Elles ne pourront échapper à l’omnipotence masculine. Au pouvoir, ils écrasent et anéantissent dès que l’occasion se présente, toute possibilité de s’épanouir en dehors de chemins balisés. Si vous êtes nées femmes, vous ne disposerez ni de votre corps, ni de votre libre-arbitre. S’opposer, c’est affirmer cette singularité qu’ils exècrent. Se taire, c’est s’accommoder d’un compromis qu’Hila refuse viscéralement. Limitées dans leur être et dans leur mouvement, les femmes maudites dès leur naissance se voient refuser l’accès à la forêt, devenue lieu interdit trop propice aux connexions mystiques de celles que l’on soupçonne bien vite des pires méfaits.
Qu’a-t-on fait pour devenir les ennemies de notre propre monde?
C’est pour cette raison qu’elle est conduite au cœur de la cité de Scaër, particulièrement réputée pour le sort cruel qu’elle réserve aux sorcières. Emprisonnement, place publique et bûcher, qu’importe le crime puisque le triste spectacle appelle à l’exemplarité en exterminant les dissidentes un peu trop libres de penser et de clamer leur puissant besoin d’indépendance. Accompagnée de sa mère condamnée pour avoir soutenu le maudit fruit gâté de ses entrailles, elle semble pourtant bénéficier d’une attention toute particulière de la part de certains dirigeants de la cité. Est-ce à cause de cette prophétie dont la rumeur enfle de plus en plus dans les allées de la ville ? Serait-ce en lien avec ce que Le Grand Livre promet au peuple s’il surgit dans leur monde une jeune femme qui changera leur destin ?
Je pense qu’il n’existe pas une femme dans ce monde qui puisse oublier ce qui arrive aux sorcières.
Premier roman de Yuna Visentin, Hila – Le réveil des sorcières – nous plonge dans un récit qui mêle le présent et le passé de l’héroïne. Dans un monde communautaire qui effraie dans son exercice du pouvoir arbitraire sans recul ni bon sens, Hila devra trouver sa place malgré le sursis qui pèse sur ses épaules. L’arrivée dans la terrible cité de Scaër rebat les cartes puisqu’entre ses murs, les opprimé·es ont la révolte qui naît lentement en eux face à un mode de gouvernance fondé sur l’exclusion et la violence. Face à cette rage intérieure qui dévore celles et ceux qui ne veulent plus se contenter d’admettre l’intolérable, des alliances inattendues se créent. Et si l’audace prenait le pas sur la retenue ? Et si certaines réticences démesurées se délestaient de leur craintes pour trouver la voie rédemptrice du renouveau?
Depuis toujours Hila et Adel avaient été élevées dans la crainte et la haine de la sorcellerie. Elle savaient qu’on disait des sorcières qu’elles pouvaient faire parler des choses de la nature en racontant leur histoires. Mais c’était la première fois qu’elles comprenaient réellement le pouvoir des récits.
Elle n’avait plus la force de chercher la beauté qui se cachait dans ses émotions les plus mauvaises.
Échos et prolongements :
- Les Filles de la Walilü – Cécile Roumiguière
- L’Année de grâce – Kim Liggett
- Villa Anima – Mathilde Maras
- Les Dix Petites anarchistes – Daniel de Rouet
Hila, le réveil des sorcières – Yuna Visentin Éditions Kiwi romans – Collection Les Mystiques 23€ / 408 pages / 2022 Roman jeunesse / Destin de femmes / Premier roman |
un livre que je n’aurais pas remarquer sans ce billet merci
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On parle trop peu de lui c’est regrettable.
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cette histoire autour d’un personnage féminin m’intrigue mais je crains le trop mystique 🙂
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Si ça peut te rassurer, j’avais la même appréhension et finalement pas tant que cela. En tout cas ce n’est pas du tout ce qui cimente le roman et fort heureusement !
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Merci pour ton avis qui m’a éclairée sur ce roman dont le titre avait titillé ma curiosité !
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Je te souhaite de passer à l’étape suivante : te le procurer et t’y plonger dès que possible !
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Comme Luocine, je n’avais pas entendu parler de ce livre et j’avoue que je ne connais pas la maison d’édition.
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Il reste pour l’instant assez confidentiel. Et c’est dommage car c’est plutôt très agréable à lire et cela pose un regard intéressant sur la figure de la sorcière en littérature.
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