Profession ? Tueur à gages.
Je comprends et je parle toutes les langues, talent pratique pour un tueur international.
Une mission à accomplir, un corps, une mort constatée, une liasse de billets posée sur un coin de table pour solder la transaction. La profession de Gustave Babel pourrait presque sembler routinière s’il n’était pas un tueur à gage de grande envergure. Au service de La Pieuvre, mafia parisienne impitoyable, il est l’homme de la situation et sa réputation ne laisse aucune place au doute pour répondre de son talent. Mais voyez-vous, la tension se noue dès les premières pages c’est son corps se vidant de son sang qui gît sur le sol d’un manoir en Argentine… Dès lors, et le temps de s’éteindre, nous nous retrouvons plong·ées dans les méandres de ses souvenirs et reconstruisons le passé obscur de ce personnage charismatique à souhait.
Allons Monsieur Babel, morts ou vivants la différence vous touche-t-elle vraiment?
Étrange et mystérieuse, écrite sous une plume qui fait la part belle à la littérature, l’histoire que nous livre Gess est un album dans lequel plane l’aura du génie de Charles Baudelaire. Au fond de sa poche, le héros garde précieusement un exemplaire du livre interdit qu’est Les Fleurs du mal et il s’enivre de poésie comme d’autres le feraient avec le meilleur des vins. Torturé, tiraillé par un sommeil plein de cauchemars, Gustave Babel est un homme aussi sombre que les planches dans lesquels il déambule, errant dans les rues dangereuses qui ne demandent qu’à avoir sa peau.
Mon sommeil demeurait vide. Je sombrais alors dans la mélancolie, trouvant refuge auprès de Charles. Sa présence rugueuse m’apaisait. Ses vers étaient un baume sur ma fiévreuse impatience.
À la recherche d’un passé oublié.
S’il tue avec froideur et méticulosité, notre héros sait également se montrer particulièrement avenant et protecteur quand il le faut prendre soin de son amie d’enfance, prostituée à ses heures perdues quand l’argent vient à manquer… Dans ce désordre narratif – puisque le trouble et la mémoire parcellaire se traduisent par une explosion de la chronologie du récit – surgit un ennemi juré qui semble avoir une emprise puissante sur le personnage : l’hypnotiseur, une silhouette de dandy squelette dont le souvenir rôde et devient un des motifs obsédants du livre. Le trait âpre et la palette terne pourrait en rebuter plus d’un·e, mais il est indéniable que cette immersion dans entre le XIXe et le XXe siècle est parfaite sous les crayons de Gess dont les pages – aux multiples clins d’œil et références – mettent en scène des héros aux corps qui rappellent parfois Egon Schiele.
Tu n’as plus de passé, tu n’as plus de souvenirs. Dorénavant, ton univers, c’est moi.
Seul bémol – et loin d’être des moindres- si j’ai lu cet album avec un intérêt sans cesse nourri par des planches très littéraires , je me suis heurtée à une fin dont la chute m’a laissée quelque peu perplexe. Malgré quelques retours en arrière pour examiner certains passages, quelque chose m’échappe encore et reste – à regret, très flou. Si je reste convaincue qu’il s’agit là d’une série à découvrir avec la curiosité fascinée des amoureux·ses du XIXe siècle, il n’en demeure pas moins qu’un petit goût de « qu’ai-je manqué pour que ce sentiment prenne le pas sur le reste ? » vient ternir tout l’enthousiasme éprouvé en tournant ces pages.
Les Contes de la pieuvre au milieu des livres:
La Malédiction de Gustave Babel / Un Destin de trouveur / Célestin et le Cœur de Vendrezanne / (Trois titres encore prévus)
Et cette fois-ci les chroniques de la BD de la semaine sont à retrouver chez Noukette
Rendez-vous mercredi prochain chez Fanny.

La Malédiction de Gustave Babel – Un récit des contes de la pieuvre – Gess Éditions Delcourt 24,95€ / 200 pages / 2017 BD de la semaine / 9e Art |
Il n’y a rien qui m’énerve autant que de rester dans le flou après une lecture 😁
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J’ai ce même rapport à la frustration. Alors je ne vais pas pouvoir compter sur toi pour échanger à propos de ce que je n’ai pas saisi…
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Je déteste terminer un livre en me demandant ce que je n’ai pas compris. Et comme je ne suis pas attirée plus que cela par l’album, je passe mon tour.
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Passe donc !
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Ah mince !
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je n’aime pas ça non plus ! Dommage!
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Pas toujours évident effectivement !
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Il faut que plusieurs personnes la lise pour pour pouvoir en parler !
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C’est exactement ce que je me dis. Je vais proposer une lecture collective pour un de nos mercredis… 😁
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Ah, dommage pour le (gros) bémol parce que ça m’intriguait bien…
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Je pense pourtant qu’il faut tenter la série. Comme quoi…
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Si le personnage a des manques, c’est peut-être logique que le lecteur se retrouve avec des incompréhensions.
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Certes. Mais c’est sacrément perturbant !
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Je ne connais pas. Dommage pour cette fin… l’ambiguïté est-elle voulue?
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je suis assez curieuse de ce que tu en dis malgré la fin 🙂
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Tant mieux car je demeure convaincue de la grande qualité de cet album. Et cela ne m’empêchera pas de lire les autres tomes d’ailleurs.
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Argh, dommage pour la fin ! Mais je tenterai si je le trouve en bibliothèque.
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Et je serais ravie d’en parler avec toi ensuite !
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Quel dommage que ce sentiment de fin… Les tomes prochains permettront peut-être d’y pallier?
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dommage pour la fin !
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Je comprends ta frustration, c’est rageant… La série a l’air sympathique malgré tout, je garde l’idée en tête…!
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J’y viendrai sans aucun doute.
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Dommage que le final ne soit pas à la hauteur, en effet… Cela ne donne pas envie.
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C’est un point bémol pour moi, sachant que cela reste une BD de très grande qualité.
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