Neuvième art

Hôtel particulier-Sorel

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« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir. »

Prenez donc une BD achetée juste parce que vous passez un après-midi des plus agréables avec Jérôme au 18e rendez-vous de la BD d’Amiens et que ce dernier vous la conseille, comme ça, l’air de rien. Prenez la première planche et constatez que le lieu représenté ressemble à votre futur chez vous. (Ce qui, après lecture, a quelque chose d’inquiétant…) Lisez et tombez aussitôt nez à nez avec les vers de Rimbaud et ce merveilleux poème « Ophélie ». En peu de temps, imaginez bien que le charme opère sur la faible lectrice que je suis…

Thé bouillant, lecture, cigarette, bain… Petites douceurs quotidiennes. Mais dans la baignoire, c’est le corps sans vie d’Emilie que les voisins retrouveront. Cela étant, Emilie demeure dans cette grande bâtisse et son fantôme va errer de pièce en pièce, d’étage en étage. Elle va alors découvrir la vie de bien des voisins aux comportements parfois étranges voire douteux. Dans cet hôtel particulier, les fantômes et les êtres vivants cohabitent dans une « vie » rythmée par les références littéraires (De Rimbaud à Carroll en passant par Pouchkine...)

Après ma lecture de Les Derniers jours de S.Zweig, je crois que j’ai trouvé en Sorel un de mes dessinateurs préférés. Son univers, d’une richesse absolue, rend les êtres d’une sensualité rare. Les femmes aux courbes envoûtantes ont ce charme inexplicable, les lieux vous donnent envie de passer « de l’autre côté du miroir » et l’onirisme qui parcourt toute cette BD vous emporte autant qu’il vous glace. C’est d’ailleurs peut-être ce qui m’a le plus convaincue dans cette BD, car le scénario un peu « décousu » n’a pas totalement emporté mon adhésion.

Comme le dit si justement Jérôme, cette BD a tout d’un album inclassable. Il faut je crois se laisser porter par le talent qu’a Sorel de vous perdre un peu dans son univers fantastique  sans crainte parfois, d’échapper au fil narratif…

 J’ai cherché dans l’amour un sommeil oublieux, mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles fait pour donner à boire à ces cruelles filles Charles, mon amour.

Les avis de Jérôme et Yvan. Le site de Guillaume Sorel.

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