Et mon coeur fait boum·O.L.N.I

Femmes et nos pensées au fil du temps – Paulina Silva

Si je devais évoquer le passé, mes mots seraient des mensonges.

Tu seras une femme, ma fille. Tu ne naîtras pas femme, mais comme le dit si bien Simone de Beauvoir, tu le deviendras. Singulière, grandiose, discrète, puissante, triste, forte. Qu’importe la direction prise, tu seras celle(s) que tu forgeras au fil des années, des rencontres, des adieux.

N’y allons pas par quatre chemins, cet album de Paulina Silva m’est très précieux. Une merveille à la couverture toilée qui allie sans cesse des mots et des images magnifiques comme autant de petits tableaux témoignant de la vie qui file. Crayons, couleurs sombres gorgées d’eau, tissus colorés nimbés de lumière ou motifs végétaux discrets s’invitent sur ces pages somptueuses pleines de démons, d‘interrogations, d’illusions perdues, de forces salvatrices.

Des pages qui rappellent qu’on meurt un peu parfois, qu’on renaît, s’éloigne, se perd, se (re)trouve ailleurs, autrement. Et si le temps passe, il est raconté ici dans un va-et-vient constant entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Ce qu’une époque attend de l’autre, ce que le passé ne cèdera jamais au futur, ce que l’avenir infirmera des projections inassouvies. C’est un titre incroyablement ancré dans les chemins de nos vies de femmes qui abolit les frontières des âges.

Le temps s’enfuit parfois comme s’il avait peur de moi. Il ne sait pas que je le vois accélérer son pas.

Face au corps changeant, des souvenirs consignés et des pensées éparses. De ces pensées qui cristallisent ces jours décisifs, qui mettent des visages sur les êtres qui écorchent ou vous rendent incroyablement vivantes, de ces heures qui brûlent, de ces instants de trop plein ou de vide profond. J’ai lu cet album en tournant des pages qui laissent passer le temps, blanchir les cheveux, se creuser les visages.

J’ignorais combien les choses peuvent être merveilleuses. Que l’art ferait aussi mal que mes peines seraient belles.

J’ai tellement aimé toute la poésie qui en émane mais aussi cette sincérité sensible qui vous enrobe tout en laissant la chair à vif. Les mots de Véronique Massenot – qui adapte librement ce texte espagnol – sont ici souvent les miroirs d’émotions fortes, et de cette nostalgie mélancolique qui se niche en nous comme une petite graine en terre fertile. Un titre qui vise juste, si souvent, et qu’il serait regrettable de manquer.

J’ai gravi une montagne dont le sommet sans cesse recule

Pour ceux et celles qui ont aimé Ressac de Diglee je ne doute pas un seul instant que vous trouverez des échos, des fils tissés d’un texte à l’autre. Les deux ont indéniablement marqué et accompagné mon été et ces livres occupent assurément une place toute particulière sur l’étagère de mes titres préférés.

Lectures en écho:

  •  RessacDiglee
  • Et puis ça fait bête d’être triste en maillot de bainAmandine Dhée
Femmes et nos pensées au fil du temps de Paulina Silva
Traduit par Véronique Massenot
Éditions La Boîte à Bulles
 20€ / 176 pages / 2020
Album illustré – Coup de foudre

28 réflexions au sujet de « Femmes et nos pensées au fil du temps – Paulina Silva »

  1. Je me le suis offert grâce à ton joyeux engouement mais je n’ai pas encore pris le temps de le découvrir.
    Mon libraire, qui ne connaissait pas, est tombé lui aussi sous le charme de cet album.
    J’aime le lien que tu établis avec Ressac qui comme tu le sais aussi m’a profondément touchée.

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  2. Bon définitivement je fais entrer Ressac dans ma liste d’envies qui s’allonge qui s’allonge….. mais cela fait plusieurs fois que ce livre revient et sur un sujet qui me touche énormément…. Pour Femmes et nos pensées au fil du temps je vais en parler à la bibliothèque car tes arguments sont convaincants….. 🙂

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