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Bergères Guerrières (1) – Jonathan Garnier & Amélie Fléchais

Elles ne vivent quasiment plus qu’entre femmes et filles depuis le départ des hommes pour la guerre. Elles ont pris l’habitude de vivre ensemble et se transmettent les savoirs et savoir-faire nécessaires pour assurer la survie de leur communauté. Le jour de leur dixième année, certaines d’entre elles, suite à une cérémonie des plus solennelles, rejoignent la fière lignée des bergères guerrières. Sous leur cape verte et leur tignasse enchignonée, ces demoiselles au tempérament de feu vont apprendre à manier les armes, dompter leur bouc-destrier, tirer à l’arc avec précision, maîtriser le marteau comme personne.

Porteuses d’une mémoire que l’on devine pleine de souvenirs et peuplée de secrets, les femmes voient leur filles apprendre à dompter leur fougue, à apprivoiser leur impatience. Leurs tuteurs et tutrices s’emploient ainsi à faire d’elle les futures guerrières d’un territoire qui, au-delà des enceintes, se voit peuplé de sorciers aux corps disloqués et de créatures qui se dissimulent dans la brume.

Cet album a la tonalité des récits médiévaux tout en dépoussiérant en profondeur les poncifs sur lesquels ils s’appuient. Ici, les femmes ont un rôle traditionnellement endossé par les futurs chevaliers et se plient au jeu de l’éducation traditionnellement réservée aux braves garçons. Bergères Guerrières est un titre ayant la teneur d’un récit d’apprentissage qui brise joyeusement les clichés, offrant à ses lecteurs et lectrices des héroïnes au caractère bien trempé.

Les personnages ont tous une volonté tenace, un goût certain pour l’entêtement et leurs faiblesses nourrissent les principales intrigues qui semblent se nouer dans ce premier tome. De l’ombre du père qui plane aux amitiés fortes, des relations familiales fragiles aux ego malmenés, les jalons des débuts se mettent en place avec un dynamisme évident qui appelle à se précipiter sur la suite des aventures de ces jeunes filles qui imposent leurs facéties et leur cadence.

Aucune nouvelle ni promesse de retour ne nous a été apportée. Mais de cette situation absurde et triste, nous, femmes du village, n’avons pas voulu devenir les victimes.

Le très captivant scénario de Jonathan Garnier, d’une intelligence subtile qu’il est diablement bon de lire, se voit illustré par le travail de la talentueuse Amélie Fléchais déjà très apprécié dans L’Homme Montagne. Le trait rond donne vie à des personnages pêchus, sacrément expressifs et agréablement impertinents. Quelques petites touches humoristiques sont dispersées au fil des cases et sont particulièrement bienvenues. Enfin, l’imaginaire qu’elle déploie dans une palette de couleurs douce et parfaitement travaillée donne à cet univers un charme assez fou qui invite à s’emparer des opus suivants avec un inextinguible enthousiasme. Une série jeunesse découverte sur le tard et qui mérite sans nul doute le succès qu’elle connaît.

Merci à David Périmony & Soizic pour le prêt et à Pauline pour l’habile suggestion lors de notre week-end aux RDV de la BD d’Amiens.

Prolongements et échos:

 

Bergères Guerrières –  Jonathan Grenier & Amélie Fléchais
Éditions Glénat – Collection Tchô
15.50 € / 72 pages / 2017
Prix des collèges FIBD 2018
BD de la semaine9e ArtSacrées femmes

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Les chroniques des amoureuses des bulles se retrouvent

Au milieu des livres

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Nath                          Mylène                     Eimelle                    Pati

Blandine                          Maël                          Karine                      Soukee

22 réflexions au sujet de « Bergères Guerrières (1) – Jonathan Garnier & Amélie Fléchais »

  1. Malgré les avis enthousiastes (et le tien avec désormais), je n’ai pas vraiment apprécié cet album. L’idée est bonne avec de bons passages ou mots mais j’ai trouvé le récit trop en miroir de ce qu’il veut dénoncer et changer : la place des filles/femmes, le faisant passer d’un extrême à un autre.

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      1. Tant mieux, je te souhaite une bonne lecture jusqu’à la fin ! En retournant voir ma chronique, c’était surtout le dessin du troisième tome qui m’avait moins plu… Quoi qu’il en soit, il serait temps que je me penche sur le dernier !

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  2. J’ai fait dédicacer le tome 1 pour mes enfants et le tome 4 pour « mes » élèves en avril dernier, c’était une chouette rencontre ! J’aime bien cette série qui change des titres habituels en jeunesse.

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