Mais la mer, c’est différent. On ne peut pas s’en prendre à la mer. La mer fait ce qu’elle veut.
Impassible, M regarde vers l’horizon. L’océan, à perte de vue, les vagues mouvantes et cette ligne imaginaire où semblent se rencontrer l’eau et le ciel. Songeur, joueur, hypnotisé par la valse des petits poissons chatouilleurs ou des oiseaux acrobates. Le joli ballet.
Mais face à ce paysage qui déploie toute sa beauté, le cœur du jeune garçon n’est pas à la fête. Submergé par sa peine, il voudrait noyer les souvenirs. Aujourd’hui, les larmes discrètes rejoignent l’eau salée et de nombreuses questions martèlent son esprit comme les vagues heurtent les digues des bords de mer. Y aurait-il quelqu’un, au loin, à l’autre bout du monde, qui partagerait sa mélancolie et sa solitude?
M comme la mer est un album qui explore en quelques pages pleine de silence les tourments d’un esprit nostalgique. Il fait partie de ces titres pour lesquelles la narration laisse beaucoup de place aux ressentis et aux émotions sans jamais cloisonner l’interprétation du lectorat. Riche de ses mystères, étrange par son économie de mots, la magie de ces pages repose également sur le talent bluffant de Joanna Concejo qui joue la carte des pages gorgées de souvenirs et d’instants photographiés.
Et d’où me vient cette tristesse alors que le soleil brûle de tout son éclat?
Sous ses crayons pastel, la poésie œuvre et s’immisce à pas feutrés pour entretenir tous les non-dits. L’image n’est qu’un écho lointain aux textes et se refuse d’être leur miroir fidèle. L’illustration est autre, allant bien au-delà de la frontière du récit. Loin de ce carcan littéraire, elle dévoile d’infinies possibilités d’interprétation, comme une bouteille à la mer remplie de secrets que l’on trouverait sur le rivage. Ne serait-ce pas une belle métaphore de cet âge incertain où l’enfance nous quitte, où l’adolescence et ses remous font tanguer le cœur, le corps et l’esprit? C’est délicat, incroyablement saisissant, à condition de se laisser prendre au jeu de pages qui n’offrent pas nécessairement toutes les clés.
BO des pages tournées : L’autre bout du monde – Émily Loizeau
M comme mer de Joanna Concejo Traduit par Margot Carlier Éditions Format 19,90€ / 52 pages / 2020 Dans la sélection du SLPJ de Montreuil 2021. Je lis aussi des albums / OLNI / Que jeunesse se fasse |
Je n’avais pas remarqué les personnages présents dans la couverture. C’est en effet très énigmatique !
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un graphisme qui sollicite l’imaginaire!
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C’est tout à fait dans l’esprit des crayons de l’artiste.
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bien tentant ! On dit « mer », j’accours 🙂
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Un prochain billet avec un titre qui commencera par une seule lettre ?
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C’est vrai que ça fait deux à la suite, sans y prêter attention…
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