» Un parricide ça s’appelle. Et ça n’existe pas que dans les tragédies grecques.
Mais, moi, je n’ai jamais voulu te tuer. J’ai déjà eu assez de mal
à lécher mes blessures pour éviter qu’elles ne s’infectent.«
Monologue : long discours. Celui d’un garçon à peine sorti de l’adolescence.
Dans une petite pièce bien tranquille de la maison de famille, il est en face de son père et le voit s’effondrer sous ses yeux. Cet homme est là, étendu sur le sol, inerte. Là où la panique et l’affolement devraient entrer en scène, une forme de sérénité s’installe. Non, il n’appellera pas les secours, non il n’apportera aucune aide à ce père sur le point de mourir. En revanche, il faudra que ce père l’écoute, chaque mot prononcé étant un pas de plus vers l’Adieu. Commence alors un virulent discours. Celui d’un fils meurtri, blessé par une enfance ponctuée de coups, de maux qu’on ne devrait jamais avoir à subir ni à ressentir, de plaies qui marquent le corps et qui vous laissent un goût de sang dans la bouche. Sa vengeance n’est ni une gifle, ni un coup de feu pulsionnel. Ce sera une vengeance pleine de mots justement choisis, pleine de phrases lapidaires pour répondre aux humiliations devenues quotidiennes. Et dieu sait s’il faut se méfier des mots: ils explosent au visage, ils compriment le cœur, se nouent autour de votre gorge et empoisonnent votre esprit. On ne peut rien contre des mots assassins.
» On m’accusera peut-être de « non-assistance à personne en danger ». Mais s’il y a eu, un jour, une personne en danger, c’était moi. Ce qui se passe dans les huis clos familiaux est parfois plus terrible que la guerre. Pas de caméras, pas de journalistes, pas d’observateurs ni d’envoyés spéciaux, pas de trace, pas de trêve. Et jamais d’armistice ou de clairon sonnant la fin des hostilités.«
Il m’aura fallu moins de cinquante minutes pour arriver au point final de cette histoire et je n’ai pas vu les secondes passer. Dès les premières phrases, le décompte est lancé, le lecteur est saisi et un sablier invisible laisse s’échapper ses petites miettes de temps. Voilà un texte fort, haletant que nous propose Caty Ytak. En peu de pages, elle installe un climat pesant et notre respiration épouse lentement celle du narrateur qui vomit ses mots vers une libération qu’il n’attendait plus. Une logorrhée parricide sans concession et ô combien efficace… Il faut cracher les douleurs, vomir les rancœurs et dire toute la peine qui jaillit d’une bouche qui voudrait hurler tout ce qu’elle a trop longtemps tu, encaissé. Le portrait du père est glaçant de réalisme et ses discours, hélas un peu trop d’actualité, sont à vomir. Ayant récemment achevé En finir avec Eddy Bellegueule, j’ai pu y retrouver certains échos douloureux. Un livre qui ne peut laisser insensible et qui demeure, malgré la gravité du sujet, d’une sombre et obscure beauté sous la plume de Cathy Ytak.
» Avec eux, je me suis rappelé qu’il y avait des familles où la peur est absente.«
Merci à mon Elo pour le conseil enthousiaste et à Hélène qui a vraiment tout ce qu’on cherche dans son CDI…
Le blog de l’auteur.
50 minutes avec toi – Cathy Ytak
Coll.D’une seule voix dirigée par Jeanne Benameur et Claire David.
Actes sud Junior – Dès 12 ans.
ISBN : 9782742792672
8€ / 77 pages
Je ne connais pas cet auteur, mais le livre à l’air très intéressant. Je note
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Rencontrée lors du salon du livre de ma ville. Une femme très douce et particulièrement sympathique. Je te souhaite d’apprécier ce titre autant que moi.
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Encore un moment fort de lecture !
Tu n’arrêtes donc pas ?
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Le problème, c’est que je délaisse lâchement mes copies… Essaie vraiment de lire ce titre !
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Un roman qu’il faut que je découvre, assurément.
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Il vaut vraiment le détour. Un récit décapant !
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J’ai très envie de le lire. Merci pour cette découverte.
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Un texte très fort !
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Un magnifique billet pour une histoire très dure visiblement. Merci du conseil.
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De rien ! A lire absolument !
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Une logorrhée parricide ? J’ai peur que la forme ne me rebute.
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Ce serait dommage. Pour le peu de pages à lire, tu peux t’y risquer et qui sait, être surprise…
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Je n’aime pas trop les monologue mais ton billet me tente
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Ce serait dommage de passer à côté !
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Ce serait dommage de passer à côté…
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Je ne vais pas être originale en te remerciant pour le partage 😉
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ça me fait plaisir à chaque fois ! 😉
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Merci pour la découverte !
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Cathy Ytak écrit depuis longtemps et commence enfin enfin à être reconnue ! Dans une ambiance très proche, « rien que ta peau » est aussi un livre magnifique et poignant.
On ne craint pas d’avoir à se forcer à lire, même si le terme de « monologue » est un peu rébarbatif : son écriture est fluide, simple, et je dirais légère même quand le thème est pesant.
De plus, avoir la chance d’écouter Cathy Ytak en lecture publique est aussi un grand moment.
Je ne saurais trop vous conseiller de suivre son blog pour tenter de rencontrer cet auteur trop méconnu dès que vous en aurez l’occasion.
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Rien que ta peau sera ma prochaine lecture justement.
Et effectivement, pour la lecture publique, vous êtes une sacrée veinarde !
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