Il faut bien que nous vivions, malgré la chute de tant de cieux.
Elle a épousé Sir Clifford. Par cette union, elle s’est assurée une vie paisible et confortable dans le monde des aristocrates. Celui qui décide pour les autres, qui contraint, qui a le pouvoir et l’argent. Issue elle-même d’une famille bien-née, Constance se retrouve pourtant malheureusement prisonnière d’un mariage qui ne l’épanouit guère. Si Lady Chatterley apprécie la vivacité d’esprit son époux lettré et ses conversations passionnées, son corps n’est que désirs inassouvis. Paralysé à la guerre, Clifford est cloué à une chaise roulante et la situation engendre bien des frustrations. Elle goûte alors à d’autres peaux, son mari l’ayant tacitement encouragée à trouver ailleurs – en toute discrétion – ce qu’il ne peut plus lui apporter.
Constance sentit de nouveau l’étroitesse, la pauvreté des hommes de sa génération. Ils étaient si étroits, si effrayés par la vie.
Mais dans ce jeu-là, une donnée non négligeable a été clairement sous-estimée. Oliver Mellors, garde-chasse de son état, brisé par un mariage chaotique et destructeur, trouvera en Constance une amante idéale. Ensemble, leurs désirs s’éveillent et s’expriment dans une valse des corps sensuelle et grisante. Au cœur de la forêt témoin de leurs ébats, les conventions sociales disparaissent en même temps que les tissus tombent. Chaque rendez-vous est alors l’occasion de céder à l’envie, de s’offrir à l’autre sans pudeur ni retenue. Une découverte charnelle et une quête du plaisir qui bien évidemment dépassera leurs attentes et les saisira par surprise.
Elle se sentait faible et entièrement, désespérément abandonnée. Elle appelait une aide du dehors. Mais, dans le monde entier, il n’y avait aucune aide. La société était terrible, parce qu’elle était insensée.
L’Amant de Lady Chatterley est né auréolé de scandale. Sexe, érotisme assumé, pornographie intolérable… Tout est – encore et toujours – question de point de vue/d’ouverture d’esprit. Comme souvent, lorsqu’il est question de sexualité, la censure fait rage… La bienséance brandit l’étendard de ce qui se doit se dire au fil des lignes et de ce qu’il est bon de reléguer au silence. Le roman de D.H Lawrence place ainsi son héroïne dans une époque où les conventions sociales imposent leur bon sens. Et comme elle dénote par son éducation libérée, par sa liberté incandescente très tôt cultivée par son père, par son goût sans cesse affirmé du désir à assouvir sans se se soucier des dites convenances. Dans ce roman, bien des voix se font entendre sur le bien fondé d’une telle attitude. Les discours vont d’ailleurs bon train sur la place du désir féminin et sur l’épanouissement de notre sexe. (Celles qui savent, savent…)
Nous sommes un couple de guerriers vaincus.
Lady Chatterley est une femme qui retrouve sa liberté dans un monde ancien qui pourrait oser la priver de cette jouissance inestimable. Assumant ses désirs, revendiquant ses sentiments quoi qu’il en coûte, elle est une héroïne incroyablement en avance sur son temps et une femme bien plus puissante que ce que la société lui laisse croire. Ses choix interpellent et se teintent d’une audace insensée puisqu’ils secouent allégrement une Angleterre très attachée à ses valeurs et à ses carcans sociétaux.
Une chose est sûre, poussez donc à votre tour les portes du domaine de Wragby, théâtre de cette passion clandestine et engouffrez-vous dans les chemins forestiers qui se moquent allégrement des interdits.
Quels menteurs, les poètes et tous les autres ! Ils font croire qu’on a besoin de sentiment. Mais ce dont on a suprêmement besoin, c’est de cette sensualité perçante, consumante, un peu horrible. Trouver un homme qui ose l’accomplir, sans honte, sans péché, sans regrets à la fin.
Un classique dévoré et adoré pour ce deuxième rendez-vous de la semaine consacrée à l’amour. Je vous laisse d’ailleurs retrouver les chroniques de Fanny et Pati.

L’Amant de Lady Chatterley de D H Lawrence (Lady Chatterley’s Lover) Traduit de l’anglais par F. Roger-Cornaz. Éditions Folio 6.30 € / 544 pages / 1928 Les classiques c’est fantastique / Dire l’amour |
Ohlala.. Très belle chronique pour un roman qui m’a toujours captivée.
Je suis heureuse de voir, cette semaine, des romans qui sortent des sentiers battus ( mais si pour ma part, je n’ai pas été très originale dans le choix des livres lus mais j’en parlerai vendredi)
J’aimeAimé par 1 personne
Je serais curieuse d’avoir ton avis. Une fois encore notre petit rdv tient ses promesses et ne cesse de me surprendre !
J’aimeAimé par 1 personne
Ce mois-ci remplit toutes ses promesses. Je l’aime ce rendez-vous !
J’aimeAimé par 1 personne
Moi aussi. Passionnément !
J’aimeAimé par 1 personne
Très belle critique…
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Goran…
J’aimeAimé par 1 personne
Jolie chronique. Que j’ai aimé ce roman et je pense que beaucoup n’osent pas l’aborder, il sent le souffre alors qu’à la lecture j’ai trouvé l’écriture, l’ambiance et les thèmes bien traités et pas si scandaleux que cela (enfin à notre époque). J’avais également beaucoup aimé l’adaptation au cinéma il y a quelques années…… 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Mumu ! Je te rejoins complètement dans ton ressenti… Je le lancerais bien dans l’adaptation cinématographique prochainement. (Mais je crains d’être déçue comme c’est souvent le cas.)
J’aimeAimé par 1 personne
Je l’ai trouvé, pour ma part, très réussie 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Tu donnes envie de partir à la rencontre de Lady Chatterley! Je le rajoute à ma longue liste de classiques à découvrir.
J’aimeAimé par 1 personne
Je te souhaite une belle immersion du côté de Wragby dès que possible!
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai rarement entendu parler de ce roman – un peu, bien sûr, mais pas tant que ça – et, clairement, il va falloir que je m’y mette, ça pourrait beaucoup me plaire ^^
J’aimeAimé par 1 personne
Je le trouve assez confidentiel pour un classique. Il me donne envie de découvrir l’oeuvre de Lawrence en tout cas!
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais beaucoup aimé ce roman pour son aspect social plus qu’érotique.
J’aimeAimé par 1 personne
Je comprends. Ce n’est pas tant son côté sulfureux qui m’a le plus marquée. Mais ce que cette relation provoque dans ce petit monde bien rangé.
J’aimeAimé par 1 personne
Ta chronique est très intéressante. Je ne m’étais jamais intéressée plus que cela à ce roman mais visiblement il vaut le détour.
J’aimeAimé par 1 personne
Merciii! J’avoue l’avoir acheté car vivement conseillé par une collègue dont c’est le livre préféré. Je ne regrette pas un seul instant.
J’aimeJ’aime
depuis le temps que j’ai l’intention de le lire celui-là ! Ah, chouette !
J’aimeAimé par 1 personne
Lance-toi sans hésiter !
J’aimeJ’aime
Eh oui, il fallait y penser !
Chez moi, un conte classique avec l’amour entre une bergère (orpheline et pauvre) et un prince 😛
Le Liseron illustré par Walter Crane et Edmund Evans (Hachette, 1874, 26 pages, Angleterre)
https://pativore.wordpress.com/2021/02/23/le-liseron-illustre-par-walter-crane-et-edmund-evans/
Joliment illustré 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Encore un titre méconnu que tu me fais découvrir ici !
J’aimeJ’aime
Tu me donnes tellement envie de relire ce roman, lu il y a très longtemps et dont je n’ai qu’un souvenir nébuleux. On sent que cette oeuvre t’a séduite et ton article est particulièrement convaincant. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir trouvé scandaleux (il faut dire que l’époque a changé…), mais tu décris une atmosphère particulière, sensuelle, que j’aimerais bien retrouver…
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne le trouve pas spécialement scandaleux non plus à vrai dire mais replacé dans son siècle, je comprends qu’il ait pu troubler. Cette sensualité-là a de quoi vite laisser s’embraser les critiques et les lecteurs. Je suis contente que tu aies apprécié cette chronique classique en tout cas !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, par contre, effectivement, je comprends tout à fait qu’il était sulfureux pour son époque !
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai dû le lire quand j’avais 17 ans, j’en garde un souvenir fort !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est aussi le souvenir que je garderai de lui.
J’aimeJ’aime
Comme j’ai aimé ce livre! Ta chronique lui rend un bien bel hommage.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci. Je suis contente que tu dises cela car il m’a tellement plu également !
J’aimeAimé par 1 personne
Souvenir d’adolescence. Je me dis toujours qu’il faudrait que je le relise !
J’aimeAimé par 1 personne
Lu il y a longtemps mais adoré !
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis contente de l’avoir enfin découvert !
J’aimeAimé par 1 personne
Je découvre sur le tard les chroniques du thème passé et n’en finit pas d’alourdir ma liste à lire 🙂 Ce titre-là est dans mes projets depuis quelques années et j’aime beaucoup le sens que tu donnes à ta très belle chronique.
J’aimeAimé par 1 personne