La science a toujours eu quelque chose de mystérieux pour moi. A la fois fascinée par ses mystères, à la fois désarçonnée face à des cours qui m’ont toujours dépassée malgré moi, j’ai pourtant toujours eu beaucoup de respect – pour ne pas dire de fascination – pour ceux qui la transmettent avec simplicité et clarté. Dans le roman de Stevenson, la science dans ses excès et ses dérives s’invite dans l’art qui m’est le plus cher, merveilleusement incarnée par le personnage du Docteur Jekyll.
Comment un véritable suppôt du diable peut-il fréquenter un parfait gentleman ?
Notable anglais particulièrement apprécié à Londres, Henry Jekyll se rapproche d’un personnage peu recommandable – un certain Hyde – qui n’attire pas la sympathie de son homme de confiance M. Utterson, notaire de son état. D’abord courtois et avenant, le voilà qui devient de plus en plus taciturne et ce changement soudain préoccupe ses proches. Au même moment, plusieurs agressions font surgir bien des inquiétudes et certaines rues de Londres deviennent des lieux infréquentables où le danger n’épargne personne : vieil homme, enfant, nul n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre. Jekyll se fait de plus en plus rare et ses absences éveillent l’attention d’Utterson, convaincu que quelque événement étrange est venu troubler son cher ami. Une enquête commence qui le mènera à découvrir l’impensable, se voyant confronté à un mystère qui dépasse l’entendement.
Proposer d’adapter un classique étranger en album nécessite de savoir transmettre l’essence même d’une œuvre en respectant le texte originel et en sachant trouver les mots justes, sélectionner les grandes lignes tout en restant fidèle à l’esprit du roman. Maxime Rovere a maintenu le choix d’une langue exigeante et belle, soutenue sans être trop hermétique, offrant un texte riche bien qu’épuré sans jamais lui ôter sa beauté et sa force. L’album conviendra aisément aux adolescents qui souhaiteraient découvrir ce texte qui allie étrangeté et sciences et qui reprend ici un des titres phares de la littérature anglophone.
Tout indiquait que la partie la meilleure et la plus authentique de mon être m’échappait progressivement, et que la seconde, la pire, m’incorporait peu à peu. Il fallait désormais choisir. Mais si Jekyll avait pour Hyde l’attention d’un père, Hyde n’avait pour Jekyll que l’ingratitude d’un fils.
En miroir, le travail toujours magnifique et hypnotique de Sébastien Mourrain dont le trait s’impose comme une évidence face à un tel récit. J’ai découvert l’artiste avec l’album Bigoudi, œuvre plus légère – mais pas moins belle – et j’aime résolument sa manière de dépeindre ces villes fascinantes dans toute leur beauté. New York, le vieux Londres: rien ne résiste à l’œil créatif de Mourrain et son crayon talentueux donne un charme fou aux rues et aux façades de ces villes étonnantes. Londres, ici saisie par bribes y est sombre et belle, inquiétante et secrète et ses rues pavées comme ses maisons aux intérieurs cosy montrent combien cette ville possède comme ses héros, plusieurs visages.
Quant aux personnages, ils sont croqués dans toutes leurs ambiguïtés et dualités et s’entourent d’ombres terribles, parfait reflet de leurs esprits tourmentés. Ils flirtent avec la folie et jouent avec les limites du « scientifiquement acceptable ». Enfin, en poussant certaines portes, en tournant certaines pages, l’émerveillement et le souci du détail sont au rendez-vous. Cabinet de curiosité hébergeant crâne, livres et flacons, atelier scientifique fait de petites fioles ou de curieux alambiques: les ingrédients d’une histoire folle sont réunis pour que le plaisir des yeux s’associe au plaisir de lecture.
Ce livre – vous l’aurez compris – est une vraie réussite et plonge le lecteur dans ces histoires angoissantes et oppressantes dont seuls les anglais ont le secret. L’imaginaire proposé par Mourrain, alliant élégance et classe folles, épouse à merveille ce diabolique récit noir et l’on se prend à réaffirmer que certains albums savent incontestablement s’approprier avec un talent fou les grands classiques en leur offrant une nouvelle jeunesse. Gros coup de cœur pour ce cadeau offert par Ma Petite! ♥
La chronique de ma douce Framboise chez Mo et celle de Clarabel.
Une lecture qui signe ma 9e participation au Challenge des classiques chez Professeur Platypus.
Le site de Sébastien Mourrain.
Docteur Jekyll et Mister Hyde
Traduit et adapté par Maxime Rovere
Illustré par Sébastien Mourrain.
D’après Robert Louis Stevenson
16.90€ – 58 pages
ISBN : 978 2 7459 6548 6
Milan – 2015
J’ai toujours eu un peu peur à la lecture de ce livre . Je ne sais pas si j’aurais envie de le lire en album, les dessins me semblent excellents et trop bien souligner ce qui me faisait peur.
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Les dessins contribuent beaucoup à cet univers très oppressant du célèbre roman. Une vraie réussite qui peut avoir son petit effet sur les lecteurs. ^^
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Waouh, je note précieusement ! Le graphisme me plait beaucoup !
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Sébastien Mourrain est vraiment doué ! Je te conseille aussi Bigoudi, qui pose un regard délicieux sur New York.
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J’ai vu beaucoup d’adaptation cinématographique, mais je n’ai jamais lu cette histoire…
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Moi qui n’est pas vraiment aimé le classique je tenterai bien l’album car les illustrations semblent vraiment en accord avec l’univers =)
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En effet, c’est une belle manière de se réconcilier avec le texte et d’en prendre plein les yeux !
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Très attiré par le graphisme, même si l’histoire de Jekyll et Hyde ne m’a jamais emballé
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Ca a l’air bien beau ! Et on va dire que je m’y prends tôt peut-être, mais voilà le genre de choses qui ferait bien sous un sapin… Merci pour l’idée cadeau 😉
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Je commence aussi à piocher des idées à suggérer au Grand Barbu !
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Londres dessinée avec classe, j’adore! Belle suggestion d’album!
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Il s’est tout aussi brillamment attaqué à New York et c’est incroyablement beau.
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J’ai lu le classique il y a quelques années. Cet album semble vraiment réussi, il faut que je le note quelque part ! Les dessins sont magnifiques.
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Je trouve que le trait de Mourrain était parfait pour cette histoire. Les visages sont angoissants et les jeux de couleurs (du noir au gris, quelques touches de blanc, le tout rehaussé par un jaune troublant) sont justement dosés. Une pépite !
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Acheté il y a peu pour le bahut, yapluka 😉
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Je vais suivre ça de près ! 😉
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Et bien ! Ça donne envie !
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C’est superbe… Vu au cinéma mais jamais lu le roman. Merci Moka pour ce retour!
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Un bien bel album en tout cas. C’était déjà la conclusion de Framboise. A lire en frissonnant donc
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Un graphisme qui me plait. Je note.
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Eh bien, que dire, à part, ok, je l’achète ? 😉 Tu sais être convaincante ! 😀
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Je n’avais pas accroché au texte quand je l’ai lu. Mais les dessins donnent envie de se replonger dans l’histoire !
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Cette version sous forme d’album propose une bonne alternative !
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J’avais bien aimé le roman, mais sans plus puisque je n’avais pas tellement de surprise comme l’histoire de ce classique est connu et reconnu. Du coup, je connaissais le récit sans l’avoir lu, alors forcément qu’à la lecture, c’était pas le plus génial. Mais cette adaptation illustrée m’aurait bien convenue je pense, comme il y aurait eu la surprise des dessins. De plus, les traits sont bien propres à l’univers, j’ai bien envie de découvrir cette version !
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Merci pour le lien Moka! L’ambiance graphique de cet album me plaît énormément, et que dire de sa couverture?! Je note, bien sûr 🙂
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J’aime beaucoup le dessin de Sébastien Mourrain (découvert avec le délicieux « Mr Gershwin » ! Et retrouvé dans la revue Georges aussi), et cet album me tente beaucoup.
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cet album a été une très agréable surprise, pour moi et pour ma fille
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