Il y a des débuts de semaine où l’on a l’impression de vivre en décalage. Cela fait quelques mois que mes lundis ont cette saveur-là. Encore un peu sucrés avec juste ce qu’il faut d’amertume. Ce week-end, ma ville organisait son salon du livre et j’y ai passé la plupart de mon temps. L’enthousiasme des trolls, leurs rencontres avec les auteurs et dessinateurs dès le vendredi au collège. Voilà deux semaines que nous préparons cette journée et qu’ils ont vraiment donné de leur temps pour que ces heures d’échange soient belles, enrichissantes et drôles. Certains ont préparé leurs affiches, d’autres ont lu un, deux, trois livres, quelques groupes plus motivés que jamais ont préparé des passages mimés et mis en scène. La consigne était simple : « Faisons au mieux: vous proposez ce que vous voulez, mais je veux que l’auteur se souvienne de cette rencontre avec vous. » L’appel a été entendu.
Ma classe de cinquième a rencontré Jean-Hugues Oppel, l’auteur haut en couleur de Ippon, de Le Grand bain, de Tigre ! Tigre ! Tigre !. Les mimes ont fait mouche et l’humour était au rendez-vous. Maxime avait le cœur qui battait très fort, Manon avait lu plus de six livres, Clément n’a pas aimé Ippon mais a adoré « devenir acteur pour l’auteur ». Florentin et Tristan ont vendu quelques carnets et petits sacs pour le FSE du collège, Florian est revenu acheter des livres le samedi, caché sous sa casquette mais fier de montrer « qu’il était là »…
Mes grands trolls de troisième ont pu quant à eux discuter avec Hervé Jubert. Des journaux sont en cours d’élaboration et comme j’aime les voir travailler et s’investir comme ils le font. Et puis, il y a eu la très belle rencontre avec Marc Lizano pour les élèves de mon atelier BD mais j’en reparlerai bientôt un peu plus longuement tant j’ai aimé cette heure en sa compagnie…
Mais le plus agréable je crois, c’est de voir ces ados revenir au salon, sortir du « cadre institutionnel », quitter la classe, prolonger les rencontres, être accompagnés ou non de leurs parents… Les observer de loin, retrouver l’auteur découvert pour acheter ses livres, demander avec plus ou moins de timidité une dédicace, croiser des parents ravis. Bref, des moments qui disent aussi combien ce métier n’est pas fait que de frustrations. Voilà pour le côté pile de Moka.
Côté face, il y a ces instants inestimables. Ces moments qui vous tiennent éveillée très tardivement le dimanche soir encore excitée par ces heures qui ont pourtant eu ma peau. Retrouver une partie de la joyeuse et sympathique équipe de Bulle en stock, apprécier la présence des Éditions de la Gouttière. Faire dédicacer en petite veinarde, la « première complainte » de Notre Mère la guerre par Maël et Kris, et me dire que j’aurais voulu rester des heures auprès d’eux, papoter avec Marc Lizano et « apprendre à dessiner un peu » avec lui, passer du temps avec Hélène, retrouver mes parents lors de l’inauguration, manger des tartines avec les copines au Shana, revoir la jolie Agnès, prendre Nathou dans mes bras parce qu’il y a un an, tout était différent. Retrouver Camille, Ambre, Louis, Edgar, Eglantine, Grégory, Marion et Elise pour un resto, conseiller Mauvais genre à des lecteurs qui j’espère seront conquis, assister à une conférence sur l’adaptation des romans en BD, recevoir un message de David qui me dit combien Abélard est une BD magnifique, recevoir une BD en cadeau, vouloir donner de mon temps sans me forcer vraiment. Avoir encore et toujours envie de dévorer plus de BD et de mots, aimer cette ivresse-là… Penser aussi à celui qui n’était pas là ce week-end mais qui aurait pu avoir pleinement sa place sur le salon. Oublier la distance durant deux heures, nos voix au diapason… Ou l’art délicat d’entretenir et d’alimenter mes passions.
Même si je ne suis pas un aficionado de la dédicace, un dessin de Maël dans la première complainte ne m’aurait pas déplu, veinarde !
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C’est vraiment trop chouette de te lire, ta passion est communicative !
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Mais, dis-moi, on ne verrait pas ton appart sur l’affiche?
C’était cool de te voir.
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C’est un beau billet, on voit que tu as vraiment envie de transmettre quelque chose à tes élèves, et on voit comme c’est gratifiant quand ils sont réceptifs.
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Encore de jolis moments.
Profite Camille, profite encore et encore.
Dans deux semaines, c’est Angoulême !
Et les phrases de la fin sont mystérieuses 😉
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Un très beau billet, qui nous donne un chouette aperçu de ces jolis moments !
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Si j’ai un rêve, ce serait qu’un jour ma fille ait un prof comme toi ! C’est une belle passion transmissible.
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Un chouette week-end et beaucoup de partages, c’est bon à prendre 🙂
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parfois, je regrette de ne pas avoir choisi d’être prof de français…;-)
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Si j’ai bien tout compris l’effervescence n’est pas que livresque … 😉
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Je comprends tellement ! Sortir du cadre scolaire et voir les élèves s’intéresser à nos passions et en développer à leur tour, c’est absolument génial ! J’enseigne aussi (mais pas la même matière, c’est certain) et c’est le genre de journée qui me fait tant aimer mon travail.
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Nos trolls rencontrent Alain Grousset en Mars : j’ai hâte !
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C’est du bonheur ces rencontres ! 🙂
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Côté pile ou côté face, l’effervescence est là et c’est peut-être tout simplement ça Vivre ! Bises jolie Moka et merci pour ce très beau billet.
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Tu es une sacrée petite chanceuse…! Très chouette tout ça !
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Une très belle affiche, et de très belles rencontres.
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