17 décembre – Je pense aux hommes dans ma vie et je me dis que je suis fatiguée des sentiments.
Ils se séparent, il doit déménager. Plus de nous. Deux je qui retrouvent leur individualité et se quittent lentement comme un pansement qu’on prendrait le temps de retirer sans avoir le courage de l’arracher d’un seul coup. L’histoire est vieille comme le monde… Alors que faire de ce déchirement-là? Il semblerait que le dessin et l’écriture viennent offrir une occasion d’analyser puis d’apprivoiser la douleur.
Est-ce qu’on meurt un peu chaque hiver?
Si l’on imagine aisément les reproches que l’on pourrait faire à ce livre, ce sont justement ces mêmes griefs qui en font sa force à mes yeux. Certes, le dessin est pris sur le vif et n’a rien de virtuose. Il donne l’impression d’un crayonné à la va-vite qui ne saura peut-être pas toucher les plus exigeant·es en la matière. Mais qu’importe puisque le but est de saisir cet instant-là, ce moment où les mots ne viennent pas toujours ou sont trop durs à formuler tant le chagrin annihile ou fragilise la réflexion. Dans ces pages, l’émotion se livre, brute et authentique.
Je n’arrive pas à concilier mes deux personnalités. L’hyperactive et celle qui voudrait s’enfermer pour écrire.
Journal est un livre du quotidien qui suit la rupture amoureuse. Il consigne les lectures – salvatrices – de la narratrice (il est évidemment question d’Annie Ernaux), les sentiments et questionnements qui la traversent et la dévorent. C’est un texte qui nous prouve – si tant est que nous avions besoin de cela – qu’alors que nous les pensons intimement uniques et si singulières – nombreuses sont les ruptures amoureuses qui se ressemblent. Et ces échos-là font curieusement presque du bien à lire, à retrouver, à partager tant ils sont projetés sur le papier avec la justesse d’un miroir. Les mots de Julie Delporte transpirent la sincérité et le vécu, et elle rappelle bien de nos chagrins sans pour autant en raviver cruellement la douleur. Avec elle, auprès d’elle et entre ses lignes: on sait que l’on porte cela en chacun de nous.
Les choses que je redoute arrivent l’une après l’autre, elles ne passent pas comme les trains, elles me rentrent dedans. « Paf », je n’ai aucune prise (il n’y a rien à faire) je ne sais pas où me protéger.
Je lis beaucoup. C’est une manière de m’alimenter.
Tout ce que je sais, c’est en lisant ce journal intime de Julie Delporte, j’ai refermé le livre avec l’envie immédiate d’acheter des crayons de couleur et un joli carnet aux pages blanches. La boite est désormais posée non loin de moi, pour les jours doux ou amers de 2021 qui auront besoin d’être consignés.
BO des pages tournées: Vide – Pomme
Journal de Julie Delporte Édition Pow Pow 22 € / 192 pages / 2013 chez L’Agrume puis réédité en 2020 chez Pow Pow . |
je note, cela semble très touchant.
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J’ai envie de le relire… ❤️
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Je comprends. Je le relirai aussi.
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Tu me donnes vraiment envie de le lire 🙂
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Rien qu’avec ta photo postée sur IG il y a quelques jours, j’étais déjà conquise. Alors avec tes mots d’aujourd’hui, c’est une évidence, il me le faut
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Je note également j’aime beaucoup l’idée de lancer ses sentiments et ses émotions comme ca…
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j’aime bien ces crayonnés qui donnent l’impression d’être jetés comme ça au fil des pensées!
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C’est exactement l’idée de ce journal ! Tant pour les images que ses mots.
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Graphiquement, c’est original.. mais ça pourrait me plaire ! 🙂
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C’est très simple mais ça dit beaucoup de nous…
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