On ne pouvait pas encore imaginer. C’était impossible. Même dans nos plus épouvantables fantasmagories. C’était trop tôt. Même si tout laissait déjà craindre le pire…
Qu’importe la victime si la faim est assouvie. Des disparus, des effacés. Rayés du monde en une bouchée, sans autre forme de procès et sans explication rationnelle à apporter. Ainsi rôde le monstre vorace et autant dire qu’il n’épargne personne. Il surgit sans crier gare et emporte ses victimes en plongeant le monde dans un état de perplexité totale.
Léo, jeune paumé marginal devient le témoin privilégié de ces scènes ahurissantes. Mais comment être cru quand vous êtes le seul à percevoir ce que le monde entier ne peut distinguer de ses propres yeux? Seule Cosmina, jeune roumaine qui partage sa vie dans leur squat parisien semble avoir une confiance aveugle en lui. D’ailleurs, la passion adolescente, deuxième héroïne de l’histoire est aussi dévorante que le monstre qui décime la population. Et entre Léo et Cosmina, les baisers et les corps qui se cherchent pour mieux se savourer font oublier que le monde s’emballe dans un chaos médiatique, dans une folle série de faits-divers qui donnent dans la surenchère incontrôlable.
Il ignorait la douleur que pouvait provoquer véritablement la perte d’un parent ou d’un proche. Mais il savait que le malheur se partageait moins bien que le bonheur.
Voilà. Dans les romans de Guéraud, on crève, on galère, on baise, on tremble, on retient son souffle. On tourne des pages où les héros mis en lumière ne sont jamais lisses ni conventionnels. On discerne, sous-jacents, le discours politique et le refus de la langue de bois. Avec Guéraud, ça gratte, ça pique, ça mord. À pleines dents. Et l’on aime ce ton qui n’appartient qu’à lui, ce ton dont on s’empare dès les premières pages. Alors assurément, Vorace est de cette trempe-là. Celle qui suggère et donne à voir comme le ferait un film qui vous prend à la gorge. Et si la fin de ce récit se veut volontairement nébuleuse et passablement un poil en-dessous de ce que sait faire cet auteur que je lis inlassablement depuis quelques années, il vaut définitivement la peine qu’on le découvre pour saisir la folle tension palpable qui inonde chaque page du roman.
Vorace – Guillaume Guéraud
Collection Épik
Mai 2019
12,50€ / 158 pages
Cette fin quand même, elle est plus que nébuleuse. Un peu facile je dirais. Du coup même si le reste est excellent, il manque un petit quelque chose.
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Je mourrais pas gibier de cet auteur m’avait impressionné.
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On n’est quand même en-dessous avec ce titre…
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dans ma pal, il faut absolument que je l’en sorte!
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Je n’ai lu que « Je mourrai pas gibier » qui m’avait scotchée… ton bémol ne retire pas mon envie de lire d’autres livres de lui. 🙂
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