Mais Django Reinhardt eut deux naissances. Celle-ci ne fut que la première. Et comme chacun sait, c’est de la souffrance que nous naissons.
Naître dans le froid qui glace et pétrifie. Ainsi vient au monde ce petit garçon qui deviendra vite un enfant insolent, impertinent et peu enclin à jouer le jeu des règles et des lois. S’il fait ses preuves et trouve sa place dans son clan, il cumule sans vergogne les petits délits qui viennent rompre son ennui. En son for intérieur, l’envie irrépressible de posséder un bandjo entre les mains et d’apprendre à dire son monde en musique. Cet instrument, comme l’unique chance de l’éloigner d’une vie de petite délinquance qui n’offre que de maigres sursauts d’amusement. Un jour, le précieux arrive entre ses mains. Et tout bascule.
Naître sous une table, caché pour épier les notes et les doigts qui affolent les cordes. Regarder, s’imprégner. Et sortir de son repaire en soulevant la nappe comme on laisserait se lever le rideau qui promet le début du spectacle. Django impressionne. Dès les premières notes, dès les premières mélodies. Il sidère par sa précoce dextérité, il agace par son arrogance inébranlable. Il est le meilleur et il le sait. Le regard des gens et les billets qui pleuvent ne trompent pas.
Django joue avec la musique, les femmes et les cartes. Il irradie sur scène, il embrase les coeurs, il flambe l’argent qu’il gagne. Mais le destin est joueur et comme dirait Cocteau « Pour que les dieux s’amusent beaucoup, il importe que leur victime tombe de haut. » Voilà qu’en pleine gloire, le Mozart des roulottes se brûle les ailes. Sa chute est sans appel, le prodige devra à son tour trouver le moyen de renaître…
Deux vies ne me suffiraient pas pour arriver à ça. D’où sort ce gosse?
Après un magnifique biopic sur le talentueux Monet, Efa et Rubio récidivent en troquant les toiles et les pinceaux agiles pour les cordes vibrantes du virtuose Django Reinhardt. Seules l’enfance et l’adolescence de l’artiste nous sont contées dans une narration efficace et soucieuse de dresser un portrait pas toujours très flatteur de ce monstre sacré en devenir. Des airs tziganes à la tentation du jazz, les notes parcourent les bulles et les cases et l’on ne peut s’empêcher de tendre l’oreille vers cette petite musique intérieure pour retrouver ces airs si connus de Reinhardt qui nous enrobent au fil des pages.
Le travail de la lumière conditionne la grande force de cet album, très ancré dans un milieu qu’Efa saisit avec beaucoup de justesse et de nuances. Des jours ternes de l’enfance aux lumières des bars qui ne jurent que par cette précieuse tête d’affiche, les planches se laissent gagner par une gamme de couleurs incandescentes qui préparent lentement au drame. Un récit de jeunesse qui fait de Django Reinhardt un phénix provocateur, au talent qui relève incontestablement du génie.
BO de l’album: Mélodie au crépuscule.
Django Main de feu – Efa & Rubio
Collection Aire Libre
Janvier 2020
ISBN: 9791034731244
17.50€ / 88 pages
Le bel album de Rubio et Efa sur Monet au milieu des livres.
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Ce mercredi…
La BD de la semaine est au milieu des livres!
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Chroniques des amoureux des bulles:
Mylène Cristie Sabine Amandine
Lucie Jérôme Hilde Noukette Alice
Quelle belle BD ! Et les illustrations sont à tomber !
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Joli coup de crayon cet Efa. (Et quand tu vois ce qu’il a fait sur Monet…)
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Nous sommes toutes deux en musique pour ce mercredi 😉
Et voilà un album, et une jeunesse, qu’il me plairait de découvrir!
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Et autant dire que l’idée me plaît beaucoup.
Je viens te lire et faire ma tournée de jolies bulles.
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très très envie de découvrir ce titre.
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Alors tu n’as plus qu’à te lancer !
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je n’aime pas la couverture mais en revanche le dessin des planches me plait bien, je note. En tout cas tu me donne envie de réécouter du Django ! 🙂
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J’avoue que je l’ai beaucoup écouté pendant ma lecture. Si je n’avais pas été si courbaturée et rongée par la grippe, j’aurais volontiers bien remué en écoutant Django !
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Je suis très fan des dessins. Après le sujet m’attire moins.
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Alors rien que pour le plaisir des yeux… On se refuse pas la beauté là où elle est. (Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre mon Jérôme-Chou.)
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Pourquoi pas, ca donne envie de découvrir le personnage. Merci pour l’accueil et bon rétablissement 🙂
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Je commence doucement à reprendre du poil de la bête !
Et à la prochaine pour notre rendez-vous bullesque.
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Voilà une BD qui pourrait plaire à mon fils, fan de Django Reinhardt
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Tu sais ce qu’il te reste à faire.
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Les dessins me plaisent beaucoup, un univers graphique et musical à découvrir, je prends note. 🙂
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Alors il y a de fortes chances pour que tu sois conquise comme moi !
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Ça me plait ! Le graphisme et le parcours de Django qui a vraiment tout du personnage de fiction !
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Complètement ! Et puis j’avoue avoir redécouvert ce parcours de jeunesse que je connaissais finalement assez peu.
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Oh! Je veux, je veux, je veux! Celle-là, il me la faut!
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Et à lire en écoutant le grand maître !
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ça a l’air sympa tout ça !! Je note ❤
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Voilà qui a l’air pas mal du tout ! 😉
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Pour qui s’intéresse un peu au grand Django !
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Oh Django… j’aime beaucoup mais je ne connais rien à sa vie.. cet album a l’air parfait pour le découvrir autrement.
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J’aime bien quand vous accompagnez vos présentations BD de musique, c’est chouette !
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Je généralise désormais ça à toutes mes chroniques!
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Cette collection « Aire libre » est souvent très chouette, et cet album ne semble pas déroger à la règle !
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