Elle n’est qu’une adolescente quand elle croise le Chinois. La petite étrangère si pauvre, le jeune homme riche de bonne famille. Dès qu’ils se croisent, un désir puissant les habite et ne les quittera jamais vraiment, malgré les autres corps, malgré l’éloignement et les obligations que leur imposent leurs rangs, leurs origines, leurs familles. Cette attirance quasi magnétique les conduira très vite à devenir amants et dans ces bras-là, la jeune femme découvre les plaisirs charnels.
L’œuvre de Duras laisse surgir une parole vertigineuse, saccadée, à la fois essoufflée et pleine de silences-respirations. Fruit d’une narration qui n’a rien de bien traditionnel, elle rompt les codes en laissant s’exprimer ses pensées et souvenirs dans un mélange de pensées et de récit qui parfois désarçonne. L’approche narrative est ici moins alambiquée. Si l’on découvre l’autrice plus âgée – comme un récit cadre à cette adaptation – l’essentiel des mises en scène est consacré à cette histoire d’amour. Kan Takahama ampute également toute la complexité des liens familiaux qui tourmentent la famille de l’adolescente. Ainsi, la passion prend le pas sur toutes les autres thématiques développées dans les pages du roman. Un parti pris qui n’a rien d’incohérent mais qui ne donne qu’une vision parcellaire du célèbre classique…
Je sais que vous ne m’aimez pas. Que sans doute vous ne m’aimerez jamais. Vous m’avez suivi jusqu’ici comme vous auriez suivi n’importe qui. Je vous aime … Mais je suis seul avec cet amour. Atrocement seul.
Enfin, pour les puristes et amoureux de Duras, l’adaptation vient aussi et surtout atténuer la singularité de la prose tranchante et déstabilisante de l’autrice. Si l’esprit de l’œuvre est évidemment respecté, l’on n’en demeure pas moins privé·es de cette langue durassienne qui peine à survivre au passage côté bulles.
Le trait de Kan Takahama, indéniablement lié à l’atmosphère du manga, donne aux planches quelque chose d’assez lisse, mais l’artiste parvient tout de même, dans ses cadrages et jeux de lumière, à inonder les planches du profond désir – latent ou vécu – qui bouleverse les amant·es. Pour un texte qui place l’effervescence des corps au cœur de son histoire, le choix d’une mise en scène sobre et pudique est néanmoins privilégié. Les étreintes se gorgent d’une sensualité discrète et la multitude de plans rapprochés ne fera que reculer l’inéluctable échéance qui éloignera les protagonistes. Un album qui cerne ainsi l’univers de Duras sans jamais le desservir ni totalement le retranscrire… Une occasion intéressante de se lancer dans l’œuvre, et d’autant plus pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus par la plume ou les choix narratifs de l’autrice.
Les chroniques classiques de Fanny / Natiora
- Ma chronique du roman: L’Amant – Duras
- D’autres histoires sulfureuses d’amant·es et d’amours interdites: L’Amant de Lady Chatterley / Lolita
L’Amant de Marguerite Duras par Kan Takahama Traduit et adapté par Corinne Quentin Adaptation cinématographique par Jean-Jacques Annaud Rue de Sèvres 18€ / 156 pages / 2020 Dire l’amour / Les classiques c’est fantastique ! |
Pourquoi pas ? Je n’ai jamais lu Duras, ça me déciderait peut-être ?
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J’ai beaucoup aimé ce roman graphique surtout pour la qualité des illustrations et ses pastels alors que j’ai trouvé le roman brouillon (à l’époque) et il faudrait peut être que je le relisé. J’ai préféré Barrage contre le Pacifique (mon préféré d’elle) 🙂 .
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Tu m’avais déjà donné envie de lire le roman, tu me tentes aussi pour cette adaptation.
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Je me disais que ce serait sans doute une de mes prochaines lectures. Adapter la prose de Duras n’est pas aisé me semble-t-il. J’aime assez le graphisme. Tu me donnes envie de relire le roman aussi.
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Adapter Duras en bd fallait oser. Je serai curieuse de la lire même si je peux m’attendre à être « déçue » par les choix opérés.
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J’ai lu la BD tout récemment et elle m’a donné envie de relire « L’amant » (qui a survécu à mes nombreux tris au fil des années et se trouve toujours dans ma bibliothèque 🙂 ).
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Le roman est tellement beau, que je ne suis pas sûre de vouloir voir l’adaptation BD
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Le roman m’attend mais la BD me tente aussi beaucoup. Son tour viendra bientôt 😉
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j’avais beaucoup aimé ma découverte aussi, je n’ai pas lu le roman 😀
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Peut-être te lanceras-tu un jour…
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Je n’ai jamais lu Diras, et même si cette adaptation ne la retranscrit pas tout à fait, cela peut être une bonne porte d’entrée vers ses romans
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C’est tout à fait l’idée !
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Je n’ai jamais lu Duras et je ne suis pas certaine d’aimer. A voir si je me lance au cours de challenge fou 😉
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C’est particulier. Ma première lecture ne fut pas très concluante. La deuxième bien plus convaincante.
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Je n’ai jamais lu l’Amant… je pense que je vais commencer par le roman!
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C’est un bon point de départ !
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J’étais très tentée, mais je ne suis plus très sûre de vouloir lire cette BD. J’ai adoré le roman en début d’année justement parce qu’il était tout sauf ce à quoi je m’attendais et bien plus complexe que son résumé.
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Si tu as adoré le roman, tu peux t’en contenter. La BD reste néanmoins très plaisante à lire.
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