Cet homme parlait peu. C’est le fait des solitaires, mais on le sentait sûr de lui et confiant dans cette assurance.
Alors qu’il erre à la recherche d’un point d’eau au cœur de l’arrière-pays provençal, le narrateur aperçoit un berger solitaire qui lui offre de l’eau et l’invite à se reposer un peu chez lui. Aussitôt intrigué par cet homme, mémoire vivante du lieu qui l’habite, il observe ses gestes assurés et la manière dont il s’affaire, imperturbable, dans cette campagne qu’il semble connaître par cœur.
Il avait réalisé sa vie. Il avait perdu son fils unique puis sa femme. Il s’était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement.
D’un œil expert et attentif, le berger sélectionne des glands avec minutie et une fois satisfait, il s’échappe, tringle de fer en main pour aller semer chacun d’entre eux dans la terre aride qu’il espère toutefois fertile. Il répète alors ces gestes chaque jour, des dizaines de fois, dans un silence quasi religieux que seuls les bruits de la nature viennent parfois troubler. Que les années passent, que les guerres grondent et ravagent le monde, l’homme ne saurait se détourner de ce rendez-vous rituel.
Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable.
Éloge de la lenteur et de la patience, ce très court texte de Jean Giono nous ramène à un geste simple et pourtant essentiel, vital. Cette main qui sème et ce temps qui passe pour voir la nature reverdir devient l’image même qui marque à la lecture de ce récit. En quelques pages, l’amour de la nature se vit, se raconte, s’éprouve. L’homme qui plantait des arbres donne à la terre toute l’attention qu’elle mérite et les mots de Giono lui rendent fabuleusement grâce. De brèves pages d’une infinie délicatesse qui feront du très romanesque Elzéard Bouffier un nom qui marquera aussi longtemps que la beauté d’un chêne vieux de plusieurs centaines d’années.
Saison 5 / Épisode 1 : Deuxième titre pour notre thématique autour de l’écrivain et de la nature après ma chronique sur le roman Écotopia d’Ernest Callenbach.
Échos et prolongements :
- L’Oasis de Simon Hureau
- Des Mots et des fleurs – Marie Colot et Karolien Vanderstappen
L’Homme qui plantait des arbres – Jean Giono |
je croyais avoir déjà mis un commentaire, un livre que j’ai lu il y a bien longtemps.
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Oh ❤ le roman avec lequel je débute chaque année avec mes « 6e Jardin ». Voici ma 2e lecture sur le thème de la nature https://unlivreunthe.wordpress.com/2024/05/29/nature-humaine-serge-joncour/
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Ce n’est pas vraiment ce que j’appelle un classique mais je l’ajouterai au bilan 😉
Merci pour ton lien !
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Je l’avais bien aimé mais je trouve qu’il n’est pas « tout public », pas vraiment accessible aux jeunes…
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J’avais pensé à lire ce texte, mais je n’ai pas eu le temps de me le procurer avec mes vacances au milieu du mois de mai. Tant pis, ce ne sera que partie remise car tu confirmes mon intérêt !
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J’avais hésité entre « L’homme qui plantait des arbres » et « Inventaire d’une maison de campagne ». Finalement l’Italie a eu ma préférence.
Je lirai, c’est sûr, le roman de Giono.
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je ne connais pas ce titre … mais je note. Merci
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Un texte tellement d’actualité malgré son âge !
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