Au FLOP !·BD de la semaine·Neuvième art

Hey June – Fabcaro & Evemarie

Un titre aux échos So British. Trois cases. Parfois une pleine page. Au cœur de ces histoires courtes, le portrait creux d’une trentenaire à frange qui se cherche entre célibat, plans foireux, bavardages pseudo-existentiels, soirées interminables où l’on s’ennuie mortellement et tergiversations professionnelles. Elle cumule les gaffes et tente désespérément d’arrêter la clope, tiraillée entre cet ange-gardien et ce petit diable – qui sont assurément aussi paumés qu’elle – juchés sur ses frêles épaules. Ce portrait d’une néo-Bridget-Jones-2.0 pouvait potentiellement tenir la route. Pourquoi pas? Mais après? Mais encore?

Côté dessin, Evemarie est aux commandes avec un trait passablement lisse et dans l’air du temps pour les formats de cet acabit. On vise l’efficacité narrative, on se déleste du superflu mais on peine finalement à marquer les esprits durablement et à susciter un véritable enthousiasme. Une valse graphique à trois temps qui manque hélas de panache mais qui fait le job puisque l’idée est de flirter entre l’art de la concision et la rapidité d’exécution.

Fabcaro est aujourd’hui un des très rares auteurs à me faire rire. Aux larmes. Aux éclats. Avec une spontanéité rarement égalée. C’est là une des choses les plus difficiles qui soit. Faire rire par un jeu de mots bien senti, le trait d’esprit truffé d’ironie ou d’auto-dérision. Lire un Fabcaro, c’est m’offrir un tête-à-tête extrêmement privilégié souvent hilarant, un moment rien qu’à moi, au haut potentiel égoïste. Alors évidemment, quand un album sort, je jubile. Je m’impatiente, je me précipite. Et la magie opère. L’humour triomphe dans un joyeux chaos d’absurdité. Les zygomatiques s’en donnent à coeur joie.

Alors je vous laisse imaginer la déception, la panique, le désarroi, la déconvenue (rayez ou cumulez les mentions plus ou moins utiles et excessives) quand les premières pages m’ont absolument laissée de marbre. Et autant dire que la suite de la lecture n’a guère été plus convaincante et que l’espoir d’y trouver quelques passages à sauver s’est réduit comme peau de chagrin. Une immense déception teintée d’un agacement certain assurément à la mesure de mon amour inconditionnel pour les albums jusqu’alors très réussis de Fabcaro. Mais qu’est devenue sa plume grinçante, absurde, cynique à souhait et tant aimée dans Formica, de Zaï Zaï Zaï Zaï de Et si l’amour c’était d’aimer bordel?!

La quatrième de couverture avait pourtant le mérite d’annoncer la couleur et c’est elle qui pose en fin de compte les mots qui ont surgi chez moi aussitôt le livre refermé: Bouah, pas de quoi en faire un bouquin… Non. Vraiment pas de quoi.

La chronique de Stephie.

BO de l’album: ici. (Quitte à se laisser porter par les Beatles, autant le faire en musique.)

Hey June – Fabcaro & Evemarie

Édition DelcourtCollection Pataquès

104 pages /9€90

Janvier 2020

ISBN: 978-2-413-02249-7

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Ce mercredi…

La BD de la semaine est au milieu des livres!

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Chroniques des amoureux des bulles:

Mylène          Stephie            Eimelle          Amandine

Sabine            Karine             Caroline             Lili            Noukette

Nath            Audrey           Blandine            Pati            Soukee

40 réflexions au sujet de « Hey June – Fabcaro & Evemarie »

  1. J’ai bien failli me jeter sur une bouteille de rouge pour faire passer la déception de cet opus fort anecdotique et hautement agaçant je dois dire… Fabcaro aurait pu se passer de ce titre là dans sa biblio… Evemarie, elle, avait peut-être besoin de l’illustre nom de notre Fabcaro national pour sortir de son anonymat.. (oups… je médis…)

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  2. Je peux comprendre ton désarroi. Moi, je jubile, au fond. Après avoir critiqué (d’une manière que j’ai trouvé condescendante), les scénarios des histoires d’amour, il montre qu’il ne fait pas mieux que ce sur quoi il crache…
    Moi je me suis marrée de quelques strips, souri à d’autres seulement car c’est du réchauffé de « strips de filles ». Mais comme je ne crache pas dans la soupe d’un bon truc facile de temps en temps. En revanche, je trouve forcément que ce monsieur tire une balle dans son propre pied 🙂

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  3. J’avoue que les planches choisies dans ta chronique ne sont pas très engageantes… Pourtant, je suis cliente, à l’occasion, de ce genre de BD sans aucune prétention qui croquent des petites moments du quotidien en quelques traits d’humour. Mais là, ça semble vraiment pauvre…

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  4. Malgré de précédents billets aussi peu « chauds » que le tien, je n’ai pas pu résister au réflexe pavlovien qui s’exprime quand je vois le nom de Fabcaro en librairie : j’ai tendu le bras et me suis emparé du bouquin. Je suis certain que je vais trouver ça moyen, moi aussi, au moins pas du niveau auquel il nous a habitué (il n’aurait peut-être pas dû, d’ailleurs), mais je suis certain que je vais bien trouver une paire de strips qui vont me faire rigoler.
    Pas vraiment hors sujet, puisqu’il est question de Fabcaro : la fan que tu es a-t-elle vu la mini-série adaptée de Moins qu’hier (et plus que demain) ?

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  5. Va savoir pourquoi, je ne le sentais déjà pas tellement ce titre… Et à te lire, effectivement, ça fait mal ! Bon, un auteur a le droit d’être moins en forme aussi 😉 espérons juste qu’il ne se complaise pas là-dedans. Nous allons sans doute le prendre à la médiathèque, j’y jetterais un oeil, sans doute pas plus.

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    1. J’avoue qu’en le voyant, j’ai vite eu un mouvement de recul en me disant « oulà, ça ne va pas me parler comme d’habitude ça… » Impression vite confirmée dès les premières pages. Quelle déception !

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