L'Art du Roman·Que jeunesse se fasse...

L’Arrêt du coeur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine – Agnès Debacker et Anaïs Brunet

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Si Simon a encore bien des progrès à faire pour repérer ses COD, en matière de curiosité et de persévérance, il excelle. Quand sa vieille voisine – et amie – Simone meurt au petit-déjeuner, il peine à comprendre qu’un cœur s’arrête si soudainement. De battre. De palpiter. De résonner là, au creux de la poitrine.
Et pourtant, ce cœur s’est emballé. Pour Farid. Mais ça, c’est un secret de théière. De ces secrets figés sur le papier que Simone aimait que l’on dépose sous un couvercle garant des envies et des vœux de tous ceux qui se prendraient au jeu.

Les souhaits que Simon a déposés sont des plus pragmatiques. Toutefois, il prend rapidement conscience que ce qu’il a livré dans le ventre de la théière émaillée pourrait toutefois être dévoilé. Brisant le charme enchanteur que Simone résumait à la maxime « vœux lus, vœux foutus » le voilà qui retourne chez sa voisine, s’empare de son butin de cambrioleur ouvrant chaque petit papier comme un petit bonbon interdit à déguster. Dès lors, des tonnes de questions surgissent comme autant d’énigmes à résoudre ou de mystères à éclaircir.

Mais il y a l’odeur. Y songer me donne du courage. Cette chère odeur de chez Simone. Je vais humer l’air à m’en étourdir et ainsi la graver à tout jamais dans ma mémoire. Les jours de tristesse, je l’appellerai à la rescousse et elle calmera ma peine. Non, la mort n’est pas la seule à rôder dans cet appartement.

L’Arrêt du coeur est un tendre récit à ajouter à cette très belle collection Polynie qui regorge de textes absolument délicats. Si l’on sait peu de choses des liens-rituels qui se sont noués entre le protagoniste et sa défunte voisine, l’on comprend aisément que cette envie d’en découvrir plus sur elle est aussi pour Simon un cheminement inconscient pour apprivoiser sa douleur et faire son deuil. Une plongée pudique dans le passé d’une personne qui lui était chère qui dévoile aussi une facette de l’Histoire assez peu souvent évoquée en littérature…

De désarroi, je donne un coup de pied au mur en pestant contre les objets des défunts. Il devrait exister une fosse commune pour les enterrer et ne plus jamais entendre parler d’eux. Mais non, ils restent là à se pavaner devant nos yeux tristes.

Le texte d’Agnès Debacker est d’une douceur qui parfois se gorge d’émotion ou d’amertume. Il se mêle élégamment aux illustrations d’Anaïs Brunet qui ravissent tant dans le trait que dans le choix des couleurs. Il y a aussi, dans ces pages quelque chose de joliment acidulé pour venir atténuer les jours tristes de Simon. L’occasion pour lui de réveiller les secrets endormis sur les étagères qui ont bien des histories à (nous) conter.

BO des pages tournées: Un cœur qui saigne – (Mon amour de) Pierre Lapointe

L’Arrêt du coeur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine

Agnès Debacker et Anaïs Brunet

Édition MeMo – Collection Polynie

ISBN: 9782352894148

11€ / 108 pages

Février 2019

8 réflexions au sujet de « L’Arrêt du coeur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine – Agnès Debacker et Anaïs Brunet »

  1. J’ai beaucoup aimé ce texte. Je l’ai lu à mes élèves, ensuite nous avons rempli une boîte à voeux… Il était trop difficile pour qu’ils le découvrent seuls mais en lecture offerte c’était parfait. Les plus jeunes n’ont pas forcément tout compris mais ils ont entendu la belle musique des mots.

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