BD de la semaine·Et mon coeur fait boum·Neuvième art

Malgré tout – Jordi Lafebre

Je ne sais pas ce que je crains le plus: les bonnes nouvelles ou les mauvaises.

Ana a épousé Giuseppe et leurs cheveux ont blanchi avec leurs yeux. Une vie d’amour, de couple qui grandit et se construit avec la solidité du temps qui passe. Une enfant, une vie bien remplie et des journées qui défilent au rythme prenant qu’impose son statut de maire dans une ville à laquelle elle a consacré sa vie. Un joli chemin tracé, bien tranquille et sans fausse note. Mais dans ce parcours exemplaire, un chemin de traverse s’est lentement dessiné, comme une vie parallèle qu’on emprunterait quand la vie le permet. Cette voie-là s’appelle Zeno. Un dandy baroudeur-libraire d’une classe folle au visage d’une infinie douceur.

 

On a toujours une raison de revenir, crois-moi, même si ce n’est que de temps en temps.

Avec Malgré tout, le talentueux Jordi Lafebre s’empare d’une histoire dont il signera pour la première fois le scénario, les dessins et la couleur. (Qu’il partage avec Clémence Sapin) Après le très émouvant Lydie ou la belle série Les Beaux étés, il s’attaque ici au récit d’un triangle amoureux, sujet on ne peut rebattu en littérature.

Un jour, peut-être, je comprendrai pourquoi ta simple présence met ma vie sens dessus dessous.

L’idée est alors de nous raconter ces deux histoires d’amour à rebours. Le chapitre 20 sera le premier de cet album et toute la lecture ne sera qu’un décompte qui nous mènera à leur première rencontre. Le lecteur saisira que le lien très fort qui unit Ana et Zeno  nourrit une histoire profondément platonique. Une vie partagée entre lettres et coups de fil musicaux, une vie faite d’éloignements et de rendez-vous impromptus, de voix qui se désirent sans que leurs corps n’assouvissent leurs envies, en se contentant du plaisir grisant des retrouvailles. Une manière de faire vivre une histoire d’amour imparfaite et impossible qui saura pourtant exister et perdurer, malgré tout... Parce que Zeno est de ces hommes insaisissables qui ne savent pas rester. Parce qu’Ana est une femme qu’une vie plus conventionnelle appelait.

Jordi Lafebre nous livre ici une bande dessinée à l’approche narrative rondement menée, faite d’instants saisis, de tranches de vie qui voient leurs personnages traverser les années et la vie en faisant disparaitre les traces du temps. Sous des crayons et couleurs qui se jouent de la chronologie, les visages rajeunissent, les cheveux perdent de leur blancheur, les visages gagnent en légèreté ou perdent leur insouciance, mais le profond sentiment qui les anime n’en est alors que plus intense et sincère. L’auteur-poète parvient ainsi à capturer dans ses cases avec un regard acéré, ces petits détails empreints d’une furieuse nostalgie et la douce mélancolie qui s’invite dans les pages envoûte. On aimera définitivement ces personnages pour la tendre complicité qui les unit, on se gorgera de leur lumière, de leurs zones d’ombre. On se tapira dans leurs silences et l’on se blottira dans la solitude de leur distance.

– C’est étrange… J’avais toujours cru que le cœur était une petite boîte dans laquelle on plaçait tout ce que l’on aimait… En réalité, il y a quatre tiroirs bien séparés. Et vous, qu’en pensez-vous? – Je crois que tous les cœurs ne fonctionnent pas tous de la même façon.

Les chroniques de Noukette / Sabine

Jordi Lafebre au milieu des livres: Lydie / Les Beaux étés  1 & 2 / 3 / 4

BO des pages tournées: Ma retenue Camille Hardouin

Malgré tout – Jordi Lafevre
Couleurs partagées avec Clémence Sapin.
Traduit de l’espagnol par Geneviève Maubille
Éditions Dargaud
22,50 € / 150 p / 2020
9e Art – La BD de la semaine

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Ce mercredi…

La BD de la semaine est au milieu des livres!

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Chroniques des amoureux des bulles

Karine          Stephie              Antigone            Blandine

Mylène          Amandine           Gambadou           Bidib

     Cristie            Eimelle              Pati               Nath

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