Mais il y a désormais Marceline Desbordes Valmore. Ses poèmes sont gorgés d’une fragilité amoureuse qui se glisse dans chacun de ses vers. Qu’elle dise l’attente, l’absence, l’amour de l’autre, cela ne se fait jamais sans une profonde mélancolie qui inonde les pages. Certains y verront de lancinantes complaintes, moi j’y vois aussi une douleur dont la poésie s’empare pour étouffer son cri, sa colère, ses regrets. Une voix de femme forte, une plume de femme blessée qu’il serait bon de sortir de l’ombre des canons poétiques du XIXe.
Il est des maux sans nom, dont la morne amertume
Change en affreuses nuits les jours qu’elle consume.
Se plaindre est impossible ; on ne sait plus parler ;
Les pleurs même du cœur refusent de couler.
On ne se souvient pas, perdu dans le naufrage,
De quel astre inclément s’est échappé l’orage.
Qu’importe ? Le malheur s’est étendu partout ;
Le passé n’est qu’une ombre, et l’attente un dégoût.
Détachement
Avec la publication de ce billet, je me rends compte qu’il n’est pas si évident d’écrire sur des lectures poétiques. De parler de ces mots agencés et orchestrés différemment pour venir aussi s’emparer de vos émotions. Seule s’impose l’envie de dire, lis ça. Un point c’est tout. Sans argument… En souhaitant simplement à l’autre d’aimer autant ou tout du moins d’y être sensible, de trouver à travers les lignes qui sonnent et résonnent ne serait-ce qu’un soupçon de la beauté qu’on a bien voulu voir en elles.
C’est quand on a perdu tout appui de soi-même ;
C’est quand on n’aime plus, que plus rien ne nous aime ;
C’est quand on sent mourir son regard attaché
Sur un bonheur lointain qu’on a longtemps cherché,
Créé pour nous peut-être ! et qu’indigne d’atteindre,
On voit comme un rayon trembler, fuir … et s’éteindre.
Détachement

Le recueil parfait pour ce rendez-vous classique d’août ayant pour thème « Dans le square les fleurs poétisent » que je partage avec Fanny. Les chroniques de Natiora / Alice / Pati
- Le petit podcast qui va bien sur la poésie de Marceline: ici!
- BO des pages tournées : N’écris pas (Poème de Marceline Desbordes-Valmore chanté par Benjamin Biolay)
Les Pleurs de Marceline Desbordes-Valmore Éditions Flammarion, dans la collection GF 9€ / 304 pages / 1833 (2019 pour la présente édition) Les classiques c’est fantastique ! – Instants poétiques |
Deux femmes à l’honneur, merveilleux !
Je connaissais de nom Marceline Desbordes-Valmore mais je ne m’étais pas ( encore) intéressée à ses écrits.
Je vois qu’on a eu les mêmes difficultés à écrire nos billets.
Il me semble que ce que l’on veut surtout faire cette semaine est d’illustrer les poèmes qui nous ont plu sans trop en dire et sans entrer des analyses trop pompeuses.
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Je suis ravie que nous ayons fait ce choix-là !
Je crois que la question du ressenti est centrale mais qu’il est plus difficile de l’aborder quand il s’agit de poésie… Mais je retiens que c’est un mois de plus, un pas de plus et que nous restons fidèles au poste. Et ça, c’est réjouissant.
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Très belle article… Écrire sur de la poésie je n’y arrive pas…
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Merci Goran, c’était loin d’être évident.
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Que voilà de bien jolis pleurs 😉
Poésie scandinave du IXe au XIIIe siècle pour moi avec l’edda poétique 🙂
https://pativore.wordpress.com/2020/08/31/ledda-poetique/
Bonne continuation du challenge et un beau mois de septembre 🙂
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Je trouve aussi que ces pleurs-là ont un charme fou. Merci une nouvelle fois pour ta participation. Le lien est à jour.
En espérant te compter parmi nous pour l’immersion antique !
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Je ne jure moi aussi que par le XIXe en poésie, je devrais tenter d’explorer d’autres contrées 😉
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Le défi classique est aussi là pour ça !
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Que ces mots sont beaux… je ne connaissais Marceline Desbordes Valmore que de nom également, je la lirai plus pour m’en imprégner davantage.
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Elle gagne vraiment à ce qu’on parle d’elle et qu’on mette bien plus en avant ses textes… Je suis contente qu’elle ait fait partie de ce rendez-vous.
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Je pensais connaître tous les poètes classiques au moins de nom, j’avais tort. Je ne connaissais pas Marceline Desbordes Valmore, et sa poésie est très touchante. Je vois les choses de la même façon que toi, la poésie ça se ressent, ça ne demande pas de grands discours. Et nous n’allons pas faire une analyse scolaire rimes croisées, embrassées, césure etc, alors contentons-nous de partager et laisser lire 🙂
Toutefois, j’ai coché la case d’août pour le challenge, et c’est ce qui m’importait le plus.
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Vous parlez vraiment bien de Marceline Desbordes Valmore. Merci de me la rappeler, de me donner l’occasion de la relire un peu ici ce matin.
BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
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Pas facile d’écrire sur des lectures poétiques, et pourtant tu le fais bien.
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