Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta. Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita.
Il est de ces livres qu’on ne présente plus. Lolita en fait partie. Œuvre au goût de scandale, elle trônait fièrement dans ma bibliothèque et me narguait de temps à autre. Ce mois de juillet fut le bon pour tourner les pages sulfureuses de Nabokov.
Lolita est une enfant à l’aube de l’adolescence. Elle va croiser la route du grand Humbert Humbert, au penchant assumé pour les « nymphettes » qui l’émoustillent aussitôt qu’il aperçoit un peu de leur peau, une frêle cheville ou une épaule légèrement dénudée. Chaque mouvement est un appel pour son œil vif et il hausse cette enfant sur un piédestal le jour même où il l’aperçoit pour la première fois. Face à ce désir interdit, Humbert ne recule devant rien pour se rapprocher de la jeune fille. Il brise les codes sociaux et moraux, brave les tabous les plus insoutenables et parvient à ses fins.
À travers ses mots, nous comprenons vite le jeu insidieux dans lequel l’impertinente Lolita se lance. Tour à tour, ils mènent la danse le long d’un road trip à travers les Etats-Unis. Il prend sous son aile la jeune enfant le jour pour mieux la dévêtir la nuit et les motels miteux ou les hôtels prestigieux deviennent leurs refuges. Mais cette scandaleuse routine ne peut durer à mesure que Lolita grandit. Elle a bien conscience des interdits qu’implique une telle relation et saura en jouer quand elle l’estimera nécessaire. Humbert Humbert quant à lui, devra s’accommoder du caractère changeant de cette femme en devenir tout en maîtrisant tant bien que mal ses propres névroses. Un duo dont l’histoire est contée avec une sublime poésie. Cet homme de lettres élitiste à souhait et un peu trop sûr de lui verra vite ses certitudes ébranlées, non sans faire parfois preuve d’une étonnante autodérision.
Lolita tient donc à merveille ses promesses et malgré quelques longueurs ici et là et une personnalité humbertienne ô combien agaçante et pédante, je demeure subjuguée par ce livre. Je pensais me retrouver avec un texte regorgeant de scènes érotiques à vous filer la nausée, mais toute la perversité d’Humbert Humbert demeure à mes yeux dans ses longs soliloques durant lesquels il ne cesse de livrer ses desseins les plus fous pour la jeune enfant. J’appréhende toujours un peu les grands classiques tant il me tient à cœur d’aller à leur « rencontre ». Lolita faisait partie de ces livres que j’espérais grandioses et le voilà sans conteste hissé au rang de mes plus belles rencontres avec la littérature. Des pages d’amour qui choquent, des mots d’amour qui vous dévastent. (Je préserve votre lecture et me retiens d’ailleurs de vous citer les dernières lignes du roman tant elles sont belles…)
- Nata m’informe qu’il y a eu une émission sur France Inter au sujet de Lolita. Je laisse le lien ici.
Et pour vos oreilles, Julien (of course) : Julien Doré
Moka - Au milieu des livres 
Est-ce que tu as vu l’adaptation de Kubrick ?
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Non pas encore. Le DVD est dans mes cartons. Il me tarde de le voir !
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Je comprends que tu ais été subjuguée par ce roman ! J’ai lu ce livre vers 18 ans je crois, j’avais pris une sacrée claque… Je me demande ce que j’en penserais maintenant !
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J’imagine l’effet que cela doit faire à 18 ans !
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pour l’avoir lu en anglais, je crois que je ne maitrise pas suffisement et je suis passee a cote de beaucoup de choses. Je n’ai malheureusement pas ete subjuguee, ni charmee d’ailleurs…
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Je prends le temps de découvrir ta chronique du coup, qui est aussi belle et évocatrice que d’habitude. On ressent à merveille ton coup au coeur avec ce titre. Je craignais comme toi les scènes trop crues mais l’horreur ne se cache finalement pas dans ce genre de description (et c’est tant mieux). Une très belle découverte… (Et comme je partage ton opinion sur les mots de la fin…)
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