BD de la semaine·Les classiques c'est fantastique

Voltaire – Le culte de l’ironie – Jean-Michel Beuriot & Philippe Richelle

Nous sommes en 1765 lorsque le biographe attitré de Voltaire arrive pour accomplir son œuvre. L’heure est venue pour le philosophe de lui conter sa vie. Ce ne sont pas les temps forts qui manquent à l’appel. Ainsi, les planches nous plongent dans ses souvenirs plus personnels et intimes – entre éducation à la dure chez les Jésuites et les escapades dans les maisons closes pour honorer son dépucelage – mais également dans les pages moins confidentielles que l’Histoire littéraire a retenues. Ces moments surgissent des conversations entre les deux hommes ou de cauchemars d’un Voltaire déclinant, hanté par ses combats passés.

Mon cher ami, je préfère la luxure de l’enfer à l’ennui du paradis.

Conformément aux attentes d’une biographie dessinée, nous découvrons au fil des pages l’homme qui se forge homme de lettres. Le trait, de facture assez classique, se veut joliment soutenu par une gamme de couleurs à l’aquarelle qui sied parfaitement aux costumes et décors d’époque. Cette douce légèreté graphique n’en rend que plus marquant le contraste saisissant avec la densité des bulles très bavardes qui convoquent énormément de noms de ses contemporain·es.

En relatant la vie de Voltaire, c’est ainsi tout un cercle, un entre-soi (somme toute assez insupportable) qui est mis en lumière, dans leur vie mondaine, leurs petits arrangements mesquins et leurs manigances hypocrites. On couche ici pour obtenir cela, on glisse quelques « bons » mots pour jouir des faveurs des puissants et l’on assume ses rêves d’ascension sociale en s’affranchissant de certaines conventions et en dégainant des pamphlets qui font se retourner les vestes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire… Soit.

Depuis Racine, il n’y avait pas eu de grand auteur dramatique en France. J’ambitionnais de combler ce vide.

J’aurais aimé trouver en ces pages toute l’ironie grinçante et désabusée que j’attendais d’un tel personnage et d’un tel titre. J’avoue avoir lu sans aucun entrain cette immersion dans le XVIIIe, sans jamais vraiment m’enthousiasmer pour l’auteur tel qu’il transparait dans cet album. Lire ses œuvres me suffit car c’est indéniablement entre ces lignes que brille son véritable et virtuose culte de l’ironie.

Un billet idéal pour notre rendez-vous mensuel qui s’offre un retour au XVIIIe mais une lecture poussive qui me semble plutôt dispensable.

Prolongements ou échos :

  • Candide ou l’optimisme – Michel Dufranne, Gorian Delpâture, Vujadin Radovanovic
  • Voltaire amoureuxClément Oubrerie
  • Voltaire (très) amoureux Clément Oubrerie
  • Mes Hommes de Lettres – Catherine Meurisse

Voltaire, Le culte de l’ironie – Jean-Michel Beuriot & Philippe Richelle
Éditions Casterman
 20€ / 104 pages / 2019
BD de la semaine /Biographie dessinée

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Et ce mercredi, les chroniques de la BD de la semaine sont au milieu des livres

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Fanny                                      Mylène                              Gambadou 

Nath                                     Eimelle                                Soukee

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