Elle glisse, comme si le sol se dérobait sous ses pieds. Elle ne maîtrise rien de cette chute vertigineuse et se laisse dévorer par la montagne qui l’emporte dans sa mâchoire de glace et de givre. Le verdict est sans appel, sa chute sera mortelle. Dans ses bras, un enfant qui lui survivra. Il ressort sain et sauf des entrailles de la montagne mais les deux hommes qui le tirent de là ont commis le pire des outrages à la nature. Le sauver, c’est aussi le dérober à la Vierge des glaces qui avait fait de lui son captif. Dès lors, sa colère silencieuse promet de se venger et de récupérer cet enfant quand l’heure propice sera venue.
C’est là qu’habite la Vierge des glaces, la reine du glacier. Elle, qui tue, qui broie.
Le petit Rudy grandit alors, recueilli et aimé par ceux qui croisent son chemin. Devenu adulte, le voilà promis à la fille du meunier, la jolie Babette qu’il compte bien épouser. Attaché à la nature, profondément ancré dans cette contrée qui aime parcourir comme on erre dans un endroit familier, il n’en demeure pas moins irrémédiablement lié au fantôme de glace qui veille secrètement sur son protégé. Une histoire qui illustre à merveille cette maxime qui sonne le glas d’une promesse glaçante en brandissant l’idée que la vengeance est un plat qui se mange froid. Très froid.
Les puissances mauvaises mènent leur jeu, hors de nous et en nous.
La Vierge des glaces est un conte où se mêlent les éléments. L’eau des ruisseaux, la terre des monts vallonnés, l’air pur des sommets et le feu passionné qui sommeille en ses personnages. Plongé au cœur de la campagne suisse, le héros est lié par un fil invisible à la diabolique sorcière qui hantent les précipices des montagnes. Les ressorts du conte sont convoqués et exploités: au fil des pages, les défauts humains aveuglent et perdent leurs héros, les menaces des ennemis sont comme des engrenages que l’on déclenche sans trop savoir comment les arrêter, les petits bonheurs se mêlent aux grandes inquiétudes. Le récit repose sur un jeu d’antagonismes qui souligne les tensions dramatiques qui prennent possession des héros. Andersen offre à sa plume descriptive quelques envolées lyriques un poil surannées aux tonalités proches des romantiques du XIXe. Cette immersion au cœur de la nature suisse laisse une porte ouverte à cet onirisme magique qui plane tragiquement sur le récit comme le danger prêt à s’abattre sur ses protagonistes. Un classique tragique à lire au coin du feu…
Elles jouent aux maîtres, en bas, les forces de l’esprit! dit la Vierge des glaces. Ce sont pourtant les forces de la nature qui règnent!
Cette semaine, les contes étaient à l’honneur… Une fois de plus, la sélection promet d’être très éclectique… Allons donc lire la chronique de ma complice fantastique Fanny et celles de Natiora, Paolina, Alice, Pati, Céline, Litteraserum.

La Vierge des glaces de Hans Christian Andersen Traduit du danois par Régis Boyer Éditions Gallimard, dans la collection Folio 2€ 2€ / 96 pages / 1863 (2010 pour la présente édition) |
Ça donne envie de le lire. Je ne connais que très peu les contes d’Andersen mais j’aime assez l’atmosphère nordique qui s’en dégage.
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J’aime beaucoup cette thématique qui s’éloigne de mes lectures habituelles et je ne connaissais pas du tout ce conte d’Andersen.
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mission accomplie, j’ai très envie de me replonger dans des contes traditionnels!
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Tu as toute la semaine pour nous rejoindre sur ce thème ! ^^
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Eh bien, même pas besoin de venir donner son lien, le bilan est déjà fait, bravo 🙂
J’ai justement vu un beau documentaire sur Andersen https://pativore.wordpress.com/2020/12/20/deux-documentaires-sur-la-litterature-scandinave/
alors ça me donne envie de relire ses contes 😉
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Disons que lorsque je suis en vacances, j’ai le temps d’aller les cueillir directement sur les blogs…
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J’aurais tellement voulu avoir un petit Andersen dans ma pal car le seul conte lu de lui est « La petite fille aux allumettes » (tragique un jour, tragique toujours…)
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Je ne sais pas si ça apaisera tes regrets mais ce conte-là donne aussi dans le tragique. #FunkyChristmas
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Tu commences à me connaitre tellement !
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J’étais complètement passée à côté de ce conte.
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Je ne connais pas cet Andersen et ça me donne très envie de le lire. J’aime beaucoup ses univers tragiques.
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