BD de la semaine·Neuvième art·Que jeunesse se fasse...

Nowhere girl – Magali Le Huche

Quand elle arrive au collège, la jeune Magali se sent pousser des ailes. Mais son enthousiasme débordant lui échappe hélas un peu trop vite. Pression, fatigue, angoisse de l’échec, besoin de plaire sans trop savoir comment, résultats loin d’être à la hauteur de son investissement. Chaque nouvelle journée ajoute sa difficulté insurmontable à l’édifice et le point de non-retour est atteint. Le diagnostic est posé, cette détresse intériorisée est devenue phobie scolaire. Dès lors, sa chambre aura vocation d’être aussi sa salle de classe, entre cours à domicile et par correspondance.

Mais dans cette nouvelle organisation qui l’éloigne des autres, un nouveau monde s’offre à elle. Quelques notes échappées de la chambre de sa sœur suffisent pour tomber sous le charme de quatre hommes dans le vent. Elle n’a dès lors plus que leur nom à la bouche et leur musique devient la bande originale de son adolescence troublée. Si sa curiosité peinait à se voir assouvie en classe, la voilà qui ne vit qu’à travers ses lectures, recherches et dessins sur ce groupe qui l’accompagne où qu’elle soit. Une passion salvatrice, essentielle dans cette étape de construction/reconstruction de soi.

Plus les semaines passaient, plus j’avais du mal à quitter l’appartement. J’étais comme un animal qui repère son territoire. Je cherchais les odeurs d’origine. Je partais le matin avec l’impression que je n’allais jamais revenir… et que je laissais chaque matin un peu d’enfance à la maison.

Nowhere girl vient se faire une place dans la lignée de ces albums autobiographiques -un poil bavards – qui jouent la carte de l’introspection adolescente. Entre gravité et humour, Magali Le Huche livre ses chagrins d’école et ses immenses joies musicales. On peut toutefois difficilement tourner ces pages sans songer à la série Les Carnets d’Esther. L’approche graphique laisse entrevoir l’influence du dessin ou de la narration de Riad Sattouf – notamment dans sa façon de commenter sous forme de petites annotations certaines illustrations ou bulles. Le travail de l’autrice cherche néanmoins à sortir de l’approche encrage noir/lavis rosé en apportant de temps à autre une véritable explosion colorée qui envahit la planche et se joue des classiques cases, rappelant ses albums jeunesse et soulignant toute l’influence de l’univers très sixties-seventies des Beatles.

Entre les Beatles et moi, tout s’intensifia sans aucune limite à la passion. Ils devinrent une obsession.

C’est frais, efficace sans pour autant être follement novateur dans le traitement du thème, avec un ton qui peut convenir à un lectorat adolescent tout en parlant aux parents assurément confrontés à ce genre de situation. Ici, l’humour sauve et rappelle aussi combien il peut être difficile de grandir et de trouver sa place dans le monde adolescent quand on n’entre pas toujours dans le moule qu’on cherche à nous imposer…

BO des pages tournées.

Un petit podcast? Le Réveil culturel

 

Chez Stephie

 

Nowhere girl de Magali Le Huche
Éditions Dargaud
19,99€ / 120 p / 2021
BD de la semaine / 9e Art

27 réflexions au sujet de « Nowhere girl – Magali Le Huche »

  1. Un titre qui m’intriguait déjà, vu plusieurs fois sur les blogs mais ce que tu en dis me refroidis un peu : peut-être que je l’emprunterai plutôt en médiathèque, c’est plus sage (et je renote Les Carnets d’Esther, il faut vraiment que je m’y mettes : d’ailleurs je commencerai plutôt par là, du coup, grâce à toi ^^).

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    1. La remarque pour le lien avec Emil Ferris est pour l’album l’Accident de chasse, pas pour cette BD sur les Beatles. Et je connais aussi des adolescentes sensibles à leur musique ! Je confirme.

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