Ah que la nuit vienne… D’ici là, sois calme mon âme, les trahisons finissent par surgir. Même si la terre entière les dissimule aux yeux des hommes.
Quand le spectre du père d’Hamlet surgit sur les remparts du palais, l’émoi est au rendez-vous. Est-ce un mauvais esprit qui jouerait des tours? Est-ce bien là l’âme errante de l’ancien Roi qui veut régler ses comptes et apaiser ses rancœurs d’outre-tombe? Il faut dire que sa veuve s’est un peu vite amourachée de son frère et que les enjeux politiques du royaume semblent n’avoir que faire de la morale qui aurait jugé bon qu’une période de deuil soit respectée.
Hamlet – en colère et rongé par le chagrin – entre alors dans une léthargie qui ne lui ressemble pas. Amoureux d’Ophélie – qui doute de ses sentiments puisqu’ils n’appartiennent pas au « même monde » – il feint la folie et finit par se détourner avec condescendance de la femme qu’il aime. Dès lors, il n’a d’autre projet que celui de venger l’honneur et le souvenir de son père. Mais à ce jeu dangereux-là, le risque est grand et il y a peut-être plus à perdre qu’à gagner.
Aux maux désespérés il faut des remèdes désespérés, ou il n’en faut pas du tout.
Se confronter au théâtre élisabéthain en étant lectrice de théâtre classique à la française nécessite de bousculer un peu ses habitudes. Le théâtre sous la plume shakespearienne se déleste allégrement de son carcan des trois unités et la magie fantastique s’invite là où la vraisemblance s’impose traditionnellement comme une règle absolue.
Dans cette pièce, les rebondissements ne manquent pas et servent les manigances hypocrites et les coups bas. Tout est permis et envisageable si tant est que l’honneur est sauf. Et comme un puissant clin d’oeil à ce théâtre qu’il chérit tant, le dramaturge ne se prive pas d’un joli jeu de mise en abyme pour mieux faire tomber les masques des traîtres.
Il faut que je sois cruel, rien que pour être humain. Commencement douloureux ! Le pire est encore à venir.
Il faut bien admettre que Lire Hamlet n’a pas été un plaisir grisant. J’ai souvent été agacée par ce héros antipathique, versatile et têtu en déplorant de le trouver trop engoncé dans ses atermoiements et j’ai souvent laissé traîner ma lecture moi qui lis habituellement d’un souffle les textes théâtraux. Seul le personnage d’Ophélie a su trouver grâce à mes yeux tant sa stature tragique lui va comme un gant. Contrairement au non moins célèbre Roméo et Juliette, j’ai déploré un manque de rythme, ce qui a rendu cette lecture particulièrement poussive, me lassant vite des maux de ce personnage assoiffé de vengeance. Et comme dirait le Vincent que je préfère, j’ai bien failli partir avant la fin, du monologue shakespearien.
BO des pages tournées: Le Monologue shakespearien – Vincent Delerm
- Deuxième billet théâtral pour notre RDV Les classiques c’est fantastique ! Allez donc voir ce que Fanny a choisi de chroniquer aujourd’hui !
Hamlet de William Shakespeare Traduit de l’anglais par François-Victor Hugo Classiques Hachette ISBN: 9782012814141
Les classiques c’est fantastique ! / Coup de théâtre |
Je comprends ce qui t’a déplu. J’avais beaucoup aimé, comme tout ce que j’ai lu de Shakespeare. Son théâtre me convient bien. Ceci dit je l’ai lu en anglais, c’est bien possible que cela joue pour être dans l’ambiance.
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Je vais malgré tout poursuivre ma lecture-découverte des oeuvres de Shakespeare. J’ai aimé Roméo et Juliette, j’ose espérer ne pas être totalement hermétique à l’ensemble de son oeuvre.
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Je n’ai jamais lu cette pièce mais j’ai vu une adaptation assez moderne que j’avais adorée.
Roméo et Juliette est la seule pièce lue de Shakespeare, j’avais tellement tellement aimé ( ça doit être mon côté tragique)
Quand les personnages sont horripilants ça peut être compliqué d’apprécier sa lecture…
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J’ai raté l’adaptation d’Hamlet que je devais aller voir (Malédiction ?) Je retenterai l’expérience quand l’occasion se présentera.
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J’ai eu la chance d’aller le voir au théâtre il y a une vingtaine d’années (comme le temps passe…).
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Je me tâtais pour du Shakespeare justement pour ce mois de juin théâtral et je n’ai finalement pas trouvé la motivation. Je commencerais sans doute par Roméo et Juliette, vu au théâtre dans une adaptation très contemporaine très chouette.
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J’ai hésité entre Molière et Shakespeare et j’ai finalement opté pour le maître anglais ayant lu peu de titres de lui. Je vais aussi relire Roméo et Juliette que j’étudie – par extraits – avec mes 4e.
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J’ai fait une séance de « rattrapage » il y a quelques années en lisant ces célébrissimes textes que sont Hamlet, Othello et Macbeth… Je n’en ai pas gardé un souvenir très marquant, bien qu’ayant apprécié ma lecture, et j’avoue un petit faible pour « Othello » (l’idée de mettre en scène un couple « mixte » m’avait paru pour l’époque agréablement surprenante et osée).
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Je compte bien lire Othello et Macbeth cet été pour poursuivre mon cycle shakespearien et conjurer ma petite déception. Il faudrait peut-être -quand l’occasion se présentera- que j’aille voir Hamlet sur scène histoire de voir si la mise en scène change la donne !
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