Freddy n’a d’yeux pour pour Laura. De l’amour qui la trouble, qui l’obsède, qui l’anime. Laura aime bien mal Freddy en retour. Freddy qu’elle quitte tous les quatre matins, qu’elle abandonne pour d’autres bras quand bon lui semble, qu’elle récupère en un claquement de doigts. De l’amour bancal, de l’amour sélectif qui ne fait exister l’autre qu’au gré des envies de l’instant.
Tout me ramène à elle. Moi la première.
Alors Freddy s’accommode tant bien que mal de ces va-et-vient imparfaits, de cette histoire d’amour à contretemps qui l’éteint à petit feu, puisqu’à chaque fois, elle ose espérer que les choses s’arrangeront. Commence alors le récit d’une relation en dents de scie, inquiètant l’entourage de Freddy qui ne voit guère d’un bon œil les répercussions néfastes de cette aventure qui détruit l’autre plus qu’elle ne la grandit.
Est-ce que tu m’as appelée parce que tu t’es retrouvée seule cinq minutes?
La vérité, c’est que les ruptures sont souvent brouillonnes. Comme le sont les gens. Comme l’est la vie. Donc il n’y a pas de mal à ce qu’une rupture soit vécue comme un désastre.
Si j’ai aimé lire Mes Ruptures avec Laura Dean, j’ai nourri une véritable détestation du personnage de Laura. Égoïste en puissance, toxique à souhait, elle n’a jamais su éveiller chez moi la moindre sympathie. Elle n’est amoureuse que d’elle-même et n’aime les autres que dans l’image qu’ils lui renvoient de sa petite personne finalement bien fade. Et, pensant briller au milieu de la foule, elle laisse ceux qui l’entourent se fracasser contre cette aura bien plus destructrice que fascinante. Ne jurant que par son amour de la liberté, elle néglige un point important de cette relation qu’elle vit à sens unique: partir, c’est aussi donner à l’autre l’occasion de saisir à son tour cette liberté qu’elle chérit tant. Reste à vouloir saisir l’opportunité de dépasser la douleur de la séparation, aussi déchirante soit-elle.
Après Cet été-là qui m’avait totalement séduite graphiquement (mais dont le scénario m’avait laissée de marbre), j’ai aimé découvrir cette nouvelle collaboration avec Rosemary Valero-O’Connell. Son trait noir profond se gorge ici d’un aplat rosé pour donner du corps et du relief au dessin. Certaines planches nous plongent immédiatement dans un univers digne des séries américaines pour adolescents tout en laissant s’exprimer un trait qui rappelle évidemment le manga.
Si Laura Dean vous abandonne encore une fois, qu’allez-vous faire?
En fin de compte, je crois que j’ai surtout aimé cette histoire d’amour adolescente pour tout le petit monde qui gravite autour des héroïnes. Cercle amical, famille aimante et compréhensive: l’amour se dit dans ses pages-là au-delà même du couple qu’il malmène. L’on pointe alors du doigt les éloignements qu’il induit, les non-dits qui rongent, les illusions qu’on étouffe dans la déception. C’est pas follement joyeux, certes, sans pour autant être d’un pessimisme plombant. Assurément une jolie lecture estivale.
Merci à Mylène d’avoir soufflé mon adresse dans les bonnes oreilles pour que ce titre arrive jusqu’à moi.
BO des pages tournées: I wanna be your dog – Émilie Simon
Mariko Tamaki au milieu des livres : Cet été-là.
Mes Ruptures avec Laura Dean Scénario de Mariko Tamaki, dessins de Rosemary Valero-O’Connell Traduit de l’anglais par Fanny Soubiran Éditions Rue de Sèvres 18€ / 304 pages / 2020 |
J’ai été relire mon billet sur « Cet été-là » et comme toi, le tout m’avait fortement ennuyée…
Ce genre d’histoire d’amour pourrait plus me plaire!
J’aimeAimé par 1 personne
Je le trouve vraiment meilleur que Cet été-là qui ne me laisse qu’un joli souvenir graphique.
J’aimeAimé par 1 personne
je vais passer sans regrets…
J’aimeAimé par 1 personne
Libre à toi.
J’aimeJ’aime
Je n’ai pas vraiment aimé « cet été là », et là le fait que l’héroïne soit antipathique … ça me refroidit.
J’aimeJ’aime
Certains grands romans sont portés par des figures héroïques détestables sans que cela soit finalement une barrière à leur lecture. Je trouve que cela a presque quelque chose d’expiatoire ce genre de rencontre littéraire.
Et le personnage de Freddy vaut vraiment la peine qu’on s’attarde sur ce binôme. (À mon sens…)
J’aimeJ’aime
Un roman graphique qui semble faire l’unanimité. Je suis curieuse de le découvrir et il fera certainement l’objet d’un futur emprunt 😉
J’aimeJ’aime
Pourquoi pas ? Si on déteste le personnage déjà, c’est qu’on y croit ! Un bon point. Même si je préfère avoir des sentiments positifs pour les personnages !!
J’aimeAimé par 1 personne