Lorsqu’il se rend chez son coiffeur, un petit garçon avec un peu plus de trois poils sur le caillou n’a qu’une requête: « coupez juste un peu la frange« . Rien de plus. Le défi capillaire commence et très vite, son regard distrait s’arrête sur un mur orné d’un curieux portrait. Intrigué par ce faciès éléphantesque, il questionne François qui a la langue soudainement bien pendue. Aussi habile de ses ciseaux que de sa voix, le voilà qui enfile son costume de conteur pour parler de son ami Pierre, le tailleur qui voulait voler.
Voilà pourquoi Pierre pensait qu’il était peut-être l’élu.
À cette époque, personne dans Paris n’égale l’élégance de Pierre. Tout le monde se bouscule dans sa petite boutique pour lui demander les plus belles robes et les plus beaux costumes. Mais s’il brille par son talent et que son succès n’est plus à faire, il nourrit secrètement le plus fou des rêves. Chaque soir, lorsque la boutique ferme, il s’affaire dans son atelier pour confectionner une cape qui lui permette de narguer les oiseaux et de tutoyer le ciel. Un Icare moderne, en somme. Les heures passent et la passion devient obsession, l’obsession devient folie. Pierre sacrifie tout son temps pour concrétiser son désir le plus ardent.
Quand la cape fut prête, il appela les journaux.
La Cape de Pierre est un album qui invite à réfléchir au poids des rêves qui nous habitent et grisent nos vies. Pour notre héros-dandy, rien ne compte autant que de prendre son envol et très vite le tout-Paris s’affole pour ce projet qui semble insensé aux yeux de tous. Un récit inspiré d’une histoire vraie au carrefour du fait divers et de la fable mythologique…
Le trait d’Øyvind Torseter se veut ici des plus singuliers. Chaque contour esquissé donne naissance à des personnages qui sont loin des canons esthétiques que l’on retrouve dans les livres d’enfants et cet écart-là dépayse agréablement. Les visages et les silhouettes intriguent par leur beauté cabossée et le choix de couleurs sobres mélangées aux tons gris ne convaincra pas le lecteur qui se contentera d’un coup d’œil furtif. Et pourtant, chaque détail vaut absolument le détour et l’univers graphique me semble des plus audacieux pour cet album incroyablement mélancolique.
Alors doux rêveurs, n’attendez plus un seul instant et tournez ces pages faites pour vous, si votre cœur n’est pas trop fragile… Le mien a adoré se laisser bercer par les mots de François et ne regrette aucunement d’avoir croisé le chemin de Pierre.
BO des pages tournées : Pierre Lapointe – La Boutique fantastique
La Cape de Pierre – Inger Marie Kjølstadmyr et Øyvind Torseter
Traduit du norvégien par Aude Pasquier
Éditions La Joie de lire
ISBN: 978-2-88908-498-2
16,50€ / 56 pages
Janvier 2020
Un bel album, de la littérature norvégienne bien trop peu présente, tu nous gâtes avec cette découverte.
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J’avoue que ce vent frais du nord a soufflé sur le blog de manière vivifiante!
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j’aime la légereté du dessin à voir de plus près.
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L’histoire est un peu moins légère en revanche…
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Sceptique je suis… mais je me souviens avoir lu une belle BD norvégienne chez ce même éditeur alors pourquoi pas !
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L’histoire me tente malgré le trait … !
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intrigant! Une belle découverte!
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Je m’attendais à lire quelque chose d’un peu plus pimenté avant de m’apercevoir que ce n’est pas ta BD de la semaine 😅 quoiqu’il en soit, cet album me tente bien, cet univers me séduit. Bel anniversaire au passage, je te souhaite d’en profiter un max ! Bises
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Ah ah ah ! Le piment sera finalement pour la semaine prochaine. Matin un peu speed qui m’a empêchée de terminer ma chronique BD! Merci pour tes pensées Alice, bises !
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j’aime bien le dessin, merci pour la découverte
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Merci pour cette découverte
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Mais de rien ! Au plaisir de vous relire.
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