’elle une jeune femme au tempérament bien trempé.

Je suis une fille issue de deux histoires qui sont dans les livres. Celle d’un peuple que l’on a voulu éradiquer et celle d’un autre peuple que l’on a voulu soumettre.

Étudiante en droit, elle comprend vite qu’elle n’a pas les codes de ces jeunes filles rangées à l’avenir tout tracé qui traînent leurs talons sur le sol de l’école d’Assas. Est-ce sa peau trop peu claire ou son franc parler qui dénote le plus? Est-ce le professeur Chauvel qui lui distribue des trois qui giflent ou son amour soudain pour l’athlétisme qui l’éloignera de sa route? Difficile de voir l’héroïne de ce roman autrement qu’à un carrefour. Métaphore devenue cliché, c’est pourtant bel et bien l’image qui colle à ces pages et qui raconte le mieux la jeune femme.

C’est difficile à vivre la liberté

J’ai dévoré ce roman comme on court un sprint (oui, la référence sportive vous surprendra venant de moi). J’ai aimé lire cette histoire de femme qui se cherche et peine parfois à trouver les bonnes clés face à la multitude de questionnements qui la traversent. J’ai plongé dans cette famille aux influences plurielles, aux histoires troubles, aux religions qui s’entremêlent et s’acceptent au-delà de ce qui les éloignent. Parce qu’il ne s’agit pas ici d’une histoire de jeune femme qu’on détruit et qui se reconstruit, c’est aussi un roman sur l’émancipation du cocon familial qui sait choyer ou étouffer selon les âges.

Néanmoins, ce premier roman n’est pas à l’abri de quelques failles… J’ai parfois trouvé les jeux de mots ou références un peu faciles, pas toujours habiles. La plume de Rachel Khan offre une histoire fluide qui me manque pas d’intérêt mais qui stylistiquement demeure un peu trop lisse à mon goût. J’aime les histoires qu’on me raconte mais j’ai besoin de trouver un souffle particulier dans l’écriture. Or, cela m’a manqué parce que les mots de l’auteur n’ont pas la force du verbe que l’on serait en droit d’attendre face à l’aura des fantômes qui hantent chacun des personnages…

Une première chronique (tardive) pour la folle aventure des 68 premières fois.

Les chroniques de Charlotte, d’Antigone, de Virginie et d’Albertine.

L’interview de Rachel Khan.

Les grandes et les petites choses – Rachel Khan

Éditions Anne Carrière

250 p / 18 €

Février 2016

ISBN :978-2-8433-7814-0

28 réflexions au sujet de « Les grandes et les petites choses – Rachel Khan »

    1. Il va de soi que tu serais aux premières loges pour admirer mon pum pum short franchir (en très bonne place) la ligne d’arrivée…
      J’suis comme ça moi, quand je fais du sport, je me donne un max pour moi, mais surtout pour les autres.

      Non, ne me remercie pas.

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