Cassandre, c’est ma meilleure amie.
À l’école, il y a Cassandre. Le genre d’amie parfaite qui a tout ce qu’elle désire et qui collectionne les robes (ndlr: ce qui en soit la rend déjà exceptionnelle) et les jolis jouets. Un peu songeuse, le regard ailleurs et les cheveux dans le vent Marie-Paule pense à cette amie que tout le monde pourrait lui envier. Mais au creux de ses bras frêles de petite fille se niche Martin, une poupée chiffon qui ne la quitte jamais, le compagnon de ses escapades en bord de mer et le confident taiseux de ses plus grands secrets. Un jour, Cassandre propose un échange: et si Martin prenait la place de Michèle, sa poupée? Un tout petit échange anodin, le temps de quelques jours. L’amitié qu’elles partagent mérite bien cette audace-là.
On se comprend bien tous les deux. Je l’ai aimé dès le premier jour, comme Cassandre.
Très tôt, l’enfance transforme de petits objets de rien en choses précieuses: une petite bille, un galet, une feuille morte ou un morceau de bois séché… Il en est ainsi pour Martin. Cette valeur inestimable se devine aisément à travers les mots de l’héroïne qui livre toutes ses pensées en déambulant sur la plage, enveloppée dans son ciré rouge. Dans un monologue intérieur frais et spontané, l’enfance se dessine et se dévoile. Cassandre est un album tout en douceur et délicatesse sur les amitiés qui marquent dès le plus jeune âge. Elles nous façonnent et nous aident à grandir. Ici, la petite Marie-Paule fait ses premiers pas vers l‘altruisme et la générosité, se prête doucement au jeu de la confiance en l’autre, du don de soi à travers ce qu’on pense avoir de plus cher.
Mort, c’est quand on ne respire plus. J’ai essayé de ne plus respirer pour voir comment c’était… J’ai été morte au moins vingt secondes. C’est dur d’être mort tout le temps.
Rascal et Claude K. Dubois nous livrent ici des pages cotonneuses sous un ciel gris gorgé d’eau et de nuages légers. Les illustrations jouent la carte du décalage avec les mots puisque jamais l’amie chérie n’apparaît. Témoins des pensées de la demoiselle, les lecteur·rices auront la liberté de mettre un visage sur celle qui occupe son esprit. Un choix parfait pour laisser vagabonder son regard sur ces scènes de bord de mer absolument charmantes. L’aquarelle et les touches pastel contribuent à adoucir les scènes en laissant quelques traits de crayons plus vifs affirmer les contours des personnages ou des paysages. Des pages cartes postales où la pudeur et la retenue ont autant leur place que la générosité des belles amitiés qu’on voudrait éternellement grandioses.
Cassandre de Rascal illustré par Claude K. Dubois Traduit de l’anglais par Christiane Duchesne D²eux 13 € / 36 pages /2021 Album jeunesse – Que jeunesse se fasse. |
On dirait des dessins venus d’un autre temps, c’est tout mignon.
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