Tout commence par une liste. Celle de tous ces lieux, commerces et monuments qui nous entourent en observant la Place Saint-Sulpice au cœur de Paris. Mais comme le souligne assez vite le facétieux Perec, c’est à tout ce qui échappe d’ordinaire au regard que ce livre sera consacré. Passé ce préambule, il sera toujours question de liste, évidemment. Mais à une somme de petits détails qui happeront l’œil affuté de l’écrivain.
Mon propos dans les pages qui suivent a plutôt été de décrire le reste : ce que l’on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages.
Si ce texte sera lu à la vitesse du dernier Annie Ernaux, il ne faut toutefois pas s’attendre à lire le roman étoffé d’un quartier parisien. Perec aime jouer avec la langue mais aussi et surtout avec les attentes des lecteurs et lectrices. Cet exercice d’écriture expérimentale donne à voir Paris comme nous pourrions toutes et tous prendre le temps de l’observer. Les gens qui passent, les véhicules qui vont et viennent, les habitués qui se mêlent aux touristes (et réciproquement.) Si l’on peut le taxer de céder à la facilité, c’est assurément passer à côté de goût de l’amusement, c’est négliger toute la poésie quotidienne qui peut émerger de ces journées passées à observer les alentours. L’objet regardé importe peu finalement. C’est ici le regard qui se pose qui révèle la sensibilité d’un auteur qui a toute son importance.
Perec, assis à sa terrasse de café compulse, observe, liste, énumère. Il donne à voir le monde qui l’entoure mais dévoile aussi ce besoin qui nourrit l’écrivain·e de regarder le monde et faire de lui un champ d’inspiration. Un titre qui pourrait entre les lignes se faire éloge de l’oisiveté et qui donne envie de s’asseoir en terrasse et d’offrir à son regard curieux, amusé ou circonspect la plus légère des libertés…
Un crayon, un carnet, un café s’il vous plaît !
Mon point de départ européen sera assurément très chauvin puisqu’il s’agira de découvrir un titre de littérature française. Le reste de la semaine nous fera quitter nos frontières, je vous le promets !
Perec au milieu des livres : W ou le souvenir d’enfance
BO des pages tournées: La complainte du progrès Boris Vian
Voyons quels sont les textes choisis par nos participant·es en ce lundi classique qui marque joyeusement le lancement de la 3e saison de notre RDV Les classiques c’est fantastique ! Les chroniques de Fanny / Natiora / Lili / Lilly / Mumu / Mag / Lolo / Paolina / Marilyne / Ourse bibliophile / Pati / Alice / Madame Lit / Céline / Katell
Tentative d’épuisement d’un lieu parisien – Georges Perec Bourgeois éditeur – Collection Titres 6 € / 65 pages / 1975 Les classiques c’est fantastique [Saison 3] |
Il va falloir que je mette Perec dans mes prochaines lectures.
Je lirai des extraits du livre présenté, tout ça me rend curieuse.
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Je crois que c’est quitte ou double avec lui.
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Je ne suis pas forcément intéressée par les écrits expérimentaux, mais tu attires indubitablement mon attention sur ce titre. La poésie du quotidien et l’éloge de l’oisiveté qui peut s’y deviner me parlent déjà…
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J’ai lu ou entendu il y a à peine quelques jours (c’est dingue de ne pas me souvenir exactement)(était-ce vraiment Pérec ?) que pendant 12 ans il avait écrit chaque mois sur un quartier différent de Paris, un texte selon ses observations et un texte selon ses souvenirs. Pour montrer l’évolution objective de ces quartiers et l’évolution de ses souvenirs. Mais qu’il avait arrêté parce que les mutations étaient plus lentes qu’il ne l’avait pensé. J’ai l’impression que le livre que tu présentes s’inscrit dans une démarche similaire.
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Je te donne le bon lien pour ma participation (tu as mis ma BD ^^) : https://lejardindenatiora.wordpress.com/2022/05/30/voyage-sentimental-en-france-et-en-italie-de-laurence-sterne/
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OUPS ! Je m’occupe de ce pas de la mise à jour. Merci !
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Je préfère rester sur mon bon souvenir de W ou le souvenir d’enfance. Ses « nouveaux romans » m’avaient déçus.
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C’est un choix qui s’entend tout à fait.
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Ce fut extrêmement difficile de faire un choix pour cette thématique, et je n’ai même pas pensé à la France !. Je garde un grand souvenir de W, j’avoue que je ne me suis jamais tournée vers ce titre. Tu me donnes envie de tenter l’expérience ( de préférence à Paris :)).
Encore une question d’organisation : jusqu’à quand peut-on publier une seconde participation ?
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Tu peux publier ton 2e titre jusque dimanche en fin de journée. Cela te laisse un peu de marge encore.
Quant aux choix à faire, ce n’est je crois que le début d’une douzaine de dilemmes littéraires à venir. Mais c’est aussi là que réside tout le plaisir de ce RDV. (En ce qui me concerne.)
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J’ai envie de sauter maintenant dans un avion direction Paris et de m’assoir quelque part, juste pour observer, juste pour prendre le temps, juste pour respirer. Perec me fait de l’oeil depuis un bon bout de temps… Il faudrait que je le lise… Merci!
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Embarquement immédiat. Je crois que l’idée de le faire, le vivre est plus grisante que le contenu même du roman. Mais c’est cette envie qu’il provoque en nous de le faire à notre tour qui donne tout son charme à cette oeuvre-là.
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La 3e saison commence sur les chapeaux de roues !
Je ne connais pas ce titre mais je garde de très bons souvenirs de La disparition et de Je me souviens, tu me donnes envie de relire du Georges Perec 😉
Pour moi, deux titres, un anglais et un espagnol :
L’œuf de cristal de H.G. Wells (Mercure de France, 1899, Angleterre)
https://pativore.wordpress.com/2022/05/30/loeuf-de-cristal-de-h-g-wells/
Les quatre fils d’Ève de Vicente Blasco Ibáñez (La Revue de Paris, 1922, Espagne)
https://pativore.wordpress.com/2022/05/31/les-quatre-fils-deve-de-vicente-blasco-ibanez/
Demain c’est La BD de la semaine (elle n’a rien à voir avec les classiques) mais peut-être encore un titre jeudi si j’ai le temps 😉
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Merci pour tes liens.
La disparition est une prouesse mais il faut avouer que je trouve ce texte assez indigeste.
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@ Lolo : je ne peux pas déposer de commentaire sur ton blog… Très bon choix car tu as fait un tour d’Europe avec un seul livre et à une période importante 🙂
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