Comment dire le pouvoir qu’un non offre à celle qui le prononce? Comment verbaliser le vertige grisant d’éprouver la pleine sensation de liberté? Comment donner ce qu’il faut de nuance à la conception si complexe du bonheur ? Comment dire le sentiment amoureux qui inonde les Arts et submerge nos vies? Autant de questions qui réveillent l’adolescent·e que vous étiez, parfois peu disposé·e à entrer trop tôt en philosophie…
S’il est bien un livre qui aurait pu ne jamais arriver entre mes mains, c’est celui-ci. Peu lectrice d’essais (mais c’est en train de changer) toujours réticente à me lancer dans les écrits philosophiques que je ne trouve accessibles qu’à un cercle restreint d’initié·es, rien ne laissait croire que ce titre croiserait ma route… Et pourtant, ce fut une petite parenthèse de lecture des plus agréables en ce début d’année.
La première chose que la pièce de Shakespeare nous apprend sur l’amour, c’est qu’il se déclenche lors d’une rencontre avec la beauté. Par beauté, il ne faut pas entendre une apparence visuelle qui répond à des critères esthétiques précis, mais plutôt un certain charme, une certaine élégance, une certaine manière d’être qui promet à celui qui la contemple plus qu’elle ne lui en montre : des jours heureux en sa compagnie.
Les réflexions qui jalonnent cet essai sont faites d’aphorismes d’une grande justesse et de chapitres succinctement développés… Mustapha Fahmi convoque pour cela de grandes œuvres de la littérature en utilisant ses protagonistes pour illustrer ses propos sur des thèmes comme l’amour, le cynisme, le travail, l’autre, la liberté ou l’identité. Si la brièveté et la concision peuvent parfois laisser un petit goût de frustration, l’on peut concevoir ces pages comme le point de départ d’une conversation avec soi, le tremplin d’un raisonnement à mener, la petite graine semée vers un travail plus intime et introspectif.
C’est la passion pour la littérature qui rapproche Paolo et Francesca, qui les jette l’un dans les bras de l’autre et les rend immortels. Le fait qu’ils soient encore ensemble, même en enfer, montre que leur amour transcende le temps, les mœurs et les religions. Dante et Rodin ont raison d’insister sur la présence du livre: sans littérature, il n’y a probablement ni amour ni baiser. (Troisième élément, à propos de La Divine Comédie et de la sculpture Le Baiser de Rodin.)
Le parallèle littéraire est ici un atout incontestable puisqu’il donne une envie furieuse de se plonger dans les œuvres citées pour mieux côtoyer les héros et héroïnes de papier, souvent miroirs de nos tourments ou questionnements. Lire ces pages, c’est donc se retrouver face à sa bibliothèque une fois l’essai refermé pour extirper des étagères trop chargées les classiques (encore et toujours) qui n’attendent que nous. Lire ces pages, c’est aussi faire converser de manière aussi belle qu’improbable Le Roi Lear et Hamlet, les œuvres de Dante et Rodin, les personnages austeniens et les femmes de la société contemporaine. Une lecture cathartique à souhait à picorer, dévorer puis digérer.
Il y a plus douloureux que de se sentir coupable envers quelqu’un: ne plus avoir la chance de lui demander pardon.
Première pierre à l’édifice pour mon défi En sortir 22 en 2022.
La promesse de Juliette – Mustapha Fahmi Éditions La Peuplade – Collection Essais 18€ / 170 pages / 2021 S’essayer à l’essai – Philosophie – Lire l’ailleurs – En sortir 22 en 2022. |
Avant que tu n’en parles, je n’avais pas prêté attention à ce livre ( alors que La Peuplade et moi c’est une histoire d’amour 😁)
Je pensais même que c’était un recueil de poésie..
Les thèmes abordés me parlent beaucoup et toutes les références littéraires ont tout pour me plaire.
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Je suis effectivement très surprise de l’avoir lu avant toi tant je sais combien tu affectionnes cette maison.
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Les passages que tu cites sont attirants.
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Reste à sauter le pas.
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comme toi, je ne suis pas très portée sur les essais…mais c’est en train de changer. et je découvre ici une maison d’édition queje ne connaissais pas, double plaisir! 🙂
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Je sens aussi que les choses changent et évoluent de mon côté. Et j’aime assez l’idée. Pour la maison d’édition, tu as de belles lectures devant toi.
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Un livre dans lequel on peut venir piocher ?
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Absolument. Tu pioches, tu picores.
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