Que jeunesse se fasse...

La Maison sans sommeil – Benoît Malewicz

Alors c’est comme ça. C’est ici que tu vas t’installer et vivre, désormais.

Les déménagements sont souvent synonymes de nouvelle vie. Pour Paul, difficile d’accepter ce changement bouleversant lui qui ne cesse de songer à ce(ux) qu’il laisse derrière lui. Il fait pourtant bonne figure face à ses parents et découvre sa nouvelle maison poussiéreuse et grinçante, non sans une certaines amertume et crispation. Sans surprise, les premières nuits sont agitées, rythmées par cette petite voix lancinante du c’était mieux avant. Mais très vite, le sommeil perd de sa sérénité et l’insomnie le gagne. Entre cauchemar et crise de somnambulisme, difficile de trancher. Pourtant, ce qu’il a vu dans la cave, ce qu’il a entendu murmurer semble bien trop réel pour être ignoré.

Personne ne me voit, mais la nuit on me devine. Quand ils dorment, je passe par les tuyaux, je rampe sur les parquets, je grimpe sur les lits, je tire les draps – et j’attends qu’ils se tournent vers moi, qu’ils remuent, qu’ils respirent fort. Je me glisse par leurs narines, je m’enroule autour de leurs cerveaux, et je serre.

Dès le prologue glaçant qui donne le ton, le lecteur est pris au piège. Impossible de résister. À l’instar d’une araignée tissant sa toile avec une dextérité de dentellière, Benoît Malewicz jette son filet sur le lecteur qui pourra difficilement faire demi-tour. Comment ne pas poursuivre sa lecture face à cette voix  insidieuse qui se fraie une place dans votre esprit – tout comme elle trouvera une raison d’être dans celui de Paul ? Dans ce roman fait pour entretenir le goût des histoires angoissantes et des récits qui se racontent pour se faire peur, tous les ressorts du fantastique sont assurément au rendez-vous.

Quelque chose se met à ricaner dans sa boîte crânienne, se cogne contre les parois de l’os – quelque chose lui murmure de continuer.

Sans rien inventer de plus qu’un Maupassant ou un Théophile Gautier, Benoît Malewicz parvient pourtant à s’emparer brillamment du registre fantastique en apportant un vrai souffle de modernité à ces récits qui ont tant marqué le XIXe siècle. Difficile ne pas y voir un peu de Le Horla dont l’aura plane sur ce petit roman sacrément bien ficelé, prêt à vous faire frissonner d’effroi sous votre couette, susceptible de vous faire sursauter au moindre grincement de parquet. La narration dynamique – et redoutablement efficace  -viendra s’emparer des esprits avides de frayeurs nocturnes. Les amateurs de cinéma et de séries fantastiques retrouveront également dans ces pages ce qui les fait tant trembler face à l’écran puisque l’on oscille entre des univers qui se colorent d’influences allant de The Conjuring, Stranger Things, au Ça du grand maître King ou de The Ring

Hanté est une nouvelle collection plus que prometteuse qui se révèle être le parfait tremplin pour se confronter ensuite à des auteurs qui ont fait naître de leur plume terrifiante des histoires qui hantent parfois encore leurs lecteurs.

◊ Dans la même collection: L’Amie du sous-sol – Auda Rolland
◊ Dans le même esprit :  Le passage du diable– Anne Fine /Thornhill – Pam Smy
◊ Du côté des classiques: Le Horla / La main d’écorché/ La Nuit / Apparition – Guy de Maupassant

◊ Côté pile Benoît Malewicz, côté face Thibault Vermot: chronique de La Route froide.

BO des pages tournées: Stranger Things Theme

La Maison sans sommeil
de Benoît Malewicz (Alias Thibault Vermot)
Casterman jeunesse, dans la collection Hanté
5,95€ / 120 pages / 2020

ISBN: 9782203064553
Lecteur fais-toi peur / Livres qui font trembler
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9 réflexions au sujet de « La Maison sans sommeil – Benoît Malewicz »

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